De MarcelProust

De MarcelProust

J’aime particulièrement cette couverture qui montre la dernière photographie de Marcel Proust, prise à sa dernière sortie sur la terrasse du Jeu de Paume, à l’exposition où il a revu le tableau de Vermeer, La Vue de Delft, qu’il avait vu au Mauritshuis à La Haye, Den Haag.

Le temps retrouvé,
A la recherche du temps perdu,
Marcel Proust, Livre de Poche, Gallimard, Paris, 1966, français, 443, roman, lu le 24/10/2007, bibliothèque personnelle

Alors là, dans ce dernier tome de La Recherche, il y a des passages époustouflants sur la vieillesse. Proust retrouve toute son histoire le jour où il retourne dans la maison de prince de Guermantes qui, entre temps, a épousé en seconde noces … Madame Verdurin devenue princesse de Guermantes, la super revanche pour elle qui frisait tant le ridicule à l’époque de Swann comme plus tard à l’époque des vacances avec Albertine à Cabourg euh pardon Balbec… ainsi se montre la décadence d’une société par le déclassement. Mais de tous temps les princes ont épousé des bergères et cela leur donnait les mêmes droits que les princesses de sang (c’est encore le cas dans les monarchies nordiques).
Il y a dans Proust une étude des généalogies aussi intéressante, je suis impressionnée moi qui suis avec passion mais difficulté celles de jeunes amies descendantes de rois et empereurs européens. Quelle culture historique, quelle richesse de connaissances !

Je reviens au choc reçu par Proust en trébuchant sur un pavé de la cour de l’hôtel du boulevard Malesherbes où il avait habité lui-même autrefois avec ses parents et Françoise, la servante archétypale. Et quand il voit ou plutôt revoit les gens invités il ne reconnaît personne, tout le monde a vieilli, il parle d’Odette en disant “l’immonde vieille” ou de Gilberte son premier amour de Combray ou des Champs Élysées “mais que me veut cette grosse dame !” et il est prêt à s’imaginer avec … la jeune fille qu’elle lui présente, qui est sa fille et celle de Robert de Saint-Loup. Le pédophile ! Incroyable, lui reste un jeune homme, à force de s’être préservé de tout ce qui pouvait l’atteindre dans sa santé, il n’a pas vieilli, il n’a pas de cheveux blancs et reste un vieil adolescent… Un tableau digne de celui de Goya dans la Vieille… Des pages incroyables que je ne me rappelais absolument pas depuis ma première lecture ! j’y suis sans doute plus sensible maintenant que j’ai dépassé les 60 ans. Nous non plus ne nous voyons pas vieillir. Tout est tellement juste. Universel.
Mais même resté jeune dans sa tête, Proust s’est usé à finir ou ne pas finir son œuvre car la fin avait été rédigée avant d’autres tomes intermédiaires et dans certains tomes l’éditeur ajoute en bas de page certains ajouts de Proust qui n’a pas eu le temps de tout relire. Et à 52 ans il est mort usé.
Chaque tome est aussi dichotomique que sa vie, il a passé toute la plus grande partie de sa vie à paresser, à se cultiver pour le plaisir, à butiner, à sortir, au grand dam de ses parents (c’est plus sensible dans Jean Santeuil que dans La Recherche plus construite et maîtrisée) et les dernières années de sa vie il s’est cloîtré pour écrire et il a fait une des plus grande œuvres de l’humanité.
Je reste admiratrice devant la classe et le style du grand Monsieur qu’a été Proust… Qu’il continue à m’accompagner dans la dernière partie de ma vie, je lui rends grâce et hommage avec toutes les forces qui sont les miennes.

De MarcelProust

Dernière image de Marcel Proust sur son lit de mort, dessin de Dunoyer de Segonzac.

********************************************

J’ai fait le chemin inverse de Proust, j’ai vu l’exposition Dans la Lumière de Vermeer à cet endroit en novembre 1966 et ai revu "le petit pan de mur jaune" au Maurithuis lors de mon "Voyage en Hollande" sur les pas de Vincent van Gogh, en juin 2009, et j’y ai retrouvé Marcel Proust. C’est pourquoi sont publiées ces pages et photos. Car en rentrant, je me suis cloitrée pour écrire et mettre en forme ce qui attendait dans des cahiers depuis 1962.

http://hentadou.wordpress.com/voyage-en-hollande/13-apres-le-voyage/
© gaelle kermen 2010

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.