Ce livre n’est pas un roman, c’est un récit, courageux, obstiné, de la quête de sens après le drame de la perte d’un proche. La narratrice rencontre une passeuse d’âmes corse, qui va l’initier à l’invisible, au paranormal, aux sciences dites occultes et lui permettre de s’épanouir dans une meilleure vie, plus riche.
Quand j’avais lu l’argument de l’éditeur, je m’étais méfiée. Non pas par souci de rationalisme cartésien forcené, bien plutôt parce qu’ayant moi-même fait des expériences spontanées de décorporation depuis mon enfance et même une NDE (Near Death Experience) en 84, je n’avais pas envie de voir dévoyer ou vulgariser ce qui est encore pour moi de l’ordre du Sacré.
Mais j’ai été séduite par la démarche, le style du récit et surtout les personnalités des deux protagonistes essentielles de cette histoire, la narratrice, Muriel, la passeuse d’âme corse, Ina.
J’ai aussi perdu mon jeune frère avant ses 40 ans, blessure incicatrisable, réactivée à chaque deuil successif. J’étais concernée.
Choc de départ : la mort d’un frère
Après le suicide de son jeune frère, Muriel tente de comprendre ce qui est devenu trop douloureux. Elle traine sur Google, trouve des forums sur la perte d’un proche. Une Annonce lui saute aux yeux : J’aide les défunts à partir. Le service est gracieux.
Commence alors le Travail occulte sur David, le frère tant aimé, pour l’aider à quitter le plan terrestre et progresser dans son nouvel état.
La passeuse d’âme
Le récit s’intéresse alors au personnage d’Ina, la passeuse d’âmes corse.
Une enfance corse dans un petit village rural
La petite fille est particulière : parler avec les morts dans le cimetière, nettoyer les statues des saints, masser les pieds des vieux du village et les écouter raconter leurs souvenirs d’autrefois sont ses plaisirs, à l’âge où les autres pensent à jouer sans souci.
L’initiation à la nature se fait par la Vieille, auprès du chêne.
La révolte ado genre punkette à Bastia
Elle aimerait bien être comme les autres, car ses dialogues avec l’au-delà sont difficiles à croire par ses camarades. Elle finira par se taire.
Mais les révélations sur ses vies antérieures continuent. Les rêves prémonitoires lui annoncent des morts.
Devenue jeune femme, Ina entretient ses facultés paranormales
Elle essaie de comprendre pourquoi elle a ses visions, ses intuitions, ses connaissances. Elle fait des régressions dans ses vies antérieures, des séances d’hypnose, du yoga, de la visualisation. Elle étudie la graphologie, l’astrologie…
Elle fait des recherches dans des librairies ésotériques, lit Shri Aurobindo, Edgard Cayce, Elisabeth Kübler-Ross, Carl Jung, L’ange…
Elle suit des enseignements dans un centre de métaphysique appliquée, initiée par des maîtres spirituels, elle étudie les chakras.
La tare secrète d’Ina, car il y en a toujours une, est la cigarette, qui diminue son niveau vibratoire, lui évite peut-être de ne vivre qu’avec les morts…
Un style direct
C’est Muriel qui raconte son expérience depuis la perte de son frère, jusqu’à la rencontre avec Ina.
Il y a beaucoup de dialogues. Quelques narrations au passé simple dont je ne suis pas fan, mais ça passe. Quelques narrations à l’imparfait que j’aime mieux.
Muriel se fait la plume d’Ina. L’écriture du livre serait inspirée par sainte Julia, la patronne de deux villages corses où a habité Ina. Sainte Julia se révèle même une vraie geek et sait faire des smileys dans la page !
Un ton souvent léger
Muriel se veut journaliste d’investigation, cartésienne, sceptique, et se révèle souvent terre à terre, au ras des pâquerettes même. Elle ne laisse aucune place à l’intuition, à sa propre quête intérieure, rien à une éventuelle croyance. Il faut que tout lui soit carré, fini, assuré. Tout est décrypté. Une attitude à la Saint-Thomas, qui a sans doute permis au livre de se construire. Et à sa narratrice d’ouvrir les champs des possibles.
Vacances en Corse : rencontre avec Ina dans la vraie vie
La deuxième partie du récit se fait sur les lieux réels des expériences rapportées en mail ou téléphone par Ina à Muriel.
La visite des lieux réels nous fait découvrir un village hanté depuis une vendetta terrible, que Ina pourra libérer. Son séjour dans une maison hantée lui permet aussi d’aider une revenante à partir.
Alors que les vacances corses s’achèvent, la visite d’une église où se trouve une statue de Sainte-Julie fait ressentir à Muriel la Présence de Sainte Julie.
Le décryptage des données de Sainte Julie par Ina révèle à la narratrice que le livre n’est pas sincère dans sa forme actuelle, Muriel ne s’est pas assez impliquée, elle est restée en surface, par peur de l’inconnu.
Très vite, la narratrice comprend. Elle fait preuve d’une vraie humilité d’auteur. Au moment où elle se décourage, en désespoir de cause, elle invoque Sainte Julie. C’est alors que le téléphone sonne, un journaliste d’arte a lu son premier manuscrit et lui donne un nouveau point de départ.
La réécriture du livre se fait alors pour la forme que nous pouvons lire maintenant.
Fin du livre
Des témoignages de personnes aidées par Ina clôturent le livre. L’adoucissement du deuil se fait par la relation avec Ina.
L’initiation ésotérique d’Ina enseigne une vraie philosophie de la vie. Cette expérience a changé la vie de Muriel. Sa lecture peut changer nos perspectives sur la vie après la mort d’un proche et nous aider à préparer la nôtre. Pour ce que vivre est apprendre à mourir, disait Montaigne.
Comme La vie après la vie du Dr Murphy ou La source noire de Patrice van Eersel, ou les ouvrages de Castaneda qui ont marqué ma génération, Au-delà de David est un livre-référence qui fera date et deviendra un classique.
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Au-delà de David de Muriel Martinella, récit, Amazon, 11 mars 2016, 299 pages, 4,99 €
Belles lectures !
Gaelle
Kerantorec, 8 avril 2016
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Gaelle Kermen est l’auteur de Scrivener plus simple, le guide francophone pour Mac, publié par ACD Carpe Diem, 2016.
Une valeur sûre : depuis sa sortie, le guide est en tête des meilleures ventes dans les catégories Logiciels, Bureautique et publication, en France, au Canada et aux USA, chez Amazon et Informatique et Internet chez Apple. Il remplit donc sa mission d’aide à l’écriture et la publication.