Journal de Paris devise : « de la Résistance à la Révolution »
LE ROI NU
VIDE ET AVANTAGEUX, DE GAULLE A LIVRÉ SANS PUDEUR LES RECETTES DE SON PERSONNAGE
Un vieux Président de la République dans un vieux salon racontant devant un vieux jeune homme sa vieille chanson à un vieux pays : c’est exaltant ! Voilà ce à quoi nous sommes condamnés. Eh bien, ce chromo défraîchi, ce livre d’images fades à l’usage de puples débiles, ces simagrées ostentatoires justifient ce qui vient de se passer en France. Cela justifie que des jeunes gens brisent tout et que des politiciens abusifs exploitent leur colère. Cela le justifie et en partie l’explique. Il n’y a pas un garçon de vingt ans en pleine santé d’esprit qui puisse ne pas être totalement sourd aux paroles qu’il a entendues hier soir, de même qu’il n’y a pas un coitoyen conscient des devoirs de l’Etat qui puisse ne pas être choqué par tant de désinvolture. (…)
On aurait envie de rire, si n’était l’enjeu. (…) Or une fois de plus de Gaulle a gagné parce qu’il a touché bas. De Gaulle restera au pouvoir avec une solide majorité. Et sous le poids de cet homme et de cette majorité, la France se défera un peu plus encore, et l’Etat prêtera un peu plus encore le flanc aux forces adverses dont certaines sont le meilleur de la nation, mais dont certaines autres sont, il est vrai, les pires. »
Philippe TESSON
JE SUIS L’ANGE VERS LEQUEL A LA FIN DES FINS, COURT LA FOULE POUR S’ARRACHER AUX DÉMONS MALFAISANTS
LA CRISE
- Le 29 mai j’ai eu la tentation de me retirer, mais devant la menace de subversion, une fois de plus je me suis résolu… à ne pas quitter l’Histoire.
- La situation était encore pour moi insaisissable lorsque je suis parti pour la Roumanie.
- L’entreprise communiste totalitaire, inquiète et furieuse de voir une fraction révolutionnaire se dresser en dehors d’elle et contre elle a décidé tout à coup de noyer le tout dans la grève généralisée.
- Le remaniement ministériel : dans une crise pareille, c’est assez naturel qu’on assure la relève des hommes.
- Les forces de l’ordre ont fait et font très bien leur devoir tout entier face aux étudiants brise-tout.
LES RÉFORMES
- Entre le communisme et le capitalisme, il y a une troisième solution : la participation, qui change la condition de l’homme au milieu de la civilisation moderne. Je ne suis pas gêné dans ce sens-là d’être un révolutionnaire.
- L’amélioration des salaires est apparente, car les chiffres d’augmentation ne signifient rien si l’économie et les finances ne peuvent pas le supporter.
- Ce qui a été alloué, c’est ce qui de toutes façons aurait été obtenu en 1968 et 1969.
- Il faut encore dix ans pour que la mutation agricole aboutisse.
LES ÉLECTIONS
- Depuis que l’Assemblée nationale a été élue, elle avait vocation d’être dissoute : il y avait dedans une majorité qui n’en était pas une.
- Si les résultats des élections sont bons, la République et les libertés seront assurées, et des perspectives élargies s’ouvriront pour les gouvernements.
- Le référendum aura lieu en son temps et sous la forme qui conviendra.
L’UNIVERSITÉ
- Il faut faire en sorte que l’Université ne vive plus pour elle-même, en dehors des réalités ; il faut qu’elle corresponde aux besoins modernes de notre pays ; elle doit fournir des élites adaptées à chaque activité.
- La refonte et le fonctionnement de l’Université doivent se faire avec la participation de tous ses maîtres et de tous ses étudiants.
Reprise dans le primaire
- Toutes les écoles ont rouvert hier leurs portes mais de nombreux instituteurs poursuivent la grève.
- Secondaire : le SNES maintient la grève mais certains autonomes reprennent les cours.
Violents accrochages à Flins
- Etudiants et ouvriers se sont battus toute la journée d’hier contre les policiers qui barrent l’accès des usines Renault
- La CGT « dénonce » M. Geismar et les étudiants comme provocateurs
Gaelle Kermen, Kerantorec, le 28 mai 2018
Extrait de Des pavés à la plage, Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne