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En 1970, j’habitais 10 boulevard Poissonnière, l’immeuble à côté de celui de L’humanité, avant son déménagement rue du Colonel Fabien.
En bas de l’immeuble de l’Huma, se situait la Librairie Nouvelle où ma boulimie intellectuelle trouvait tous les livres de mes années d’étudiante à la fac de Vincennes en Droit-Science Po, Socio et Philo.
De notre balcon du 6eme étage en face du cinéma Rex, nous assistions à des événements comme les manifestations importantes, les soirées d’élection, l’enterrement d’Elsa Triolet ou l’arrestation de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir vendant le journal interdit La Cause de Peuple.
Je suis retournée sur les lieux le 17 août 2012 comme je séjournais à Paris pour faire les premières corrections du Journal de l’année 70, devenu Clandestine 70, publié en 2020.
La terrasse de l’appartement de ma sœur qui m’hébergeait alors, au sixième étage, était transformée en jardin. Il me plait de savoir que nous sommes remplacées par des passionnés de plantes, d’arbustes, de fleurs. Je crois que je l’avais rêvé ce jardin en terrasse parisienne…
En haut, au sixième de l’immeuble du centre, nous habitions ma sœur et moi de fin 1969 à fin 1972.
Retour sur les lieux le 17 août 2012, comme je faisais les premières corrections du manuscrit Clandestine 70 issu des Cahiers parisiens.
A notre époque, ce magasin était la Librairie Nouvelle, au rez-de-chaussée de L’humanité. C’était un lieu vibrant de culture, de connaissances, où je m’approvisionnais dès que j’avais quelques sous. Les temps changent…
L’entrée du 10 boulevard Poissonnière, Paris, 9e
En face de notre balcon, le cinéma REX
Notre station de métro était Bonne Nouvelle.
Extrait de Clandestine 70
***
3 juin 1970
le creux de la nuit est le seul moment où le bruit du boulevard s’estompe un peu
cinq heures du matin
en bas le trafic reprend
mon bureau est couvert de feuilles et de bouquins
il fait somptueusement beau
un soleil de passion se reflète dans les vitres du cinéma rex en face
je viens de bouffer du pâté et du saucisson
je pourrais continuer à travailler tant je me sens bien
il y a longtemps que je n’avais vu le soleil se lever
il y a deux ans en 68 avec brice j’appréciais les charmes d’un soleil en ciselure sur la chapelle de la sorbonne dans la cour d’honneur
il y a trois ans en 67 avec hélène nous avions passé quelques nuits sans dormir à errer dans les rues de paris en découvrant au petit matin le ciel immense du côté de notre-dame
à l’époque il y avait les halles et c’était le bon temps
mais aujourd’hui c’est pas mal non plus
et je suis bêtement heureuse
l’impression de ne pas être seule dans la nuit
d’être proche de platon qui écrit
peut-être même de mikis
tout est possible ce matin
l’époque est revenue où je peux de nouveau travailler
dynamisée par le soleil
soutenue par un afflux de forces vives
en fait je ne fais rien pendant l’hiver
j’hiberne
mes vraies périodes de travail ont toujours commencé au mois de mai
j’ai toujours préparé les examens vingt-et-un jours avant leur date
quand tout dans ma tête devient clair comme le temps
quand tout dans mon corps est en accord avec moi-même
quand ma peau brunit et que mes muscles existent
trois salutations au soleil
et j’entendais les oiseaux
dans les arbres du boulevard poissonnière
***
Gaelle Kermen, Kerantorec, 5 avril 2020
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