ScrivenerApp : mes expériences de publication numérique 2016

La découverte de l’application Scrivener sortie le 20 juillet 2016 a été une passionnante aventure qui m’a bien occupée dès que j’ai eu les outils Apple permettant de l’utiliser à la mi-août. La rédaction du guide s’est faite aisément sur l’iPad avec un clavier externe, sur l’iPhone avec la Dictée de Siri.

Par contre la publication numérique a été compliquée et a retardé la sortie du livre, bien plus que je ne l’imaginais.

Je voulais bien tester l’application pour en trouver les limites. Je faisais tous les essais possibles et imaginables pour faire gagner du temps aux auteurs qui me liraient.

J’ai d’abord testé les outils compatibles avec l’application en restant sur les outils mobiles, sans utiliser le logiciel de bureau Scrivener.

Premiers essais depuis Scrivener App par PagesApp

J’ai donc fait des exports en Word, récupérables par l’application Pages, qui fait aussi des exports en PDF, Word et ePub.

Rappel : Pages est gratuit, fourni en standard sur les Macs pour le logiciel de bureau, téléchargeable sur App Store pour l’application, à la différence des outils Word, qui nécessitent de payer des rentes à vie.

Après les essais de publication sur les trois plateformes numériques, Amazon, Draft2Digital et Smashwords, j’ai vu que les titres des pages intérieures des sous-dossiers n’étaient pas exportés par l’application Scrivener.

Parenthèse : pour un roman, ce manque d’export de titres de sous-sections ne serait pas important, il n’y en aurait sans doute pas. Pour un guide pratique, ça me semblait indispensable. Je tiens à ce que le lecteur ou la lectrice retrouve rapidement l’information dont il ou elle a besoin. J’ai trop galéré moi-même quand je débutais sur Scrivener à trouver la bonne réponse dans les 500 pages denses du Manual en anglais. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai écrit trois guides pratiques cette année 2016 au lieu de m’occuper de mes propres écrits.

Pour que tous les titres apparaissent, j’ai préféré faire l’effort de recopier chaque titre en tête de page. Je les ai formatés en allant dans le Pinceau, puis dans Style > descendre dans Formatting Options > Heading 2.

style

Parenthèse : formater un fichier directement sur l’application de l’iPad est vraiment agréable à faire. C’est comme un jeu d’enfant et je pense qu’il serait plus utile et efficace d’apprendre cette application Scrivener pour iOS aux enfants et étudiants que de leur imposer Word, qui était bien au temps de l’impression papier, mais n’est plus adapté à la publication numérique.

Sans ce formatage, les titres issus des pages dans les dossiers de l’application n’étaient pas exportés. Tout le reste était impeccable.

Mais je préfère quand même formater à la compilation dans le logiciel de bureau Scrivener. Cet été, je testais l’application et je n’ai pas ménagé ma peine ! C’est comme ça qu’on apprend, en se trompant, en essayant et en recommençant.

Formatage par le logiciel de bureau Scrivener pour Mac

Si la mise en forme est impeccable sur l’application, puis sur le logiciel de bureau Scrivener, il faut passer par le biais d’un traitement de texte de type Word ou Open Office pour formater un document .doc acceptable par Draft2Digital et Smashwords. Les retards dans la publication du guide viennent en partie de la question du formatage.

Les meilleurs formatages sont faits par le logiciel de bureau Scrivener pour Mac en ePub et mobi. Je n’ai jamais repéré de problème de lecture, de navigation, de repérage par table des matières, en lisant un ePub sur iPad ou iPhone, ou un mobi sur l’application Kindle ou sur le Kindle lui-même. Tout fonctionne bien aussi sur les tablettes Android. Les formatages de ScrivenerApp voulus par l’auteur et l’éditeur sont respectés. La lecture est fluide et agréable.


Le format mobi Kindle sur Amazon

Amazon accepte sans problème le format mobi (Kindle) issu de la compilation Scrivener et respecte tous les formatages, en gardant les illustrations au meilleur de leur qualité. La table des matières et le fichier NCX sont présents si on a pris soin de cocher la bonne case à la compilation en ebook mobi (Kindle). On le vérifie tout de suite au moment du téléchargement en cliquant sur Prévisualiser le livre.

previsualiser

Pour publier un fichier professionnel, il est essentiel de voir s’afficher quatre champs dans Table des Matières.

verifierncx

Beaucoup trop de livres publiés sur Amazon Kindle n’ont que les deux premiers champs. Je le vois tout de suite lorsque je feuillette un extrait ou que je le lis sur mon Kindle ou mon iPad. Je les classe dans la catégorie AAA (Auteurs Amateurs sur Amazon) et jure qu’on ne m’y reprendra plus. Je déplore ces négligences vis à vis du lectorat.

Je ne supporte pas de lire un livre sans table des matières, je m’y sens claustrophobe, comme emprisonnée dans un métro aveugle, obligée de suivre un long couloir sombre, sans pouvoir sortir, sans pouvoir respirer ni revenir en arrière. Quelle que soit la qualité d’écriture du texte, s’il est mal formaté, un texte est moins mis en valeur et apprécié. Alors qu’il suffit de quelques clics sur Scrivener pour faire une table des matières dynamiques comme je l’explique dans un précédent article.

Les problèmes de conversions numériques

Si Amazon prend bien le fichier mobi (Kindle) issu de la compilation de Scrivener pour Mac, les problèmes surviennent à la conversion par les plateformes de diffusion Smashwords et Draft2Digital qui exigent des documents formatés sous Word (ou un logiciel Open Source) avec l’extension .doc ou .docx.

Ce qui marchait très bien dans mes précédentes publications (je n’avais pas eu ce genre de problème pour les deux précédents guides Scrivener plus simple pour Mac et Scrivener plus simple pour Windows) n’est plus valable pour les actuelles versions de Scrivener et d’OpenOffice, ou les paramètres ont changé sur Smashwords. Ou je suis fatiguée de reformater sur OpenOffice, d’amoindrir un fichier qui était parfait sur Scrivener…

Sur Smashwords en ePub et doc

Le format ePub issu de la compilation du logiciel Scrivener est bien lisible directement sur iPad, iPhone ou tablette Android, mais est refusé par EbubCheck et ne passe pas sur Smashwords. C’est le genre de blocage qui fait se taper la tête contre les murs et éloigne de nombreux auteurs de cette plateforme de diffusion numérique, par ailleurs excellente.

Mon fichier du guide pour iOS reformaté sur Open Office avait bien passé le barrage du Meatgrinder et Auto-Vetter n’avait décelé aucune erreur de formatage pour ebook.

Mais, cette fois, la première en plus de six ans, Smashwords a refusé le document .doc, reformaté par OpenOffice pour le catalogue Premium.

Pourtant le formatage qu’il propose en direct sur la librairie de mon compte auteur est bon. J’ai vérifié sur tous les supports numériques que j’ai à la maison.

À regret, car j’estime beaucoup Mark Coker et son équipe de Smashwords, je suis  passée par Draft2Digital, dont le site plus récent est plus ergonomique que celui de Smashwords.

Sur Draft2Digital en .doc

Draft2Digital a bien accepté le même fichier .doc pour les boutiques iBookstore, Kobo, Barnes & Noble. 

Apple a juste tiqué sur un lien que j’avais mis vers la liseuse Kindle sur la boutique Amazon. Pas de lien vers les concurrents, c’est la devise Apple ! Cette « erreur » réparée, le fichier .doc était accepté sans autre problème.

Le fichier .doc a été immédiatement publié par toutes les boutiques proposées par Draft2Digital, qui est vraiment une plateforme agréable.

La plateforme Draft2Digital offre aussi quelque chose de très pratique pour les auteurs qui publient ailleurs que sur Kindle KDP Select : un lien universel, qui cherche tous les sites où on peut acheter le livre.

Pour mon dernier guide sur iOS, le lien est : https://books2read.com/u/me0nGV

Book2Read est aussi accessible, si on ne publie pas sur Draft2Digital.

Des fichiers moins beaux que sur Smashwords

Mais, après la conversion du fichier .doc par Draft2Digital, il y a une certaine perte de qualité, des lignes blanches au-dessus et au-dessous des images ont été supprimées, écrasant le texte. Les images ont été compressées quand il a fallu les réduire dans le document sur OpenOffice. Bref toutes ces manipulations en .doc ne donnent pas un aussi bon résultat que les fichiers issus directement du logiciel de bureau Scrivener pour Mac.

Recherche d’autres solutions de diffusion numérique

Je me suis efforcée de trouver une meilleure solution de formatage sans perte de compression des données et des images.

J’ai testé le formatage par Vellum, un outil de formatage d’ebook sur Mac OS. Joanna Penn de The Creative Penn en disait le plus grand bien, au point qu’elle portait sur Vellum tous ses romans formatés sous Scrivener, sur lequel elle continue d’écrire, bien sûr, comment se passer de Scrivener quand on l’a bien en main ? Mais elle écrit des romans et pas des guides pratiques.

Hélas ! Vellum n’importait pas les chapitres comme je les avais organisés dans Scrivener et je ne me voyais pas refaire le travail déjà fait sur Scrivener, qui me convenait parfaitement. Exit Vellum !

J’ai alors testé la publication par Iggybook et j’y suis restée.

La bonne nouvelle d‘Iggybook est que la plateforme accepte trois formats issus de Scrivener : PDF, ePub et mobi.

J’ai donc fait mes paramétrages sur le logiciel de bureau Scrivener pour Mac, avec les bons repères de compilation habituels et j’ai téléchargé mes fichiers.

Ces trois formats ont été cceptés tout de suite, y compris sur iBookstore et Kobo. Enfin, ouf !

Vérifications d’usages sur tous mes supports de lecture : tout était comme je le souhaitais.

J’ai donc payé 49 euros pour être diffusée en Premium sur le site d’Iggybook afin que mon guide Scrivener plus simple pour iPad et iPhone soit disponible sur tous les sites possibles. La liste est longue.

C’est la première fois que je paie une plateforme de diffusion, mais il y a un moment où il faut passer à la vitesse supérieure, comme je trouve normal de rémunérer un graphiste pour mes couvertures. Une partie de mes redevances Smashwords est réinvestie dans les outils professionnels.

L’intérêt d’Iggybook est qu’ensuite je garderai les 100% de mes redevances. Après cet achat Premium, Iggybook ne perçoit plus rien. Seules les plateformes de vente prendront leur commission, en général entre 30 et 45% après déduction du port et des taxes, comme je l’expliquais dans un précédent article.

J’ai gardé la gestion de mon compte Amazon, j’y suis habituée depuis janvier 2010. J’y télécharge le fichier mobi (Kindle) issu du logiciel Scrivener après compilation du travail de rédaction et d’illustration, faits sur l’application Scrivener mobile pour iOS.

L’archaïsme de Word

J’avoue que je commence à trouver le fichier .doc franchement archaïque. Le .docx est plus récent, c’est un des formats d’exportation de ScrivenerApp, mais il n’a été accepté ni par Smashwords ni par Draft2Digital.

Je comprends qu’on ait privilégié le travail d’écriture sur Word quand on travaillait pour une impression papier. Word était conçu pour ça. Mais la technologie évolue très vite. La preuve, ce qui marchait sur Smashwords en janvier et en juin, quand j’ai publié les deux premiers guides, ne marche pas en octobre.

Après des années laborieuses sur Word et sur OpenOffice, je suis heureuse de travailler sur Scrivener. Devoir reformater mes fichiers sur un autre logiciel me semble une terrible perte de temps. Je l’ai fait pour ce troisième guide, pour tout tester pour mes futurs lecteurs. Je ne le ferai pas pour mes ouvrages personnels, que j’ai hâte de retrouver après un an consacré à (tenter d’) aider d’autres auteurs à mieux formater leurs romans.

Autant le travail sur ScrivenerApp et Scrivener est un plaisir, autant il est assommant sur les autres logiciels. Je n’ai plus envie de ne pas me faire plaisir.

Si Pages a prévu depuis des années la conversion en ePub, ce n’est pas le cas de Word, pourtant beaucoup plus cher à l’achat ou à l’abonnement.

Scrivener est conçu pour la diffusion numérique. Il est très abordable, pour toutes les bourses, y compris celles des étudiants.

S’obstiner à travailler sur Word me semble un archaïsme. On est au XXIe siècle, on peut profiter d’outils dont nous n’aurions jamais osé rêver quand j’étais étudiante et rivée aux claviers de mes machines à écrire Underwood ou Olivetti, submergée par le papier.

Dans un article précédent, je raconte comment je faisais pour écrire avant Scrivener. Franchement, je n’ai pas envie de revenir en arrière. J’ai envie d’aller de l’avant, d’écrire partout quand j’en ai envie, sans être limitée ni assujettie à un logiciel obsolète.

Scrivener et ScrivenerApp permettent d’écrire et de publier numérique.

Pour ceux qui veulent encore imprimer sur papier (ce n’est pas mon cas), Scrivener permet d’excellents paramétrages en PDF.

Important : si vous n’étiez pas satisfait de la qualité visuelle de votre guide, si vous l’aviez acquis dès sa sortie sur l’iBoostore ou Smashwords, avant sa publication sur Iggybook, faites-moi un mail à l’adresse kerantorec at icloud point com avec la preuve de votre achat et je vous enverrai le fichier sous le format de votre choix. Les fichiers issus directement de Scrivener sont toujours impeccables.

Belles écritures !

Gaelle
Kerantorec, le 19 novembre 2016

Le guide d’initiation francophone Scrivener plus simple pour iPad et iPhone est disponible sur la plupart des plateformes numériques et sur Iggybook, son nouveau diffuseur.

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Comment faisait-on avant Scrivener : une experience

Comment faisait-on avant Scrivener : une expérience

Depuis deux ans que j’utilise quotidiennement Scrivener pour tous mes projets d’écriture, personnels comme professionnels, je ne me pose plus la question de savoir comment je faisais avant sur AppleWords ou Word, je crois que j’ai oublié, comme j’oublie les mauvais souvenirs. Je travaille, je gère les documents, je crée des tables des matières, je formate, j’exporte et je publie, c’est tout.

Expliquer quelle est la plus-value de Scrivener par rapport aux traitements de texte créés dans les années 80 m’oblige à un retour en arrière, vers un vieux temps, qui n’était pas toujours si bon que ça.

Je ne vais pas ici vous faire un état de l’évolution de l’écriture au cours des âges depuis Sumer. Si je publie ces guides, ce n’est en aucune façon pour vous dire ce que vous avez à faire, mais pour vous apporter le témoignage d’une expérience riche et longue. Scrivener a le mérite de s’adapter à la plupart des besoins des gens qui écrivent. 

Comment je gérais mes documents dans les années 60-70-80.

L’écriture fait partie de ma vie au même titre que l’air, la nourriture, le sommeil, l’activité. C’est ma respiration, sans elle, je meurs.

J’ai tenu mon journal dans des cahiers cartonnés depuis mon arrivée à Paris en septembre 1960 et je le tiens encore, mais cette fois directement en numérique sur Scrivener, via mes ordinateurs fixes ou mobiles.

Cahier des années 60
Cahiers des années 60

Lorsque j’étais étudiante de 1964 à 72, entre la fac de Droit d’Assas, la Sorbonne et la fac de Vincennes-Paris 8, j’ai beaucoup écrit, pour les mémoires et exposés nécessités par les études, mais aussi pour préparer des articles publiés dans la Revue Esprit, des chroniques littéraires et artistiques pour la radio France-Culture ou quelques émissions de télévision avec Michel Polac à Post-Scriptum, ce qui me permettait de financer mes études. J’ai aussi écrit un roman de jeunesse Aquamarine 67.

Je prenais mes notes dans des carnets, que j’avais toujours sur moi, dans mon cartable en vinyle jaune ou mon panier d’Ibiza. Je travaillais ces notes sur des feuilles volantes, des feuilles pelure bleue (c’était aussi ce qu’utilisait Colette et ça m’inspirait). J’écrivais aussi sur du papier d’autres couleurs, selon les sujets, comme je différenciais mes fiches bristol par couleur selon les thèmes. Un peu comme ce que je vois au moment où j’écris ces lignes dans le classeur de gauche sur Scrivener iOS, où s’affiche mon plan général du projet en cours. Je viens d’ajouter un chapitre en créant cette nouvelle page inspirée par le réveil du matin.

Nouvelle page, nouveau chapitre. Couleur selon avancement écriture
Nouvelle page, nouveau chapitre. Couleur selon avancement écriture

Après avoir pris des notes et fait le plan de ce que je voulais raconter, je rédigeais un premier jet sur mes feuilles volantes. Je rangeais ces feuilles accumulées dans un classeur ou un dossier, qui s’amplifiait au fil des recherches. Les documents de recherche étaient trouvés en bibliothèque. J’ai eu la chance de fréquenter à Paris des bibliothèques prestigieuses, comme Sainte-Geneviève, la Sorbonne, la Mazarine, la Bibliothèque Nationale-Richelieu ou celles de la fac d’Assas et de Vincennes à l’époque pionnière de 69 à 72. J’achetais aussi beaucoup de livres, que j’ai encore dans ma bibliothèque bretonne, témoins de mes itinéraires. Et quand je devais finir un article ou un mémoire, mon bureau (une table à tréteau Prisu d’Andrée Putman, 1969) était couvert de papiers divers, carnets, feuilles, dossiers, classeurs, boites de notes volantes, etc.

Alors commençait la rédaction de l’écrit en cours directement sur une machine à écrire, une Underwood, puis une Olympia, et enfin, la dernière, une IBM à boule. Bien sûr, je mettais deux carbones pour avoir des doubles. J’allais très vite, car j’avais suivi des cours audio-visuels de dactylographie à Vincennes. Précieuse formation, comme celle que j’ai eue dans ces années 60-70 à la lecture rapide. Ce capital me sert encore à l’âge de ma maturité.

Ensuite, je relisais le résultat et je le modifiais en l’annotant, découpant aux ciseaux les passages que je voulais déplacer, puis je les collais aux bons endroits. Les feuilles prenaient une sacrée allure.

Et quand le résultat me satisfaisait, je reprenais à la machine tout le texte entier ! Pas de sauvegarde de texte à l’époque, on recommençait jusqu’à la version finale.

Manuscrits d'aquamarine 69-74
Manuscrits d’aquamarine 69-74

La gouvernante de Marcel Proust, Céleste Albaret, raconte dans son livre de souvenirs Monsieur Proust, Robert Laffont, 1973, comment elle devait gérer les paperoles de l’écrivain, lorsqu’il avait revu un chapitre de À la recherche du temps perdu.

Marguerite Yourcenar faisait aussi des copiés-collés manuels pour corriger ses écrits avant les ordinateurs.

Je me suis toujours laissée inspirer par les écrivains que j’estimais.

Puis, dans les années 80-90, les ordinateurs ont remplacé les machines à écrire.

J’ai d’abord continué à prendre mes notes dans des carnets, puis très vite sur SimpleText de mon premier Mac en 92, un LC III. Je me flatte d’être une grande paresseuse et je n’aime pas refaire ce qui a déjà été fait si je peux l’éviter. Donc très vite les notes ont été saisies directement sur clavier, pour être retraitées dans ClarisWorks, le traitement de texte fourni en standard sur les Mac, devenu AppleWorks, puis Pages. Je rangeais les textes les uns avec les autres dans des dossiers selon les sujets concernés. Pour corriger les écrits, je faisais encore des copiés-collés, non plus avec des ciseaux et de la colle, mais avec l’équivalent informatique, qui gardait d’ailleurs le symbole des ciseaux et de la colle (couper, copier, coller). Je reconstruisais l’ensemble du texte, bout à bout, en un seul document avec un Plan hiérarchique.

Plus tard, au début des années 2010, j’ai utilisé Word, lorsque j’ai commencé à publier mes cahiers des années sur Amazon Kindle Direct Publishing et Smashwords. C’était la même chose que Pages en plus compliqué et plus lourd. J’ai corrigé, mis en forme et publié plusieurs centaines de pages sur ce traitement de texte professionnel, en créant à la fin une table des matières cliquable pour publier des ebooks bien formatés.

Or, ce qui était valable en 2010 ne marche plus aussi bien en 2016. La technologie change très vite.

Il y a quelques mois, Smashwords m’a avisé que l’affichage NCX (ce qui gère la table des matières cliquable sur l’ebook de format ePub ou mobi) n’était pas valide sur un de mes fichiers publiés en 2011. Pourtant, tout avait été fait dans les règles expliquées par Mark Coker, créateur de la plateforme américaine d’édition indépendante numérique, dans le Guide des Styles, que j’avais lu en anglais et relu en français lors de sa traduction. J’avais à chaque titre et sous-titre créé un hyperlien relié à une cible et fait une table des matières cliquable. Ça marchait alors. Mais l’ouvrage faisait 700 pages, j’ai dû mal gérer quelque chose.

telecharger fichier final
Vérification de la table des matières sur Amazon KDP

Bref, il me fallait refaire ce que j’avais passé tant de temps à organiser. J’avoue qu’à l’idée de reprendre Word pour ça je déprimais, les bras m’en tombaient, tant j’avais trouvé ça long et fastidieux. J’ai dépublié le Journal 60 et le reprendrai dans Scrivener avec tous les autres.

La technologie a beaucoup évolué en six ans.

Heureusement, j’ai découvert Scrivener.

J’ai connu Scrivener par des auteurs étrangers dont je suivais les blogs, belges, américains, anglais.

Lorsque j’ai eu un peu de temps pour me pencher sur la question de l’écriture, lorsque j’ai eu assez d’argent pour remplacer mon MacBook par un Mac mini de bureau, j’ai téléchargé la version d’essai de Scrivener sur le site de l’Apple store. Très vite, je l’ai payée, tant elle correspondait à ma façon de faire : écrire sans me soucier de la forme, jamais en linéaire, mais par idée notée au fil de la réflexion ou des recherches, en me référant à des documents externes rangés dans le même projet, sans avoir à aller les pêcher sur mon ordinateur. En plus je pouvais formater ensuite un beau document selon les besoins de publication, en ebooks ePub ou mobi, ou PDF pour les correspondants n’ayant pas de liseuse.

Une de mes cousines du côté de ma mère écrivait un livre sur la propriété d’un de nos ancêtres. J’avais chez moi des archives familiales que je numérisais pour les lui envoyer. Selon les questions qu’elle me posait, je lui faisais quelques pages illustrées des photos d’archives et les lui formatais en PDF. C’était tout beau, comme j’aime, avec les précisions exigées par une méthodologie acquise au cours de mes études.

J’ai mis du temps à me former à Scrivener, mais j’en gagne beaucoup depuis.

Le logiciel était traduit en français, mais pas la documentation. J’avais lu la bible de Gwen Hernandez Scrivener for Dummies, de FirstEdition, 2012, non traduite en français. J’avais acheté d’autres ouvrages écrits par des auteurs américains. J’avais visionné de nombreuses vidéos, lu beaucoup d’articles d’auteurs anglophones enthousiastes, quelques uns de rares auteurs francophones utilisateurs de Scrivener. Je lisais avec attention le Tutorial et le Manual fournis par le logiciel. Mais parfois je butais sur des termes employés dans le logiciel traduit qui ne correspondaient pas à mes habitudes, comme Doublon dans la version Mac pour Dupliquer dans la version Windows, ce qui est plus explicite ; en général on évite les doublons dans nos bases de données. J’ai mis du temps à comprendre comment dupliquer un fichier ou un dossier avec le raccourci tout simple command+D.

Je reprenais alors les vidéos d’une certaine auteur américaine que j’avais vue dupliquer ses chapitres pour augmenter son plan dans le classeur. Et j’ai fini par comprendre comment ça marchait.

J’ai alors géré tous les cahiers saisis sur mes ordinateurs depuis plusieurs années pour les intégrer dans des projets Scrivener, organisés par année, scindés (cmd+K) par mois, avec les documents de recherches ou de publications annexés dans chacun des projets. Le travail est prêt pour les relectures, les modifications, les reformatages, les documentations des nombreux cahiers que j’espère publier de mon vivant.

Autant j’avais le sentiment de piétiner et d’être freinée quand je travaillais sur Word, autant j’ai été soulevée par une énergie incroyable qui m’a permis de gérer plus d’une centaine de cahiers en très peu de temps. Là où je pensais passer des mois et peut-être des années, j’avais passé quelques jours ou semaines à structurer un travail solide et fiable. Je n’allais plus être obligée d’aller à la pêche aux documents. Et surtout, je ne risquais plus de perdre un seul morceau de mes écrits. Sereine désormais !

Pourtant, j’en étais encore aux phases de découverte du logiciel. Maintenant que j’ai intégré l’essentiel des manipulations et des possibilités, je peux envisager de publier les 15 000 pages de cahier écrites entre 1960 et 2016, alors que j’ai failli renoncer à ce rêve devant l’ampleur de la tâche lorsque je travaillais sur Word et que je n’en voyais jamais le bout.

Qu’apporte Scrivener par rapport aux autres gestions de documents et d’écriture d’essais, rapports ou romans ? 

Quand on ouvre Scrivener on a en général deux fenêtres sur Windows : le classeur et l’éditeur, ou trois fenêtres sur Mac : le classeur, l’éditeur et l’inspecteur. L’inspecteur permet de régler les paramétrages de chaque page ou chapitre.

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Classeur et éditeur de page en cours d’écriture-Scrivener pour Mac

Tout est manipulable selon les habitudes de chacun. Afficher le classeur ou non. Afficher l’inspecteur ou non. On peut aussi écrire sur une seule page comme on le faisait sur une machine à écrire.

Si je garde les deux fenêtres essentielles, le classeur et l’éditeur, j’ai d’un côté le plan général de mon ouvrage en cours et dans le grand écran je peux lire chaque page. Je peux aussi en voir deux si j’écris en consultant un document de recherches. Ou consulter un document audio ou vidéo dans le dossier Recherches.

Dans le classeur de gauche, je vois tous les titres de chapitres, de parties, de sections ou sous-sections, selon le genre de document en cours. C’est mon plan qui se développe ou se réduit selon mes besoins. Lorsque je serai satisfaite du plan général pour le reporter dans une table des matières cliquable, je sélectionnerai toutes les têtes de chapitres pour un plan condensé, ou tous les dossiers avec les sous-dossiers pour un plan développé, très complet ou non selon les besoins, puis je les copierai en copie spéciale Table des matières et collerai l’ensemble dans une page du classeur au-dessous des pages de titres et copyrights en début d’ouvrage. Finalement j’exporterai un beau document exploitable par toutes les plateformes numériques ou solutions d’impression.

Plus efficace, je ne pouvais pas l’imaginer avant de le pratiquer.

Plus professionnel non plus, car, hélas ! sur Amazon, je vois trop d’ebooks écrits et formatés sous Word qui ne comportent même pas de table des matières, alors que c’est si facile à faire avec Scrivener.

Bien sûr, si je voulais, je pourrais reprendre l’exportation de mon document .doc dans Word pour le reformater selon les habitudes universitaires ou journalistiques. Scrivener précise bien que le logiciel n’est pas un outil de formatage des écrits, mais un organisateur, un planificateur, un outil d’aide à l’écriture. Il se trouve que depuis que j’utilise Scrivener je n’ai plus eu besoin de rouvrir Word, sauf pour vérifier que les formatages de compilation finale étaient corrects. Jamais je n’ai eu besoin de changer les paramétrages mis lors de la compilation sur Scrivener. Je ne me soucie donc plus de feuilles de style. J’écris, je construis, je planifie et à la fin seulement, je formate, compile et exporte. Et les formatages peuvent être différents selon leur destination, mais mon texte, lui, reste fidèle au poste, sans bouger, dans le projet Scrivener.

Dans le dossier Recherches, en bas du Classeur, je stocke tous les documents texte ou html récupérés sur le web ou ailleurs. Je n’ai donc plus besoin d’avoir des tas de papier autour de moi comme autrefois quand seuls le papier et la machine à écrire me permettaient d’écrire et publier.

Et encore, j’ai toujours été relativement organisée dans la gestion de mes écrits. Quand je vois comment certains gèrent des documents professionnels ou juridiques, je me dis que c’est beaucoup de temps perdu, et ça se compte très vite en mois et années, d’aller à la pêche aux documents par des recherches internes dans les arborescences de l’ordinateur, dans des dossiers éparpillés dans différents endroits de l’ordinateur, ou pire des fichiers balancés en vrac sur le bureau, alors qu’on peut tout classer dans des dossiers spécifiques réunis en un seul endroit : le projet dédié sur Scrivener, pour en faire un document impeccable avec des liens se rapportant aux pièces justificatives à transmettre aux avocats et juges. On peut perdre des mois à travailler de cette façon archaïque. Et c’est pourquoi j’apporte ma pierre à l’édifice en écrivant de modestes guides d’initiation francophone à ce logiciel dont la documentation est en anglais.

Scrivener m’apporte la sérénité dont j’ai besoin pour vivre en harmonie avec moi-même et le monde qui m’entoure.

Maintenant, je peux même écrire cette page sur l’application iOS dans mon jardin, dans la belle lumière de septembre et c’est un grand bonheur que je vous souhaite de connaître.

Ecrire dehors, un rêve de toujours, avant sur les cahiers, maintenant sur ScrivenerApp
Ecrire dehors, un rêve de toujours, avant c’était sur les cahiers en papier, maintenant c’est sur ScrivenerApp, partout où j’ai envie d’écrire.

Je suis rentrée chez moi, à Kerantorec, qui réclame mes soins de tonte, taille, débroussaillage et bientôt bûcheronnage. La date n’est plus fixée pour la publication du guide iOS en préparation. Ce sera dans le courant de cet automne 2016. Je veux prendre mon temps pour faire un beau guide.

En attendant, lancez-vous, l’application est simple d’accès, et si vous avez un souci n’hésitez pas à poser vos questions, nous tenterons d’y répondre au mieux.

Mail professionnel : kerantorec(at)iCloud.com

Belles écritures.

Gaelle,
Kerantorec, le 24 septembre 2016

Smashwords : Guide des Styles gratuit
Scrivener est diffusé par Literature&Latte en versions Mac, Windows (c. 49 €) et application iOS (c. 20€)

Photos : archives personnelles
© gaelle kermen 2016