Jean Azarel : la genèse de Waiting for Tina

Aujourd’hui, j’invite le poète-écrivain Jean Azarel pour raconter la genèse de son roman biographique sur Tina Aumont, à paraître cette fin d’année 2018 : Waiting for Tina.


De la page blanche à l’actrice Tina Aumont

par Jean AZAREL

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Crédit photo Tina Aumont : Jean Mascolo, dit Outa

En 2006, l’actrice Tina Aumont, fille de deux monstres sacrés du 7e art, Maria Montez et Jean-Pierre Aumont, décédait à soixante ans d’un emphysème pulmonaire. Star consacrée notamment par Losey, Vadim, Fellini ou Bertolucci, icône de l’underground des années 60/70, Tina Aumont a saccagé sa carrière à cause de sa dépendance aux drogues dures avant de mourir dans le dénuement dans un modeste appartement parisien.

Fin 2009, constatant l’absence totale de biographie sur la vie d’“une des dix plus belles filles du monde” (Tinto Brass), j’ai décidé de me lancer à l’aventure en écrivant “Waiting for Tina”.

Ma philosophie de vie a été fortement influencée par les mouvements contestataires post-Mai 68, plus particulièrement la tendance “hippie libertaire”. Arrivé à 55 ans, j’ai éprouvé le besoin de témoigner sur cette époque et le sujet Tina Aumont m’en donnait l’occasion. D’elle, j’avais gardé le souvenir prégnant d’une comédienne présentée à l’époque comme “sulfureuse”, qui m’avait impressionné dans le film de Philippe Garrel Les hautes solitudes.

Par où commencer ? Devant moi, la page était blanche. Je n’avais pas de contacts ou de connaissances particulières susceptibles de m’aider. C’est Internet qui m’a mis le pied à l’étrier. J’ai passé des centaines d’heures à fouiller sur la toile pour récupérer de la matière. Le site “Paris 70” a été l’élément déclencheur. Son créateur, Bernard Bacos a de suite répondu à ma demande quand il a su l’objet et m’a régulièrement aidé en me donnant des mails et téléphones de témoins les plus divers que j’ai pu, à de rares exceptions près, rencontrer. Ensuite, c’est de fil en aiguille que le livre s’est construit, un rendez-vous avec l’un(e) engendrant un rendez-vous avec l’autre. Cinéastes, artistes, musiciens, amis, membres de la famille, chanteurs, acteurs, journalistes, connus ou anonymes ont peu à peu forgé le corps de “Waiting for Tina”.

Parallèlement, j’ai acquis pour les visionner une bonne vingtaine de DVD des films de Tina Aumont, récupéré des photos inédites, accumulé des informations qu’il m’a fallu mettre en forme, trier, croiser, éliminer parfois. J’ai passé des jours et des nuits fébriles. Une biographie c’est une enquête. Le biographe a tout du détective, il est à la recherche du moindre indice pour avancer vers le dénouement d’une affaire.

Pendant près de six ans, je peux dire que j’ai ainsi vécu virtuellement avec Tina Aumont. J’ai appris à la connaître et à m’attacher au personnage, qui fait partie de ces “perdants magnifiques” de l’existence, pour reprendre la traduction du titre d’un roman de Léonard Cohen. Un jour, Bernardo Bertolucci m’a dit au téléphone : “De la façon dont vous en parlez, vous n’êtes pas un peu amoureux d’elle ?”. Abusif sans doute, mais l’amour est aussi protéiforme. Cette période de ma vie a été intense et émouvante à titre personnel. Mon travail sur Tina Aumont m’a permis de rencontrer des gens remarquables, dont certains étaient, sinon mes idoles, du moins mes modèles à suivre, quand j’avais vingt ans.

Le processus créatif, dont je suis coutumier côté écriture, s’enrichissait d’échanges, d’images, de documents, de voyages, d’une matière sans cesse nouvelle et renouvelée. Il m’a bouffé le cerveau par moments et, pour rester à peu près maître de la situation, je me rabattais sur d’autres travaux d’écriture et, heureusement finalement, mes activités professionnelles (je suis un intermittent de la littérature) me lavaient la tête de l’obsession Tina. Rentrer dans la vie de quelqu’un par l’écriture est un exercice fascinant, même s’il se fait par procuration. Il oblige à s’oublier, à ne plus parler égoïstement de soi pour se consacrer à l’autre, révéler sa vérité sans le trahir, en faisant œuvre de “passeur” un peu comme un historien.

J’ai bien sûr eu des blancs, des moments de doute, voire de découragement devant certains refus. J’ai attendu près de quatre ans de pouvoir converser avec des témoins qui me paraissaient essentiels et qui se dérobaient pour des raisons compréhensibles. Lorsqu’on a été intime de quelqu’un, c’est difficile de se livrer à un étranger. Quand un journaliste m’a appelé de New York en pleine nuit, alors que n’y croyais plus, pour un entretien de deux bonnes heures, ce fut comme un miracle. Je prenais des notes à toute vitesse, j’avais mal au poignet, mais quelle joie !

“Waiting for Tina” est aujourd’hui achevé. Il ne m’a pas été facile de dire “stop”. J’aurais encore pu poursuivre les recherches, prolonger une sorte d’amitié amoureuse fantasmée, post mortem, mais de toute façon sans avenir. Il fallait passer à autre chose. Pour moi comme pour elle. Par respect de son histoire. Pour la faire partager puisque le portrait est, je pense, fidèle à l’original, mais bien sûr ça reste une reproduction. J’ai désormais hâte que le livre soit publié. Je le dois en remerciements à tous ceux qui ont bien voulu me recevoir, me faire confiance. C’est comme une dette à payer et certains ne sont plus de ce monde malheureusement. Après des vicissitudes avec les éditeurs, le livre doit paraître en 2018.

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WAITING FOR TINA de Jean AZAREL raconte l’histoire romancée de Tina AUMONT, de l’enfance dorée sous les auspices de Jean COCTEAU, à sa mort en 2009.

Jean Azarel publie sur la page Facebook Waiting for Tina publie de nombreuses photos de Tina Aumont.


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Après six ans de recherches, rencontres, interviews, doutes et passion« WAITING FOR TINA« , 1ère biographie consacrée à « notre » Tina AUMONT, est prête à être publiée dans un ouvrage d’environ 500 pages, écrit dans un style qui alterne poésie, recueil de témoignages et volonté littéraire, avec des photos et documents inédits
La campagne de pré-financement est disponible sur le site de financement participatif Ulule  https://fr.ulule.com/tina-aumont/

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