Je viens d’avoir 73 ans et j’ai décidé de vivre à l’heure solaire. C’est ce que je tends à faire depuis des années, mais cette fois, je veux le tester en vrai. Certaines de nos îles bretonnes vivent à l’heure solaire et je les ai toujours enviées. Il est temps de remettre mes pendules à l’heure.
Actuellement, nous changeons d’heure deux fois par an. Du jour au lendemain, il faut changer nos comportements pour respecter la vie sociale des horaires de bureau et de la grand-messe du Journal de 20 heures. J’ai toujours vu plus d’inconvénients que d’avantages à ce bouleversement de vie.
Consultations de la communauté européenne
L’été dernier, la communauté européenne a fait une consultation sur le changement d’heure pour ne plus avoir à faire ce bouleversement deux fois par an, puis une deuxième qui finissait le jour de mon anniversaire.
J’ai répondu à la deuxième consultation, en étant mal à l’aise, les questions étaient biaisées, il n’était pas question de l’heure solaire, seulement de rester, soit en horaire d’hiver, soit en horaire d’été toute l’année, ce qui me semble aberrant eu égard à la course saisonnière annuelle du soleil, telle que nous la percevons depuis la terre.
Ce serait l’horaire d’été qui dominerait dans les préférences finales. Ce qui fait qu’en décembre le soleil se lèverait à dix heures quinze à Brest ! Déprimant. Je sais que beaucoup de gens apprécient l’heure d’été pour les longues soirées. En effet, le soleil s’en va en juin chez nous après dix heures du soir. Mais l’été ne dure pas toute l’année et une avance de deux heures sur le soleil toute l’année, c’est anti naturel au possible !
Le soleil est la source de toute vie sur terre. Je vais donc vivre à l’heure du soleil pour observer mes comportements et réactions. En ce moment, je remets les pendules à l’heure. Je n’ai plus d’obligations sociales, les seules contraintes sont celles que je me donne. Je peux tester la vie au rythme solaire.
La Bretagne est au-delà du méridien de Greenwich
Je préfère dépendre du fuseau horaire de Greenwich, 0° de longitude. Ma longitude est de 3°39’ ouest, ce qui signifie que je vis au-delà du méridien de Greenwich par rapport à Paris. Le soleil met près de 14 minutes à parcourir la distance entre la ligne méridienne et mon lieu de vie.
Brest est à 4°29’ ouest, le soleil met plus de 17 minutes à parcourir la distance entre le méridien et Brest.
Calcul du parcours circadien du soleil = 24 heures
24 h x 60’ = 1440’
Tour de la terre = 360°
1440’ : 360 = 4’ par degré parcouru)
Carte des fuseaux horaires
Voici une carte des fuseaux horaires qui montre que la France, comme l’Espagne, sont des pays entièrement inclus dans le fuseau horaire de Greenwich. Nous pourrions suivre le fuseau de Londres, comme le demande l’Espagne. Ce serait plus logique par rapport à la course du soleil.
Ces choix sont politiques, essentiellement pour des raisons économiques, jamais pour des raisons humaines ou de santé publique.
Remettre les pendules à l’heure
J’ai modifié l’horloge de la salle de bains et de la cuisine, qui fonctionnent avec des piles. Je devrais prévenir mes visiteurs de l’heure des pendules manuelles.
J’ai aussi mis cet iPad à l’heure de Londres et l’iPad mini à l’heure de Lisbonne.
Curieusement, je me sens déjà mieux, plus détendue, pas obligée de courir pour faire ma journée contre mon gré.
Je vais garder l’iPhone et le Mac aux heures légales, pour ne pas risquer de manquer un éventuel rendez-vous, mais les deux iPad que j’utilise le plus seront aux heures solaires.
Premiers constats
La première nuit de mon horaire solaire s’est bien passée, réveillée à 6:00 naturellement, il faisait assez vite jour pour que je puisse aller courir dans la prairie faire le tour et voir qu’il va être urgent de tondre les herbes déjà très hautes. Ma journée a bien commencé, je me sens en phase avec le rythme de la nature. Je me lève avec le soleil, je me couche quand il s’en va.
A mon âge, je n’ai plus d’obligations familiales ni sociales. J’en ai vis à vis de moi-même, de mon équilibre et de ma santé générale. Ce rythme naturel est celui qui me convient le mieux. Je ne dépends plus des grands-messes médiatiques, le Journal de 20 heures ne m’est plus obligatoire depuis que j’ai banni la télévision de ma vie il y a des années et que je ne supporte plus d’entendre le matin les « journalistes » de France-Inter se comporter en chiens de garde du régime pourri qui prétend nous gouverner. Ma santé mentale et mon moral en sont largement améliorées.
Aussi ne suis-je plus contrainte d’adopter un horaire légal, surtout quand il est probable que l’heure d’été sera celle adoptée comme heure légale par l’Union Européenne. L’heure allemande toute l’année, non merci ! Dès ses débuts en 77, j’avais toujours l’impression de courir après le temps et pour une asthmatique courir n’est jamais facile. C’était une source d’angoisse permanente, l’impression de n’avoir jamais assez de temps pour faire tout ce que j’avais à faire si je voulais garder mon environnement harmonieux.
Dès que j’ai été seule chez moi, après le départ en fac de ma dernière fille, je changeais mes emplois du temps pour rester à l’heure d’hiver au plus près de mes propres rythmes, en écoutant mes besoins de repos dans l’après-midi par exemple.
En fait, la seule heure vraie, c’est celle du soleil, celle qui décide de l’éclairement de la lumière du jour en fonction de notre lieu de vie sur la terre et selon l’évolution des saisons.
Trajet du méridien en France et Espagne
Ici en Bretagne nous sommes plus près du méridien de Greenwich que du Méridien de Paris qui fut une référence autrefois. Le méridien traverse la Manche et arrive sur le continent pour traverser la France et l’Espagne qui demande d’ailleurs à changer de fuseau horaire.
Selon le site de Wikipedia, voici le trajet en France et Espagne.
La France a choisi de s’aligner sur les pays de l’est européen, l’Allemagne en premier lieu, mais elle aurait pu s’aligner sur l’heure de Londres, Reykjavik, Lisbonne. L’Espagne demande d’ailleurs à changer de fuseau horaire.
Actuellement, en heure d’hiver nous vivons à l’heure solaire de Vienne, en heure d’été nous vivons à celle de Kiev !
Je fais ma résistance personnelle. Je vais observer mes comportements selon cet horaire.
Vive l’heure solaire pour des rythmes plus naturels !
Quelques pages de mon site internet d’archives depuis 1997 témoignent de l’intérêt que j’ai pour les rythmes solaires. Un petit tour pour rêver au pays des mégalithes qui défient le temps depuis des millénaires.
Pour leur cérémonie du Gorsedd Digor 1985, les druides de Bretagne avaient construit un cercle de pierres dans la lande voisine, dont les pierres étaient organisées selon les levers et couchers du soleil aux solstices et équinoxes. Je vais régulièrement y observer que le soleil est toujours fidèle aux rendez-vous du zodiaque saisonnier.
Cercle des pierres des Druides du Gorsedd de Bretagne 1985
(Les notes entre parenthèses sont de février 2019, en particulier pour préciser les noms de quelques personnes dont je ne donnais que les prénoms. Certaines sont devenues célèbres.)
Transferts de dossier entre la Sorbonne, la fac de Nantes et le Centre Universitaire Expérimental de VincennesJustificatif de diplôme de la Sorbonne lors du transfert des dossiers entre Universités CELG (Certificat Etudes Littéraires Général : Philosophie, Latin, Anglais)
samedi 1 février
9h30 droit constitutionnel
je n’arrive évidemment pas à me lever pour aller à vincennes où j’ai rendez-vous avec michel mon petit camarade
tant pis
d’ailleurs il y a ce foutu déménagement à faire
gilbert ne vient pas
je suis furieuse
d’accord ça ne l’amusait pas de venir nous aider mais moi non plus ça ne m’amusait pas de le présenter à kiki vu que kiki ne pouvait plus entendre parler de pierre et qu’elle met tous les frères dans le même sac
elle n’a sûrement pas tort
donc je les considère comme n’existant plus
maya (Evic) vient en voisine nous aider avec deux amis
philibert aussi
sympa
dimanche 2 février 1969
j’ai bien dormi
il s’agit ici de prendre possession de l’espace
ce dont nous n’avons pas l’habitude
je fais la cuisine
bien
sur ce minuscule camping-gaz
l’après-midi yvon (Yves Petit de Voize) vient
il joue à m’interviewer sur la mini-cassette en tant que contestataire de vincennes
puis arrivent maman grand-mère le cousin et sa femme qui persiste à m’appeler cousine ce qui m’agace fort
tout le monde me fatigue
j’ai horriblement mal au dos et je dors très mal
michel de vincennes m’a curieusement manqué tout le week-end
tout jeune sans doute
l’an dernier il était encore lycéen il faisait partie des c a l comités d’actions lycéens en mai dernier
tout enthousiaste
j’aime ça
les gens qui vivent et ne sont pas encore usés ni désabusés
intacts
lundi 3 février
je n’ai pas du tout envie de me lever pour aller au cours à neuf heures
j’ai le corps tout endolori
et puis comme je suis réveillée j’y vais
en allant vers le bus j’entends un sifflement appel
c’est michel on se retrouve toujours
cours de libertés publiques avec casamayor
un drôle de bonhomme très sympathique qui nous parle de langage et de cohn-bendit et de contestation et de camarades
qui nous donne un devoir en nous disant
dites-moi ce que vous pensez vous
n’allez pas chercher dans les livres
c’est la première fois de ma vie qu’on me demande de penser pour un devoir
au déjeuner je ne retrouve pas michel
je suis furieuse contre moi-même de l’attendre et de le chercher plus ou moins consciemment
je me résous finalement à aller à la bibliothèque lire le bouquin d’aron sur la société industrielle
je me réfère aussi à chevallier
et me passionne pour montesquieu
mon dieu commencerai-je enfin à comprendre les choses
mais j’ai mal aux dents
mardi 4 février 1969
courses pour ma sœur et l’appartement
je ne vais pas à la fac aujourd’hui
tant pis je ne verrai pas michel
mais il faut que j’aille voir l’oculiste j’y perds beaucoup de temps
puis je passe chez aurélia lui apporter l’ensemble en tricot fait par maman
elle prévoit que demain les flics seront sur les campus et autres conneries dramatiques de son genre elle est folle je pars vite
je rencontre une amie de la fac de droit d’il y a deux ans une jolie petite vietnamienne elle a revu récemment jacques mon meilleur copain d’alors j’aimerais le revoir
hélène n’est pas chez elle
j’achète chez maspero raymond aron et le themis de touchard je fais mon dernier chèque
je dois lire aron pour demain
la situation universitaire s’aggrave
ou peut-être est-elle excellente comme dirait le camarade mao
mercredi 5 février
cours avec rouvier
il parle à la fin du risque de fermeture de vincennes
je lui ai posé la question au cas où une grève serait décidée
la fermeture dit-il se fera département par département
d’abord ceux qui n’ont pas encore commencé comme la socio et la philo
dans l’escalier du restau u je retrouve michel il y a longtemps qu’on ne s’est vus oui on commençait à s’ennuyer nous déjeunons ensemble
hier des c d r comités de défense de la république ont menacé de venir
ça a été un ridicule branle-bas de combat
après le repas je me fais draguée par un jeune con qui doit être réac et je perds michel
cours de théorie marxiste un joli minet me sourit de ses yeux bleus
le chargé de cours lui-même engage le débat
le minet continue sur la grève
je donne l’information de rouvier
je retrouve le minet à l’ag il est anar c’est trop joli ça
il est tout doux
un doux anar c’est rare
grève votée hélas nous restons dans les cours à discuter
mon minet anar est très caressant je flirte avec lui en rentrant mais je rentre
jeudi 6 février 1969
je n’ai plus envie de flirter entre deux métros
je n’ai pas envie de revoir mon petit anar d’hier
d’ailleurs il vivait chez papa-maman
dentiste puis visite à hélène au lieu d’aller en socio où il sera
nous prenons le thé
maïté se ramène elle m’apprend que pierre est parti
de toutes façons il y a longtemps que je le considère comme parti
je l’avais même oublié
vincennes sciences po
michel n’est pas là mais philippe (Philippe Houzé) compte sur moi pour expliquer la situation
c’est dur dans ce groupe qui dit on veut travailler
a g un monde fou
je vois glücksman mais pas michel
je reviens au cours
ambiance idiote
philippe est sympa
michel arrive enfin il est furieux de voir un cours en amphi
plus tard nous discutons avec le prof et trois types réacs dont mon dragueur
j’ai envie de pleurer
michel aimerait peut-être me consoler
nous sommes déçus
vendredi 7 février 1969
que faire pour lutter mon dieu je ne sais plus
la grève active ne servira à rien
alors la défendre parce que je suis en minorité et engagée dans une idéologie
j’ai envie de pleurer
cinq heures trente a g
michel vient d’arriver nous nous trouvons tout de suite
il dit qu’on ne s’est pas tellement vus
que plusieurs fois il m’a cherchée vainement
c’est gentil ça
j’appelle gérard chez rychter
il prétend que les modèles ne marchent pas
il ne sait pas quoi faire
il a pas l’air d’aller bien je dois le voir lundi
a g glücksman parle bien un autre aussi
je suis avec michel et deux copains dont un de droit très sympa
je vais au cours de droit constitutionnel
discussion avec des types de l’a g e v
ils sont durs à convaincre ces réacs
je vais chercher michel et l’autre mais l’a g est finie je les ai perdus
je rencontre yannis
je retourne au cours
discussion toujours presque risible
pourquoi ça vous gène les flics dans la fac
évidemment on se demande
samedi 8 février
en quittant vincennes hier soir j’ai retrouvé michel dans le métro avec ali l’iranien connu au buci ami de brendan c’est marrant (une scène d’Aquamarine 67)
mais je suis rentrée pour travailler
matin de neige je tousse
hélène élise
soir à la radio j’entends annoncer que cent quatre-vingt-trois étudiants ont été choisis par le doyen sur les deux cent vingt qui ont occupé la fac le vingt-trois janvier ils risquent la même sanction que ceux du rectorat de la sorbonne
recevrai-je une lettre
je me demande si je ne suis pas enceinte
je le serais de pierre et ce n’est plus le moment
je n’ai pas le droit d’attendre un petit bébé encore et c’est mon drame
j’ai tellement envie d’aimer
dimanche 9 février 1969
dimanche ensoleillé
errances dans quelques bouquins dont marcuse qui avec le pouvoir de sa pensée négative me dynamise
visites
philibert
hélène et yannis
discussions
c’est bien je m’affirme
j’ai le pouvoir de l’humour
ce qui m’effraie le plus dans le mouvement c’est qu’on perd cet humour qui était notre plus grande force
quand je vois ces discussions agressives et hargneuses je suis triste
c’est tellement bête
fini à trois heures du matin mon devoir sur le langage pour le cours de libertés publiques de casamayor qui nous a demandé ce que nous en pensions
c’est la première fois en autant d’années d’études qu’un prof me demande mon avis
je suis assez contente de moi
maintenant je sais m’engager
j’écris pas trop mal
j’ai une faim énorme de travail et d’amour
lundi 10 février 1969
libertés publiques devoir sur le langage
cours de casamayor qui m’autorise à partir vers dix heures trente pour me rendre à l’a g concernant ceux qui ont été emmenés à beaujon
projets de lettre en réponse au recteur
à la fin de l’a g je retrouve emmanuel du c r a c sorbonne pas vu depuis longtemps
michel a reçu sa lettre samedi matin il est avec une nana de son groupe d’éco po et je le perds de vue rapidement
je déjeune avec emmanuel puis nous allons à la bibliothèque
je tombe sur un bouquin de libertés publiques
l’oppression et la répression me révoltent
il faut arrêter ça
faire quelque chose
une grève de la faim
j’y crois
tout semble perdu
perdu pour perdu autant aller jusqu’au bout
à l’a g je me retrouve assise à côté de corinne connue cet été à kerfany
elle aussi était à beaujon
je retrouve michel il semble assez abattu
je propose mon projet de grève de la faim
on me le déconseille
films sur mai
je suis toujours révoltée
je rentre
je n’ai pas encore reçu ma lettre
mardi 11 février 1969
dix heures les types du téléphone me réveillent (pour la pose de la ligne)
je me sens horriblement mal
nausées vertiges
serais-je vraiment enceinte
hier j’ai repris normalement mon contraceptif
ça se bat peut-être là-dedans
si nous avons fait un bébé c’était au moment où nous avons vu rosemary’s baby
vraiment non merci
je n’en veux pas
onze heures moins le quart le facteur m’apporte ma lettre recommandée
vincennes sous la neige
michel tout de suite
je vais signer la lettre collective
on va au quartier sous la neige
au ramsès j’ai le temps de serrer la main de jacques bleiptreu d’embrasser françois donzel toujours aussi barbu
sorbonne déprimante
on rentre par maspéro
marcuse
soir on a le téléphone
on appelle nantes
gene a accouché hier
sa petite fille n’a pas vécu
je suis trop démoralisée
mercredi 12 février 1969
lire bouquin aron
socio économie
matin réveil normal je n’ai pas de bêtes nausées
j’essaie d’appeler la clinique de nantes c’est pas libre
cours de rouvier
je ris tout le temps sauf au cours de rouvier
malgré ses grands efforts rouvier est la seule personne qui ne me fasse pas rire
je bouffe avec un petit minet de socio mignon marrant intelligent avec des problèmes adolescents encore
théorie marxiste le prof veut créer un groupe de militants
je suis d’accord on doit se retrouver avec l’a g et le cours de nicos poulantzas
a g avec rémy kolpa-kopoul du comité d’action tout doux tout jeune
la plupart des étudiants sont tout doux et tout jeunes j’aime
de plus en plus de types de droit viennent me voir en dehors des cours pour discuter
poulantzas et son cours sur le fascisme
rémy m’y a suivie et nous restons ensemble ensuite pour discuter avec le prof de théorie marxiste
on veut faire des tracts le type tape le texte on cherche du papier on n’en trouve pas mais on rencontre beaucoup d’appariteurs musclés
je rentre avec le prof
jeudi 13 février 1969
exposé sur tocqueville
nuit agitée
au matin rêves de pierre
réminiscences de ses caresses de ses meilleurs baisers
eau port pont bateau
devoir à faire mais je préfère l’amour
appelé gene
elle semble toujours très forte mais flanche en me parlant
c’est atroce on a l’impression qu’un amour immense et inconditionnel peut être totalement stérile et vain
on ne peut empêcher l’impossible
j’arrive vers quatre heures à la fac à la sortie d’une a g
j’apprends que s’est créé un groupe d’intervention droit qui a décidé d’aller à la gare de l’est ce que je crois inutile
ça les déçoit beaucoup car ils le disent eux-mêmes ils viennent de se réveiller
je reste tirer des tracts
je retrouve michel dans une a g spontanée après la manif
nous traînons tard dans la fac et rentrons ensemble
vendredi 14 février
le jeune michel est de plus en plus caustique
il me rappelle l’esprit de guy s de saint-leu
j’ai enfin des lunettes
d’ailleurs on ne voit plus qu’elle je disparais derrière
ça me plaît
vincennes vers deux heures
film sur les black panthers et débat très intéressant avec julia herve du s n c c student nonviolent coordinating committee
je retrouve marianne
plus tard je retrouve aussi mais lui après trois ans daniel domingo et ça me fait très plaisir c’est lui qui a ouvert mes yeux sur l’art les peintures les sculptures les galeries les musées
il fait très froid à vincennes
je n’ai pas vu michel
il déserte
il faudrait que je travaille
mais je sais que tout ce temps qu’on perd à discuter on le gagne
samedi 15 février
marché de la porte saint-martin
je distribue des tracts pendant que ma sœur fait les courses
froid terrible qui me gèle les doigts les pieds la bouche
je crains que le militantisme ne soit pas fait pour moi ni moi pour lui
douce après-midi
ma sœur tape des articles pour gault et millau
je revois mon programme de droit constitutionnel
ces trois dernières années d’errance n’auront pas été vaines
je comprends un peu mieux maintenant
soir train saint-leu
fridu et cendrine mes animaux
dimanche 16 février 1969
rêves terribles de feu et de mort
je suis brûlée vive et enterrée mais pas tout à fait morte
et de nouveau le feu
puis plus tard rêve de pierre bien sûr
je lui en voulais horriblement
mais de quoi au fond
symboles oniriques de rosemary’s baby
le bébé de gene
le mien
j’en aurais tellement voulu à pierre s’il m’avait fait un bébé
parce que ça aurait été ma faute et parce qu’il n’est plus là
de toute façon consciemment ou non je lui en veux
et ça me rend folle
à part ça neige
je m’engueule toujours avec maman qui m’énerve
je réétudie mon livre d’histoire de seconde et ça me passionne
lundi 17 février
neige sur vincennes
c’est très beau
fourquet à cestas a tiré sur ses deux gosses et puis sur lui quand ces salauds de flics ont donné l’assaut
aberration de la soi-disant justice bafouée paraît-il et la police ridiculisée par elle-même
philippe au cours de libertés publiques
philippe au restau u
michel trente secondes
philippe au cours de droit constitu
philippe à la bibliothèque
jusqu’à ce que je quitte la fac
décidément je suis au mieux avec les biscuits geslot et voreux
marianne au téléphone
puis j’appelle michel
on parle longtemps ça m’étonne en général les types n’aiment pas rester au téléphone
j’ai envie de travailler plus
mardi 18 février 1969
j’aurais aimé que hélène me coupe les cheveux mais quand j’arrive rue guisarde elle est dans son lit et pleure
peu à peu elle m’explique que yannis et elle vont se séparer
il est là aussi mais descend acheter des cigarettes
elle m’expose la situation
elle est à bout de nerfs
alors je me souviens trop de ma propre situation il y a un an maintenant et de l’attitude qu’a eue kiki avec moi quand elle m’a secouée pour me réveiller
j’aimerais que hélène se lève et vienne avec moi
il faut qu’elle parte même une seule nuit
mais je ne peux pas la forcer
ils se disputent
ils ont les mêmes réactions que pierre et moi
je me sens étonnamment forte mais ça me désole
c’est tellement vain
mais christian duc notre ami vietnamien adorable arrive
le courage de sourire et même de rire revient
quand je rentre je trouve kiki devant ma porte du boulevard poissonnière
elle passait là sans savoir que j’habitais là maintenant
elle s’invite avec yves et son copain d’auvergne serge déjà vu chez féraud
nous passons une excellente soirée
ma sœur a invité une collègue d’un certain âge olga qui revit et rajeunit au milieu de nous
mercredi 19 février
hier je me suis surprise à dire à brigitte de la boutique féraud qui m’appelait pour prendre rendez-vous pour la collection
mais je suis très heureuse de vivre
je n’aurais pas pu dire ça il y a un an
et kiki le sait qui a suivi mon évolution pour finalement me récupérer à l’hôpital
tout ce que je dois à kiki
tout
elle est heureuse de me voir enfin installée dans un appartement stable clair propre agréable et confortable
et puis seule enfin
sans des individus comme pierre ou ses frères qui me minaient
3h collection féraud rue du faubourg saint-honoré en face du palais de l’élysée
certains trucs que j’adore qui m’iraient très bien avec des contrastes de couleurs mais beaucoup de choses me semblent trop classiques pour féraud
je n’arrive pas à joindre gérard rychter
il faut absolument que je gagne de l’argent
europe soir
casamayor parle de cestas et de la justice
jeudi 20 février 1969
joli temps plein de soleil
hélène téléphone elle va bien
avec yannis ça va
ça ne me semble que partie remise
elle le sait mais ils ne peuvent pas se résoudre à une séparation
j’arrive à vincennes après quatre heures
à l’a g rémy tout chaud tout doux comme d’habitude
préparation de l’action de demain journée anti impérialiste
puis nous montons au cours sur marx et le marxisme
je connais une demi-douzaine de personnes déjà dont germinal l’anar ami de dany cohn-bendit connu il y a trois ans
après je vais au cours de sciences po avec une camarade journaliste un peu noire
michel arrive me voit ou ne me voit pas et se met de l’autre côté
je suis furieuse
mais je prends ma revanche quand philippe se dérange bruyamment et traverse tout l’amphi pour s’asseoir à côté de moi
ça n’a pas d’importance au fond
à l’entracte joël me rejoint aussi et michel vient dîner avec moi
nous restons ensemble très tard à la cafétéria
il est toujours très caustique
vendredi 21 février 1969
il fait beau merveilleusement beau et si doux
c’est un avant-goût du printemps
cours avec poulantzas
je me trouve en face de christian gaspard qui m’avait raccompagnée un soir au quartier il est un des membres valables du c a comité d’action avec glücksman salmon et quelques autres
puis bibliothèque où je retrouve certains types sympas de droit
michel arrive aussi
j’ai beaucoup de mal à travailler lénine
il fait beau
je suis très vibrante
le drapeau f n l front national de libération du sud vietnam flotte sur la fac dans un vent léger
brusquement je vois daniel l’ami de marianne traverser la bibliothèque et sortir
je le rattrape sans savoir pourquoi
il n’a pas vu marianne depuis longtemps
il me plaît soudain dans ce soleil avec le ciel bleu et rose comme ma robe
il dit que je ressemble à une petite japonaise
une amie passe et dit
oh tu es adorable comme ça
samedi 22 février 1969
je crois que je suis en train de tomber amoureuse
j’ai rêvé et rêvé de daniel
ça m’étonne
j’ai follement envie de lui
j’ai envie de vivre
j’écris très mal
j’entre sans doute dans une période qui ne me laisse pas de place pour écrire puisque je crève de vivre
dessiné aujourd’hui pas mal dans le soleil
vu ce soir sur les grands boulevards en bas de chez nous le film delphine de éric le hung avec dany carrel frédéric de pasquale et maurice ronet
juste agréable pas très profond et déprimant sur le milieu de la mode
quelques robes féraud qui m’iraient encore
un style des gestes une silhouette qui ressemblent à kiki ou à moi en plus ronde
une belle voiture des arbres du mouvement un homme
dimanche 23 février 1969
je voudrais
me marier
bientôt
entre les pommiers en fleurs
près des talus en primevères
à la petite chapelle de kermen
sur le chemin de la source
journée de ciel en nuances
piscine balade
mais trop de monde dans les rues
on rentre on goûte
et je m’endors comme un bébé
le soir je me mets au travail pour faire les devoirs sur les oppressions et la liberté demandés par casamayor pour demain
je me choisis un titre
répression garantie de la liberté
je travaille jusqu’à quatre heures et demie du matin
j’aime travailler la nuit ici quand le boulevard devient enfin calme
marcuse toujours lui
et il a soixante-dix ans
lundi 24 février 1969
mauvais réveil pas assez dormi et mal
je suis nerveuse et de mauvaise humeur ce qui m’arrive rarement
ma sœur est très gentille car elle pourrait m’envoyer balader
mais sa gentillesse m’agace encore plus
après son départ je fais de la gym pour me calmer
mais ça ne m’empêche pas d’avoir une gueule horrible
cours près de philippe
je reste nerveuse parce qu’il ne m’a pas proposé d’entrer dans son futur mouvement politique comme il l’a proposé à d’autres
me croit-il non valable
puis beaucoup de gens au repas entre philippe toujours et rémy et mon petit anar d’un soir et puis vite marianne
mais où est daniel
et puis brice (Brice Lalonde)
même brice qui dit
tu es toute rose
je réponds toujours
ah
et yannis
et michel devant qui je passe très vite
cours avec philippe on s’entend bien et c’est passionnant
plus tard je le retrouve à la bibliothèque il discute avec un voisin
moi je m’avale en deux heures à peine les luttes de classe en france de marx et engels
puis philippe me parle de ses problèmes pour le mouvement et je comprends qu’il m’impliquait a priori dans son truc
je suis flattée mais il me laisse toute liberté d’adhésion ou non à ce nouveau parti socialiste destiné à rajeunir le s f i o section française de l’internationale ouvrière
simplement il refusait de me recruter comme d’autres
puis longtemps il me parle de ses problèmes
ça m’ébranle ça m’inquiète un peu ça me flatte aussi
est-ce mon physique qui lui donne cette confiance en moi
mon physique de petit page comme il dit
je n’ai pas vu daniel le soir
peut-être n’était-ce qu’une illusion entre deux rayons de soleil et un fragment de ciel
mardi 25 février 1969
mardi long et lent
je perds beaucoup de temps à feuilleter des livres dans les libraires proches de la maison dont la librairie nouvelle en bas de l’humanité voisine
puis tardivement je me lance dans un bouquin d’histoire
je n’ai pas fait grand chose
zut
mercredi 26 février 1969
je me réveille trop tard pour aller au cours de rouvier mais je m’en fiche
son cours est hors sujet
je préfère rester étudier l’histoire du sort des paysans avant de foncer à vincennes où j’écoute pendant deux heures sans relâche le cours sur la lutte des classes et le 18 brumaire
enfin je suis l’histoire j’en comprends le sens tout s’éclaire
ensuite le cours de poulantzas sur la théorie marxiste du travail me paraît évident
il m’aura fallu deux ans de droit et un de sorbonne pour comprendre ça
puis au restau u marianne qui s’étonne de me trouver toujours aussi pimpante et daniel arrive
j’aime le regarder droit dans le visage au cœur des yeux
j’aime son autorité
j’aime moins la présence de marianne parce que je la gène malgré elle
jeudi 27 février 1969
margot ma cousine me réveille au téléphone elle est à paris c’est formidable
elle arrive vers midi et demie toujours en retard
je suis ravie de la revoir
elle m’accompagne chez le dentiste et en m’attendant va se balader du côté de la sorbonne
puis nous allons vers la rue d’assas attendre simon à l’i s e p institut supérieur d’électronique de paris
en chemin une douleur commence à envahir mes muscles du dos puis des épaules et enfin de la poitrine je respire avec peine et quand je m’assieds à l’école électronique c’est la crise d’asthme
la vieille secrétaire douce et dynamique m’offre du rhum et du thé
de l’alcool comme marcel proust quand il prend le train pour balbec avec sa grand-mère
simon est en cours
en attendant le bus je suis obligée d’entrer dans une boutique
la fille est aussi très attentionnée
je retournerai lui acheter des pulls
la douleur cette nuit persiste encore
j’ai affreusement envie de vivre
pas de mourir
vendredi 28 février 1969
j’ai mal toujours mal
chaque mouvement chaque souffle est une torture
je dois pourtant aller à maubert porter des trucs pour gault-et-millau
je grelotte je transpire
j’ai mal au dos
je rentre enfin
après un œuf à la coque et un yaourt je m’offre un whisky à l’aspirine et je m’endors
le soleil erre sur les murs
je voudrais
je veux
daniel
je me sens perdue
j’ai mal
rien n’a d’importance
dans vingt jours je l’aurais peut-être oublié
mais peut-être aussi
l’aurais-je
aimé
Écrit en février 1969,
Gaelle Kermen, Kerantorec, le 28 février 2019
Recto de la lettre recommandée du restorat arrivée en retard en raison du déménagement de l’île Saint Louis au 10 boulevard Poissionnière.Un seul feuillet plié et agraffé pour être sûr qu’on avait reçu la lettre recommandée.
Il y a cinquante ans, au mois de janvier 1969, je m’inscrivais à la nouvelle université de Vincennes, appelée alors Centre Universitaire Expérimental de Vincennes, le CUEV. Je reprends mes notes publiées dans Les maquisards du Bois de Vincennes et le Journal 60 pour donner une idée de l’ambiance de l’époque. J’ai aimé cette fac, plus que la Sorbonne et la fac de droit d’Assas. Je m’y suis sentie comme un poisson dans l’eau. Elle a forgé mon esprit critique, m’a donné de bonnes bases culturelles, une excellente méthodologie et les techniques de lecture rapide et de frappe dactylographique qui me servent encore tous les jours. Ces articles sont ma contribution à la célébration des 50 ans de Vincennes.
Mon Journal de l’année 1969 n’a pas été écrit sur un cahier à grands carreaux Héraclès ou Clairefontaine comme les autres années. J’ai pris mes notes sur un agenda disposant d’une page par jour. Le style devient plus rapide, plus concis. Toujours sans ponctuation ni majuscule.
J’ai changé des prénoms pour la publication des cahiers 1960. Pierre est le Michel des Pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne. 69 fut une année érotique, ô combien érotique ! Mais dans ces pages de cinquantenaire, j’élague cette partie intime pour conserver ce qui concerne la fac de Vincennes. Je garde tout ce qui est repérages de l’époque, comportements, modes de vie, styles, mobilier, objets, cuisine, livres, films, théâtre, restaurants, cafés, politiques…
***
Le mois de janvier me voit décider de quitter Nantes où je m’étais inscrite à la Faculté des Lettres, pour m’inscrire à Vincennes, la nouvelle université, créée pour répondre aux demandes des étudiants de Mai 68. J’y retrouve de nombreuses personnes connues à la Sorbonne ou au Quartier latin.
On me propose de travailler comme styliste de mode chez Rychter, une marque de tricot. Je reste à Paris chez ma sœur, d’abord dans l’île Saint-Louis, après le déménagement du Pot de fer. Puis, au 10 boulevard Poissonnière, quand elle devient secrétaire de la revue Gault-et-Millau et qu’elle bénéficie d’un logement de fonction, à côté de l’immeuble de l’Humanité, face au cinéma Le Rex.
Au cours de janvier 1969, je déménage de Nantes, 44, à l’île Saint-Louis, 4e, et de la rue Visconti, 6e, au boulevard Poissonnière, dans le 10e.
La vie à Vincennes commence. Intrépide, rapide, ardente, passionnée, enthousiaste.
Mercredi 1er janvier 1969
réveillon dans un lit avec ma sœur dans l’île saint-louis où elle habite en ce moment et où je l’ai suivie beaucoup dormi raté rendez-vous avec la bande à geismar et glücksman au balzar parce le balzar est fermé le mardi et puis assoupissement de l’île … télé julie driscoll et les beegees je suis contente de commencer quelque chose de nouveau surtout une année que ça soit positif
Jeudi 2 janvier 1969
douceur de l’île saint-louis les matins qui s’étirent envie de robe de velours mais envie de formes modernes
dynamisme piscine
je n’arrive pas à me décider si je rentre à nantes dans quatre jours ou si je reste à paris pour m’inscrire à vincennes pour foncer être entièrement dans le coup … au ramsès où je ne fais que passer bleiptreu me donne d’autorité le téléphone de rychter la maison de prêt-à-porter tricots pour mon avenir créateur est-ce un signe si j’ai un boulot je reste à paris d’autant que peut-être je serai logée gratis
Vendredi 3 janvier 1969
je crois que je vais rester à paris intuition bien commencer quelque chose pour arriver quelque part at least at last …
Samedi 4 janvier 1969
… alexandra m’appelle aurélia m’appelle j’ai beaucoup d’amies on a voulu aller à vincennes mais la fac est fermée
ma sœur vient de se voir proposer un boulot sensationnel secrétaire assistante dans une revue gastronomique et touristique faite par les critiques gault et millau en plus on lui propose un appartement de trois pièces cuisine salle de bain et tout
nous pourrons habiter ensemble en étant indépendantes et travailler surtout moi parce que ce n’est pas au quartier mais près du sentier et des trucs de couture …
Dimanche 5 janvier 1969
saint-leu crise d’asthme of course au fond comme ça j’échappe au repas de famille avec ma grand-mère mon cousin et sa femme qui est assez fatigante parce qu’elle pose des questions sans écouter les réponses
je tricote quand je vais mieux je mets l’après-midi à lire le monde d’hier
je me sens désormais personnellement concernée par les problèmes internationaux et intérieurs maintenant que je suis au courant l’essentiel c’est d’être dans le coup
j’ai aussi des envies de robes d’hôtesse au tricot longues et mousseuses
retour le soir dans l’île saint-louis …
Lundi 6 janvier 1969
c’est fou ce que je dors dans l’île
mon frère louis vient enregistrer des disques de dylan avant de regagner la caserne demain il part à djibouti où il sera moniteur de voile pendant son service militaire
piscine je nage beaucoup et mieux
vincennes beau soleil d’hiver sur le bois
a g dans truc moderne ça me plaît
la première personne que je rencontre est une fille rencontrée à la sorbonne l’an dernier elle fait partie du comité d’action
je rencontre aussi un m l marxiste-léniniste qui enseignera en philo ou socio et une fille qui nous avait apporté à la trésorerie du fric donné par les chanteurs de bobino en grève active
au ramsès bleiptreu me dit de téléphoner le plus vite possible chez rychter qui a besoin d’une modéliste il l’a vu hier mais je n’arrive pas à le joindre … ma vie à venir risque d’être formidable
Mardi 7 janvier 1969
aller à vincennes pour transfert dossier de nantes …
vincennes sous les pluies un peu triste mais envie folle de commencer enfin un genre d’enseignement nouveau
buci passage soloman me parle de pierre mais qu’est-ce qu’ils ont tous à me parler de lui heureusement que je crève d’humour et que je m’en fous …
Mercredi 8 janvier 1969
aller à vincennes 2 h christine au ramsès alexandra 5 h téléphone gérard aller chez rychter …
perdu mon temps avec christine et alexandra puisque j’arrive trop tard à vincennes pour m’inscrire
mais entrevue intéressante chez rychter je crois avoir compris ce qui m’est demandé une de mes qualités est de comprendre vite
Jeudi 9 janvier 1969
il fait beau à nantes merveilleusement départ très tôt le matin pour nantes où je rentre chercher mes affaires je n’ai plus l’habitude de me lever si tôt il va falloir la reprendre pour travailler il me faut tellement tellement toujours travailler … c’est un peu dommage de partir mais je ne regrette rien
Vendredi 10 janvier 1969
lever tôt aussi aujourd’hui pour repartir à paris avec tonton francis et le petit erwan … je commence à noter des idées de tricots
Samedi 11 janvier 1969
je me mets sérieusement au travail mais appels téléphoniques de mes meilleures amies … je me fous des histoires de nanas
après-midi visite du futur appartement boulevard poissonnière sur les grands boulevards face au cinéma rex à côté de l’humanité plein sud avec balcon ça va être sensationnel jamais nous n’aurions pu espérer ça
en tout cas je vois parfaitement ma chambre très moderne très nette avec un mur en vitres une table à dessin assez grande devant la porte-fenêtre et cetera j’y travaillerai très bien …
Dimanche 12 janvier 1969
ma sœur part à saint-leu vers 11 heures passées je vais à la piscine de pontoise après m’être baladée du côté de la mouff je nage beaucoup sans fatigue maintenant je rentre je bouffe me fais jolie et note quelques idées
puis je sors pour aller chez pierre puisque j’ai besoin de dessins qui sont restés rue visconti et que ce matin aurélia m’a appelée pour me dire qu’il me cherchait et qu’il fallait que je me méfie comme si je ne savais pas que pierre serait seulement ravi de me voir ce qui ne rate pas
pot au buci puis je l’accompagne chez lui parce qu’il a pour moi une locomotive miniature jouet c’est original comme cadeau de noël il est tellement sûr que je serai une locomotive si je ne rate pas le train
pour ma sœur il me donne un tatou puis je dîne avec lui rue privas
nous avons toujours beaucoup à dire … je rentre et je travaille jusqu’à trois heures du matin
Lundi 13 janvier
7 h 30-8 h gérard rychter
c’est ce soir que je saurai si je serai une grande styliste ou pas la locomotive
plaisir de rencontrer pierre dans la rue d’être invitée à déjeuner ça n’arrivait pas quand je vivais avec lui
symphonie triomphante de mozart et repos entre deux dessins j’ai fait beaucoup de dessins
vu gérard rychter il trouve qu’il y a beaucoup à faire et que je suis très dans le coup peut-être n’est-ce pas assez tricot trop couture
je dois faire d’autres croquis
lui aussi s’inscrit à vincennes
Mardi 14 janvier 1969
je pensais aller à vincennes m’inscrire mais mes meilleures amies décidément ne m’oublient pas de plus les peintres viennent dans le studio alors en attendant mon rendez-vous avec aurélia je dessine … puis je passe chez pierre il est tout beau tout heureux de me voir
son coup a marché il a passeport et tout bref il m’invite à voir mister freedom de william klein puis à manger une côte de boeuf au pop hot
je le quitte à deux heures du matin
Mercredi 15 janvier 1969
inscription vincennes
fragments les chinois avec terzieff
vincennes matin finalement je m’inscris en dominante sciences politiques en espérant que la licence sera créée
vers 6 heures je vais au quartier ne sachant si je vais ensuite à saint-leu ou si je reste avec pierre au cas où il n’a pas oublié qu’il m’a invitée à aller au théâtre voir terzieff dans fragments
je rencontre devant le buci ses frères et maïté qui veut que j’aille avec elle voir pierre rue visconti
je vais chez hélène très triste parce que yannis passe ses journées à vincennes et la laisse seule
puis je trouve pierre au buci il pensait que je ne viendrais pas
théâtre excellent comme toujours avec terzieff
nous dînons au pop hot nous évoquons les histoires de la sorbonne mais c’est dommage je n’ai plus confiance politiquement
je reste la nuit avec pierre
Jeudi 16 janvier 1969
rosemary’s baby avec pierre angoisse mais je connaissais déjà l’histoire je ne suis pas choquée dehors il fait froid j’ai mal au cœur
pierre m’entoure m’offre des huîtres quand nous rentrons j’ai une crise d’asthme je suis nerveuse et révoltée par la poussière de la pièce et la crasse ambiante
Vendredi 17 janvier 1969
pierre a essayé de me calmer mais n’a réussi qu’à aggraver mon état il prétend que je suis injuste qu’il cherche seulement à m’aider et moi je ne supporte pas
je pars tôt … j’ai une crise pénible angoissante
maman arrive je décide rapidement de rentrer à saint-leu avec elle
Samedi 18 janvier 1969
11 h sciences po réunion à vincennes
j’arrive tôt à vincennes enfin un quart d’heure avant la réunion ce qui représente un tour de force les profs auront fort à faire nous n’hésitons plus à les contrer il n’y a plus de barrières hiérarchiques je n’ose pas encore prendre la parole mais ça viendra
un type qui était deux rangs derrière moi vient s’asseoir à côté de moi il est sympa plein de vie je crois que je m’entendrai bien avec lui et c’est pratique de pouvoir désormais tout de suite tutoyer les gens
je rentre dans l’île per-jakez doit aujourd’hui me rapporter les derniers bagages restés à nantes …
Dimanche 19 janvier 1969
faubourg poissonnière
dessins
per-jakez nous réveille toujours ponctuel précis sûr certain solide je suis contente de le voir et puis il est mignon il a un très beau sourire il nous conduit boulevard poissonnière j’aime sa façon de conduire rapide et efficace sécurisante per-jakez c’est peut-être ce qu’il y a de plus beau en moi c’est toute l’intégrité de l’enfance
je fais mon rideau de toile cirée jaune puis nous rentrons et je dessine jusqu’au soir
pierre n’a pas rappelé pendant que j’étais là
Mercredi 22 janvier 1969
soir rychter grandes discussions il va essayer de faire trois de mes modèles
alors pierre je m’en fous
Jeudi 23 janvier 1969
midi je frappe rue visconti pas de réponse je suis folle de rage maman doit venir tout à l’heure pour m’aider à déménager
je reste avec son frère au buci
à une heure trente nous allons rue visconti pierre a ouvert il paraît très dur et dit qu’il ne pouvait pas ouvrir tout à l’heure bon j’ai compris il y a une nana dans son lit à côté d’ailleurs son sac est là
maman et philibert sont arrivés avec un immense far breton que maman a fait spécialement pour pierre
déménagement nous prenons un maximum de choses
pierre me demande de passer demain à midi pour l’enregistrer sur l’occupation de la sorbonne
boulevard poissonnière je fais des rideaux encore et range l’appartement
à six heures vincennes où je dois avoir réunion d’information de sciences po
des types du comité d’action arrivent flics à la sorbonne profs exclus manifs grève votée avec occupation
arrive le type sympa de l’autre jour je reste manger au restau u et rencontre aurélia
a g à 8 h je décide de rester mon copain est à la tribune glücksman est très beau
Vendredi 24 janvier 1969
toujours à la fac
à une heure à la cafétéria je retrouve mon copain très étonné de me voir là
les voilà aurélia fonce moi aussi mais sans voir grand-chose les c r s courent partout je suis entrée dans le bâtiment c je me retourne les c r s entrent dix mètres derrière moi je fonce tout droit dans l’escalier et me retrouve dans la zone d’autodéfense où je ne voulais pas aller étant non-violente attente longue attente on se sent tous proches révoltés de voir les c r s faire les cent pas en bas devant les amphis
puis attaque je monte au 2e étage avec ceux qui ne veulent pas se battre on étouffe on pleure on entend crier descendez on descend ne les touchez pas
alors vous n’êtes pas mieux là grand amphi on respire si bien ici
attente des autres puis on est tous embarqués dans les cars vers beaujon
à beaujon attente parqués dans des cellules serrés comme du bétail
slogans nous sommes tous des juifs bretons on a tous tué marcovic
fouille identité photos fichage
attente on entend des cris pour nous mettre en condition
je commence à ne plus pouvoir respirer
à trois heures de l’après-midi on nous relâche là dans la rue devant l’hôpital j’ai une crise d’asthme épouvantable
j’appelle ma sœur qui a dû s’inquiéter aurélia l’a réveillée à trois heures du matin pour lui dire que je serais battue matraquée et tout parce qu’aurélia elle s’est tirée elle a eu raison d’ailleurs
je me repose me restaure m’endors
ma sœur revient nous allons dîner chez maya rue de fürstenberg
Samedi 25 janvier 1969
pierre nous réveille au téléphone vers onze heures il est très brillant il ne part pas aujourd’hui parce que les banques sont fermées et qu’il ne peut toucher le chèque qui devait payer son voyage il veut que je l’enregistre sur ses histoires de la sorbonne il n’a pas dormi son appartement avait été mis sens dessus dessous par ses futures occupantes et puis il a eu des histoires avec des nénettes
moi il m’embête avec ses conneries mais je fais assaut d’humour comme d’habitude
maya arrive vers midi je me lève avec effort j’ai des difficultés à retrouver mon rythme respiratoire
piscine eau trop froide ou moi trop fatiguée je perds complètement mon souffle
je m’endors après le repas tout l’après-midi jusqu’à huit heures
dîner avec ma sœur au théâtre de la ville
puis visite chez hélène qui nous coupe les cheveux il y a deux cinglés chez elle en plus de yannis
Lundi 27 janvier 1969
15 h vincennes marxisme et théorie de marx 17 h vincennes sociologie des classes sociales
il paraît qu’on risque des sanctions pour avoir occupé vincennes
je rencontre jacques de la sono sorbonne et philippe de l’occupation qui me dit voilà ce que c’est de devenir gauchiste ah bon
Mardi 28 janvier 1969
10 h 30 vincennes national-socialisme amphi 3 étrangeté de me retrouver dehors avant dix heures
cours avec rouvier jeune sportif actif brillant et horriblement cabot ne cesse de nous parler de ses petits copains edgar faure et autres mais son cours est pour l’instant intéressant
rencontre michel mon petit camarade de droit ravi de me voir était déjà dans l’amphithéâtre quand nous avons été pris dans la zone d’autodéfense m’avait fait de grands signaux que je n’ai pas vus
bon on ne se quitte plus on mange on prend le café
l’après-midi je rentre à paris j’ai mal aux dents je rate toute ma fin de journée
Mercredi 29 janvier 1969
10 h 30 national-socialisme 16 h sociologie économique
il y a beaucoup de choses pour lesquelles on peut et doit lutter mais pour ça il faut être fort
cours avec rouvier il m’énerve paraît que dès qu’il lève le petit doigt le monde s’empresse de faire des articles on verra de plus son cours devient trop érudit on veut de l’action cher professeur
après le déjeuner je finis par retrouver michel on passe les tests d’anglais ensemble c’est marrant
puis il part je reste à l’a g de socio puis on reste pour éco po pour voter la motion contre la participation
arrive aurélia puis brice aussi
a g successives
je dîne avec yannis qui mourait de faim
socio économique a g de psychanalyse près de glücksman
Jeudi 30 janvier 1969
18 h histoire des idées politiques
nuit de souffrance atroce je deviens folle avec ces foutues dents
j’ai dit à pierre que je n’aurai pas le temps de le revoir avant son supposé départ à londres déjà retardé de huit jours ni pour l’interviewer sur mai mai on s’en fout maintenant et je perds mon temps
à part ça difficultés pour faire soigner mes dents
mais vincennes c’est passionnant avec michel mon petit camarade de droit on intervient tout le temps on va avoir fort à faire avec les types de l’u e v union des étudiants de vincennes
jeu de mots quitte cette u v rejoins l’u e v
cours très intéressant
Vendredi 31 janvier 1969
18 h 30 droit constitutionnel 21 h 30 soirée chez kiki féraud
si nous voulons lutter activement il va nous falloir d’abord travailler comme des dingues ça a bien commencé il nous faut être les plus forts
je rencontre toujours michel à la bibliothèque nous nous retrouvons entre deux livres il est sympa nous travaillons ensemble assez longtemps
soir je vais chez kiki à un dîner avec gilbert le frère de pierre j’avoue que ça ne m’amusait pas mais ça ne se passe pas trop mal gilbert a l’air de plaire à yves le fiancé de kiki
je me sens un peu bizarre au début sortant de vincennes comme ça me retrouver là c’est étrange j’ai les yeux qui s’enfoncent
comme dit tout de suite yves avec des yeux pareils ou on fait beaucoup l’amour ou on fait la révolution
La version d’Antidote 10, sortie pour fêter les 25 ans de Druide, marche bien avec Scrivener 3. Nous retrouvons nos petits, que nous avions perdus depuis la mise à jour du système Mac de High Sierra à Mojave.
J’ai fait une série de captures d’écran pour vous guider dans l’installation sur Mac OS Mojave.
Si vous avez enregistré votre précédente version d’Antidote, vous avez dû recevoir un courrier papier et un courriel ou plusieurs. Attention : le prix de la mise à jour est garanti jusqu’au 31 janvier 2019.
Acquérir Antidote 10 sur le site de Druide
Antidote a repéré les logiciels installés sur l’ordinateur. On sélectionne et on clique sur Installer.
Après, c’est un peu confus, en haut on nous dit que c’est installé, ensuite on nous dit qu’il faut installer manuellement. Personnellement, j’ai fait la procédure pour Google Chrome, Mail et Safari. Je n’ai rien fait pour les autres et le Correcteur était accessible dans Scrivener, Pages et TexEdit. Donc vous pouvez essayer sans l’installation manuelle pour voir.
Donner les autorisations de sécurité
Préférences Systèmes… ->Sécurité et confidentialité
Modifier l’accès au complet au disque
Pour que les modifications soient prises en compte, pensez à modifier les autorisations de sécurité en cliquant sur le cadenas et mettant votre mot de passe de l’ordinateur.
Aller au dossier…
Antidote conseille une manipulation particulière : Aller -> Aller au dossier…
Accès complet au disque pour glisser les deux app de Connectix dans le dossier Antidote.
Installer manuellement l’extension Safari
Installer manuellement l’extension Google Chrome (pratique pour corriger un blog en ligne)
Installer manuellement Mail anti Oups pour les pièces jointes
Les connecteurs sont bien installés, comme au début. C’est ici qu’on pourrait les désinstaller.
Enregistrement du correcticiel Antidote : nouveau compte à créer
Test sur Scrivener 3
Maintenant on peut tester avec Scrivener.
Tout va bien, on retrouve enfin le Correcteur actif au-dessus des Dictionnaires et Guides. La vie peut reprendre son cours. Je clique sur Correcteur en ouvrant une page et ô merveille, la page Antidote apparait devant la page Scrivener.
Après, on peut régler les paramètres pour avoir, par exemple, des guillemets français à la place des guillemets anglo-saxons que m’avait mis Word autrefois, en 2010…
En regardant un peu plus dans la fenêtre de gauche, je vois qu’Antidote a répertorié tous les noms propres de la page. Un truc à creuser. Ça existait peut-être avant, mais je ne l’avais jamais remarqué.
Les trois icônes sont disponibles en bandeau séparé.
La Langue et la Typographie sont toujours accessibles.
Test sur WordPress
J’ai installé l’extension pour Google Chrome, le navigateur que j’ai choisi par défaut pour mon Mac.
Je teste sur une page de blog. Je clique sur la fiole Antidote visible en haut de la page WordPress dans la barre de menu du navigateur.
Les trois icônes apparaissent. Je clique sur la flèche verte.
Une fenêtre apparait. Il faut copier le texte.
Ce que je fais de l’article en cours et je vois tout de suite soulignée en rouge une faute d’accord. Bien sûr ! Il faut corriger manuellement, la version est encore Bêta.
Synchroniser les appareils
Et voilà, tout semble bien marcher désormais, comme cela m’a été confirmé par quelques auteurs qui m’avaient appelée au secours en ne retrouvant plus le Correcteur en haut de leurs pages Scrivener.
Des Pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne
Extrait des derniers chapitres
Portrait par Jakez Morpain l’été 1968
Sous les pavés, la grève
Ce monde est devenu trop violent. Tout va trop loin. Cinquante ans après Mai 68, je réalise à quel point nous étions des gentillets, des utopistes, des rêveurs, des anarchistes non violents.
La situation est bien différente aujourd’hui. Police partout, Justice nulle part. Aussi est venu le temps de la grève générale.
Comme le dit Gaël Quirante, syndicaliste CGT de la Poste dans un article de Reporterre le 10 mai 2018 :
« Pourquoi a-t-on gagné en 1995 ? Parce qu’il y a eu une grève reconductible chez les cheminots, qui reprenait tous les jours et imposait un rapport de force au gouvernement de l’époque. Pourquoi a-t-on gagné en 1936 ? Parce qu’il y avait une grève reconductible et des occupations d’usine. Pourquoi a-t-on gagné en 1968 ? Parce que sous les pavés, il y avait, avant tout, la grève. »
J’arrive à la fin de ce livre alors que le mois de mai s’achève. Le Grand Soir n’est pas encore là. Les jours heureux de la reconstruction de la France sous le Conseil National de la Résistance ne sont pas revenus.
Mais ce qui s’est passé entre les cheminots, les étudiants, les soignants, les retraités, les zadistes etc, personne ne peut nous le reprendre. Les luttes continuent partout, invisibles souvent, mais réelles et bien vivantes. Je sais qu’elles finiront par gagner sur les privilèges des élites.
Sous les pavés, la grève !
« — Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui battez les rues, manifestant, jetant au milieu de nos discordes la bravoure et l’espoir de vos vingt ans ?
— Nous allons à l’humanité, à la vérité, à la justice ! »
Émile Zola in Lettre à la jeunesse, La vérité en marche, Charpentier, Paris, 1901
Au printemps 2018, je finissais mon livre sur Mai 68 par cette page de conseils. Le temps est arrivé. Une grève générale est lancée pour le 5 février 2018 par les Gilets jaunes.
Quelques conseils pratiques pour affronter une grève longue et paralysante
Prenons nos précautions. Préparons des provisions.
Prévoyons des groupes électrogènes, des bouteilles de gaz, des feux de bois.
Prévoyons des bougies, des lampes LED.
En cas de coupure d’électricité, les plats congelés risquant de se perdre, faisons des conserves et préparons des plats lactofermentés.
Stockons des packs lyophilisés de survie.
Stockons des éléments de première nécessité.
Stockons de l’eau. Repérons les points d’eau.
On trouve de l’eau dans les cimetières, sauf en cas de coupure généralisée pour pollution grave ou autre événement exceptionnel.
Cultivons nos jardins dans nos potagers, sur nos terrasses, nos balcons, devant les baies vitrées. Apprenons les plantes sauvages qui peuvent nous nourrir en cas de pénurie de vivres.
Utilisons les outils à notre portée.
Privilégions les chargeurs solaires pour nos tablettes.
Stockons de l’essence ou ressortons nos vélos.
Changeons notre façon de consommer.
Allégeons les courses. Allons au plus près.
Réinventons la vie. Notre survie est à ce prix.
Vive la grève générale du 5 février 2019
Préparons-nous dans nos têtes à nous priver d’énergie. Autrefois, en 67, par exemple, nous étions habitués aux grèves générales d’une journée, l’électricité était coupée, il n’y avait ni métro ni bus pour se déplacer dans Paris, ni train pour aller et venir en banlieue parisienne. En 68, tout s’est arrêté et c’était pas triste, comme disait Gébé, de Charlie Hebdo : « On arrête tout et c’est pas triste ! »
Nous sommes devenus habitués à plus de confort qu’il y a cinquante ans. Chaque période longue de coupure de courant nous ramène à l’âge des cavernes, à la préhistoire, ou à l’Ancien Régime. Il va falloir être solidaires. Les épisodes de catastrophe naturelle nous redonnent le sens des priorités. Je me souviens de l’ouragan qui avait laminé la Bretagne la nuit du 15 octobre 1987. Nous étions restés un mois sans électricité ni téléphone. Certains avaient le réflexe du « Chacun pour soi » et « Moi d’abord, les autres après », comme me le racontait tristement un ami couvreur. On a vu aussi se lever de nombreuses solidarités où chacun se donnait la main. Ici, chez moi, à Kerantorec, nous avons reçu pas mal de monde, qui ne pouvait pas faire à manger. Moi j’ai toujours du bois pour faire un feu. Et nous avons fait preuve d’imagination pour accommoder ce qu’il fallait consommer en urgence des congélos. Il m’en reste de bons souvenirs de grandes tablées et des tableaux qui émergeaient chaque jour sous nos yeux de l’imagination colorée d’Yves Samson.
Alors, vive la grève générale ! Enfin, la CGT a choisi une date, le 5 février. Les Gilets jaunes ont lancé le mot d’ordre d’une grève générale illimitée à partir de cette date.
Le premier janvier 2018, j’avais créé un Nouveau projet 2018-JOURNAL pour avoir dans un seul endroit tout ce que j’ai à gérer au fil des mois et des saisons. L’expérience a été positive puisque je la renouvelle en 2019. C’est aussi une bonne façon de gérer des projets multiples.
En fin d’année 2018, j’ai dupliqué le projet entier sur mon iPad (histoire de tester la capacité de Scrivener à gérer de gros dossiers sur l’application via Dropbox, c’est oui). Sur le bureau du Mac mini, dans mon bureau, pas dans mon lit, j’ai créé un Nouveau Projet Vierge et j’ai fait glisser le dossier dupliqué dans le dossier racine. La procédure est rapide, simple, efficace. Plus besoin d’importer ni de convertir quoi que ce soit. On gagne un temps fou et on n’importe que ce qu’on veut.
Un aperçu de tout ce que je peux engranger dans mon unique Projet Scrivener : des milliers de pages !
Au passage, j’ai eu une idée de ce que j’avais écrit en 2018 en ouvrant la fenêtre des Objectifs du projet JOURNAL-2018, après avoir enlevé la partie dupliquée.
Écran des Objectifs de Projet sur Scrivener 3 pour Mac
Dans tous les documents écrits du classeur, Scrivener a comptabilisé un total de 589 876 mots, l’équivalent de 1643 pages, un temps de lecture de près de 40 heures. Ouah ! Pas si mal, car je suis du genre à penser que je n’ai pas foutu grand-chose ! Scrivener remet les pendules à l’heure.
Mon classeur aux projets multiples se présente ainsi pour 2019 sur l’iPad mini 4.
Écran du Projet 2019_JOURNAL sur iPad mini 4
Voici comment je m’organise. Dans mon Journal de 2019, j’ai tout ce dont j’ai besoin pour avancer à grands pas tous mes projets.
CoversAdam
Pour travailler avec Adam Molariss sur les couvertures des ouvrages sur lesquels je travaille, j’ai ajouté un dossier CoversAdam. J’y note une idée de couverture quand l’esprit souffle.
ÉBAUCHE retitrée
Dans le dossier essentiel du projet, l’ébauche, je mets le manuscrit en cours, ainsi je peux voir son avancement en mots, particulièrement au moment des mois d’écritures intenses que sont les deux Camps NaNo de printemps et d’été, en avril et juillet, et le mois de NaNoWriMo en novembre, les mois où l’activité essentielle est d’écrire un projet.
On voit que dans mon ébauche actuelle, deux projets sont enregistrés, deux projets qui se sont imposés à moi récemment en raison d’échanges avec d’autres auteurs, en particulier celui sur Aeon Timeline, dont je viens d’acquérir l’application pour iPad, toujours pour écrire dans mon lit en hiver et dans mon jardin en été.
L’ébauche n’a pas de couleur, l’icône est celle d’un livre manuscrit. Les deux dossiers à l’intérieur sont verts, comme le sont les PROJETS. Je sais ainsi que ce sont les manuscrits en cours de travail. Lorsque je serai dans une phase de formatage, je les sortirai de ce projet général de l’an 2018, pour les traiter individuellement dans Scrivener 3 sur le Mac mini au bureau. D’ici là, je peux les étoffer, sur l’application de l’iPad, en étant dans mon lit en hiver, sur la terrasse ou dans le hamac en été.
Ces deux dossiers sont en vert, la couleur que j’ai choisie pour les dossiers représentant des PARTIES dans mes livres.
JANVIER Journal et JANVIER Chantier
J’y mets les dossiers du journal de vie et du cahier de chantier du mois en cours. C’est ici que j’écris quasiment tous les jours. Ces deux dossiers sont couleur sable, l’étiquette choisie pour les Chapitres. J’ai mis des icônes de carnets de notes de différentes couleurs, jaune de l’inspiration pour le journal de vie et vert pour le chantier qui me voit souvent sortir dehors au milieu des champs et des bois pour avancer mes travaux (je ferai le réaménagement de ma maison en mars).
Des manuscrits en cours
Hors de ce dossier, j’ai stocké le projet commencé en novembre 2018, Kerantorec un domaine breton. Il est en cours de rédaction, à portée de clic.
J’ai un livre sur l’écriture qui doit être relu et corrigé, je le garde à portée de main, pour revoir l’ensemble, avec celui sur la publication indépendante et le nouveau. Écrire un livre entier sur iPad avec Scrivener iOS, c’est mon dernier défi. Tous les livres se complètent, je veillerai à ne pas me répéter outre mesure.
La cuisine plus simple grandit aussi au fil des saisons, je mets au point mes recettes les plus pratiques pour pouvoir écrire tranquillement dans mon coin, en ayant prévu de quoi tenir un siège. Je me suis toujours organisée pour travailler sans avoir besoin d’interrompre ce que je fais. J’aime bien manger, je ne suis pas très douée comme le sont la plupart des gens qui font des livres de cuisine, mais je sais écrire ce que je réalise, je peux donc apporter ma vision des choses pour décomplexer tous les auteurs qui ont comme tout le monde besoin de manger pour vivre, mais ne veulent pas y passer trop de temps afin de se consacrer à l’écriture.
Dessous, j’ai le projet du Bricolage, la relation des travaux que j’ai assumés le plus souvent seule sur mon domaine depuis plus de trente-cinq ans. Je commence à avoir une certaine expérience, le temps est venu de la transmettre. Et je me remettrai au boulot dès le beau temps sec revenu.
J’ai préparé aussi un projet de Jardinage plus simple qui développera les étapes nécessaires à l’élaboration d’un parc, car ma flourenn d’origine (prairie humide en breton) est devenue un parc en quarante ans de travail sur son paysage, grâce aux échanges avec les ami(e)s jardinier(e)s et son entretien au fil des saisons.
J’ai mis des icônes sur les dossiers pour me repérer en plus des couleurs des étiquettes.
ARTICLES BLOGS 2019
Dessous encore, j’ai un dossier d’articles de blogs. Je crée toujours un article sur Scrivener avant de l’exporter dans mes blogs WordPress.
L’avantage est que je retrouve ainsi très vite une information, que je pourrais rechercher d’abord dans le calendrier de l’iPad (Calendar) puis dans les entrées quotidiennes datées de mon journal.
J’ajouterai un dossier PUBLICATIONS 2019, dès que j’aurai publier un des livres en cours.
RECHERCHE
Le dossier Recherche, c’est un peu le fourre-tout, le grand bordel organisé, où je stocke les choses quand je n’en ai plus besoin, au cas où, comme des Chutes, sorties des manuscrits en cours, quand je relis et réécrit.
C’est là que je range les dossiers complets : tous les mois du journal de vie et du cahier de chantier.
L’an dernier, j’espérais faire des travaux sur ma maison. J’avais constitué un dossier où je gardais les dossiers de demande et réception de devis, d’échanges de courriels, et tout ce qui était nécessaire pour retrouver rapidement un document. Les travaux ont été faits en décembre. Je ne le garde pas dans le projet 2019.
J’ai archivé le dossier TRAVAUX_2018 dans le dossier SCRIVENER2018 avec les dossiers de tous les livres que j’ai écrits, publiés ou aidés à écrire et publier. Je retrouve ainsi très vite mes petits lorsque j’en ai besoin.
Je ne stocke pas tellement de recherches dans ce dossier. Je fais des recherches de précision au moment de la réécriture, rarement au moment de l’écriture, pour ne pas casser l’élan de l’inspiration, le jet de l’idée qui s’impose à l’esprit.
Je fais des recherches sur un autre support, soit l’iPad mini 4 ou l’iPhone 5c, depuis que j’écris aussi sur un plus grand iPad. Je ne stocke pas, je corrige tout de suite la précision trouvée pour compléter mon texte.
Je garde toujours mes projets légers, je n’ai aucun problème de synchronisation, elle se fait rapidement.
Conflits
L’application Scrivener iOS ou le logiciel crée un dossier Conflits au cas où la synchronisation entre les différents supports présenterait un conflit. C’est le cas quand on écrit sur un deuxième support sans avoir enregistré d’abord l’écrit sur le premier support.
Je vérifie néanmoins le dossier Conflits quand la notification Scrivener me le signale, j’enregistre la page ou les pages en question et je les supprime tout de suite ou quand j’ai un moment.
Poubelle
Tout en bas du Classeur se trouve la poubelle. J’essaie de la vider régulièrement. On peut être freiné dans la synchronisation si on laisse les deux derniers dossiers s’alourdir inconsidérément.
Sortie d’un manuscrit pour les corrections, le formatage et la compilation
Lorsque je considère que j’ai terminé le manuscrit, je le sors de ce cadre où je l’ai suivi le temps nécessaire. Je le sors sur la version 3 de Scrivener et je le mets dans un dossier spécifique du bureau de mon Mac mini. Je le traite alors comme un livre à part entière et je fais les corrections avec Antidote avant de le compiler en vue des diverses publications, selon les formats :
epub pour le relire et le faire relire par des bêta-lecteurs,
mobi pour Amazon KDP,
docx pour être formaté en broché sur Pages en utilisant un gabarit fourni par Amazon Print,
en doc pour publier sur Smashwords qui fait les conversions en tous les formats numériques.
Dernière vérification : avec Sigil pour l’epub. En général, la réponse de l’epubchecker est : « Aucun problème trouvé ! » Et là, je dis : « Merci Scrivener ! »
Le tableau de bord Scrivener iOS
Je n’aime pas avoir beaucoup de projets sur le tableau de bord de Scrivener iOS de l’iPad. Cinq est le maximum. Sinon, je ne les vois plus. Je n’aime pas quitter le projet général pour noter une idée, développer un propos quand il me suffit d’écrire une nouvelle page et de la ranger dans un dossier un peu plus bas. Je maîtrise donc mieux mes projets cumulés dans un seul projet, ce qui me permet de faire plusieurs publications par an de projets conséquents.
Les projets en plus du Projet 2019_JOURNAL sont des projets temporaires, des essais que je fais pour répondre aux demandes formulées par mes lectrices et lecteurs, ou par les scrivonautes du groupe Facebook ScrivenerFR. Nous avançons tous en même temps. Beaucoup d’inspiration et de stimulation s’échangent ainsi.
Mes garanties d’ordre et sauvegarde
Ainsi, j’ai toujours et partout mes dossiers en cours avec moi. Ils sont accessibles par Dropbox de tous les supports d’écritures, fixes ou mobiles. Je ne perds plus de temps à chercher où j’ai mis telle ou telle page. Je ne crains pas de perdre mes écrits, une synchronisation se fait automatiquement depuis Dropbox dès que j’accède à mon ordinateur de bureau et une sauvegarde se fait aussi automatiquement sur Time machine.
Chacun, chacune, a sa méthode, je ne sais quelle est la vôtre. Voici la mienne, que je trouve positive au bout d’un an d’utilisation. Fertile, féconde, prolixe et créative.
À vous de jouer avec vos manies et habitudes. Belle année d’écritures et publications !
En l’an 2019, on remet tout à neuf !
Gaelle Kermen,
Kerantorec, 28 décembre 2018/19 janvier 2019
Mise à jour du 22 janvier 2019
Je viens de mettre un lien aux modèles Scrivener 2019 sur mon site, à télécharger sur un ordi, décompresser, faire glisser dans un projet Scrivener et modifier selon besoins.
Merci à Catherine Hervais et Yvon Beaulieu, qui m’ont conduite à faire le point sur ma méthode d’organisation. Espérant aider les auteurs francophones à mieux s’organiser pour focaliser leur concentration sur l’essentiel : écrire !
L’année 2018 a été un très bon cru, une année féconde, riche en rebondissements, jusqu’au dernier mois. Ce que j’espérais, en écrivant au printemps Des Pavés à la plage Mai 68 vu par une jeune fille de La Sorbonne, s’est matérialisé à la fin de l’année, par des chemins que nous n’aurions jamais osé rêver, ceux des Gilets jaunes, issus de toutes classes de la société, de toutes conditions, multiples et diverses, à l’image de la richesse de la France.
De mon côté plus modeste, je suis assez satisfaite du bilan que je tire en cette dernière semaine de l’année. J’ai bien avancé tous mes projets prévus et je me suis offert le luxe d’écrire deux projets imprévus, qui se sont imposés à moi au printemps et à l’automne et que j’ai pu construire lors des mois de NaNoWriMo, en avril et en novembre.
Voici un bilan des publications indépendantes que j’ai menées à bien en 2018. Je mets des liens universels, permettant d’acheter les livres sur les plateformes que vous préférez selon vos tablettes et supports de lecture numérique.
La publication de deux guides Scrivener plus simple
Scrivener 3.0 Introduction aux Tutoriels anglais le 19 janvier 2018. Ce guide est gratuit, il est conseillé de commencer par lui avant d’aborder le suivant, plus complet dans la prise en main du logiciel de bureau. https://books2read.com/u/baz5j6
Scrivener 3 plus simple Guide francophone de la version 3.0 pour Mac le 2 février 2018. Un guide pratique d’initiation au logiciel de bureau. books2read.com/u/31x56D Versions numériques disponibles sur Amazon, Smashwords, Apple, Kobo, Iggybook
Révision complète de deux livres précédemment publiés.
Le Journal 60, formaté sur Word en 2011, était refusé en Premium par Apple (table des matières non conforme).
Le guide Smashwords plus simple pour les francophones était également refusé par Apple parce qu’il pointait vers Amazon (concurrent) et que j’avais mal orthographié Apple iBooks Store (plus tâtillon, on meurt). Relecture en epub sur l’application iBooks, corrections sur Scrivener 3 avec Antidote 9
Republication sur Amazon et Smashwords (Apple, Kobo Fnac)
Une nouvelle aventure littéraire : la quête des archives
Des pavés à la plage, Mai 68 vu par une jeune fille de la Sorbonne, archives, souvenirs, bilans Recherches faites dans les archives en février et mars 2018
Rédaction lors du Camp NaNoWriMo de printemps en avril 2018 sur iPad iOS
Corrections en mai 2018 sur Scrivener 3 et Antidote 9
Kerantorec un domaine breton (en cours d’écriture)
Entre Kerantorec et moi, c’est une histoire d’amour. Comme dans les histoires d’amour, il y a de la passion, des drames, des douleurs, des grandes joies, des épreuves, des réussites, des vilains, des rencontres et beaucoup de petits bonheurs.
Je raconte l’histoire de mon village avant moi, au cours des siècles depuis la préhistoire, puis l’histoire des Travaux d’Hercule que j’y ai faits moi-même. J’y vis la vie que je rêvais dans ma jeunesse. Son histoire peut être inspirante pour d’autres créateurs, comme elle l’a déjà été pour des artistes et écrivains passant par Kerantorec.
Kerantorec un domaine breton a été commencée lors du NaNoWriMo de novembre 2018. J’ai construit la charpente de l’ouvrage. Elle s’est actualisée lors de la restauration du toit de chaume en ardoise sur la partie la plus exposée et sinistrée de la maison. J’ai suivi les travaux des couvreurs au jour le jour, avec une belle admiration pour leur savoir-faire. L’histoire se développera en 2019 dans la relation de mes travaux précédents que j’ai faits moi-même sur mon territoire.
L’assistance numérique à deux auteurs francophones
Désormais, j’ai les bons outils pour écrire mes propres écrits, mais aussi pour aider des auteurs amis à corriger et formater les leurs. J’ai donc eu l’honneur de participer à deux belles aventures littéraires.
Nous avons eu différentes séquences de travail pour mettre en forme un manuscrit abouti. Avec l’auteur sur place à Kerantorec pour mettre au point les conventions de correction. Deux rencontres passionnantes.
Puis seule. Relecture du format epub sur l’iPad (soulignement des erreurs).
Le texte étant très riche, très dense, très documenté, avec de nombreuses citations, il a fallu plusieurs relectures. Les corrections on été faites sur Scrivener 3 avec Antidote 9.
Quatre éditeurs étudient le manuscrit de Waiting for Tina. Nouvelles l’an prochain.
Ces livres étaient d’abord un seul projet écrit lors du premier Camp NaNoWriMo de janvier 2017, projet développé au NaNoWriMo de novembre 2017, qui a sécrété plusieurs ouvrages spécifiques. Gardés dans mon Journal_2018, sur l’iPad et l’application Scrivener iOS, ces dossiers se voient souvent étoffés de paragraphes ou chapitres supplémentaires au fils des jours et des mois. Méthode de travail particulièrement efficace que je vais expliquer dans un prochain article.
Gaelle Kermen,
Kerantorec, le 27 décembre 2018
Crédit couvertures : Adam Molariss for Indiegraphics
sauf Journal 60 : GK