Extrait du Journal 70 publié sous le titre Clandestine 70 (sortie en septembre 2020)
du côté de kensington gardens
londres et hélène retrouvées
londres et des relents d’enfance dans les odeurs rencontrées nulle part ailleurs
londres et mon asthme évidemment
besoin d’aller consulter à saint mary abbots hospital
ma fatigue
l’envie alors de ne rien voir
j’attendais chaque soir le retour de hélène
je me suis mise à tirer les tarots comme une folle
chaque fois dans le jeu revenait une carte gênante et je savais que c’était zabeth
mais le soleil était là aussi et j’allais gagner
nous parlions beaucoup hélène et moi
quand bruno ne comprenait pas quelque chose qu’il voyait ou entendait il nous demandait et nous lui expliquions
l’histoire de la vierge marie pour expliquer la virginité était sublime comme exemple d’impuissance d’adultère et d’immoralité déguisés
depuis si longtemps qu’on nous raconte ça
hélène retrouvée c’était comme une ancienne vie revenue
c’était le même brillant la même folie verbale et mentale
le même amour
je savais que j’avais besoin de ça avant de me plonger dans une autre vie à venir
une vie différente
sans doute plus équilibrée
je suis aussi allée voir élise
elle habite à barnes en dehors de londres dans la presque campagne si douce en angleterre avec les champs les ruisseaux et les mares aux canards en plein village
élise était belle et sereine
sécure elle a dit
elle se sent sécure
auprès de peter son futur mari irlandais qu’elle épouse le 6 septembre
l’après-midi s’étirait doucement avec le thé préparé par élise dans les règles de l’art
nous avons beaucoup parlé d’ava qui reste pour nous la plus belle femme que nous ayons connue avec son étrangeté et ses défauts sublimes
il ne manquait qu’ava parmi nous
depuis trois ans à l’époque d’aquamarina
hélène avait cru l’apercevoir un jour à londres mais avait pensé rêver
c’était sans doute elle si j’en crois ce qu’on nous a dit à bomarzo
comment la retrouver
c’est inutile sans doute
tout a changé
nous nous revoyons calmement mais nous avons changé
pourtant nous nous aimons toujours
élise pense que cette année toutes nos vies vont se stabiliser
elle se marie
moi je ne vais pas tarder à le faire aussi pense-t-elle
et elle souhaite à hélène de retrouver yannis
c’est la seule chose possible
et impossible
pour un amour trop fort pour vivre
aussi fort que la haine
fait de désespérance et de violence
comparable à rien d’autre
en dehors de toute norme humaine
élise était belle
peter était beau
ils s’harmonisaient étrangement en cette fin d’après-midi anglaise au jardin d’un pub devant la mare aux canards
élise à l’incroyable vie
élise aux yeux brillants des fumées de haschich
élise qui sereinement faisait des voyages au l s d
élise que rien n’étonnait jamais
élise qui aimait tout le monde et ne jugeait personne
comme brendan
mais pas par les mêmes moyens que lui
elle par le partage des corps
lui par l’ascèse de l’esprit
élise à qui la tante d’ava avait dit
ne perdez jamais le contact avec marine elle vous protège parce qu’elle est elle-même protégée
élise qui s’était dévoyée
élise qui se camait
élise qui aurait pu se perdre
élise la douce
élise la tendre
élise la majestueuse
élise était la plus pure d’entre nous
son amour universel rayonnait toujours par son demi-sourire boudhique et ses yeux plissés de compassion
Extraits du Journal de vie après l’écriture et la publication en précommande de Scrivener 3 plus simple : guide francophone de la version 3.0 pour Mac Réflexions sur la santé en écriture et la nécessité de faire du sport pour bien vivre
Vendredi 26 janvier 2017
J’aimerais bien ne rien faire en travail pour décompresser. Je vais essayer de faire un tour à vélo jusqu’à Trenez pour m’aérer et méditer devant la mer. Besoin de voir un horizon plus large après deux mois d’intense concentration dans mon cocon laborieux. J’imagine déjà mon itinéraire, je ne peux pas passer par les chemins qui doivent être complètement embourbés en ce moment. Donc, ça va être la route ! Je visualise mon parcours.
Maintenant que je me suis arrêtée, après deux mois d’exercices intellectuels intenses, je sens la fatigue me tomber dessus. Tous mes muscles crient, épaules, nuque, bras, mains, dos, torse, cuisses, jambes, tout a été tendu comme un arc avant la décoche de la flèche. Dans ces cas-là, la meilleure thérapie, c’est de continuer à exercer le corps dans une autre activité physique. Si je m’arrêtais, ce serait beaucoup plus dur. Mais si je fais une bonne virée à vélo et que je prends l’air en oubliant les soucis et angoisses de publication, je sais que tout ira bien. Le soleil est là, le vent est tombé, j’en profite. En route avec Strava !
Samedi 27 janvier 2018 7:17 lit clavier iPad
Je l’ai faite ma virée ! Et j’en suis transformée. Physiquement d’abord, parce que les tensions se sont déplacées, j’ai toujours mal partout, mais de façon uniforme et confortable. Intellectuellement, je me sens ressourcée, renforcée dans mes convictions qu’il faut une vie équilibrée entre les efforts physiques et les efforts psychiques. J’ai eu beaucoup d’idées en pédalant, j’écrivais dans ma tête, je n’ai pas pris de notes, je sais que les phrases et paragraphes reviendront. Je ne m’inquiète pas. Je me sens bien. Fatiguée et heureuse de l’être. Ce que j’ai produit, pendant ces deux mois, depuis la sortie de Scrivener 3, le guide qui va sortir le 2 février, personne d’autre que moi ne l’a fait. Il est mon ouvrage, le fruit de mon travail. En plus, je suis la première Française à écrire un livre sur Scrivener 3, comme je l’avais fait pour Scrivener for iOS. C’est bon pour le moral.
Hier, je pensais au réveil être trop fatiguée pour travailler encore. C’est souvent dans ces cas-là que j’en fais le plus, une fois l’instant de découragement dépassé.
En descendant au bureau, j’ai vu que Smashwords avait accepté le guide dans le Catalogue Premium. Il serait donc publié chez Apple, Kobo et toutes les librairies numériques en contrat avec la plateforme de Los Gatos. Cela voulait dire que mes paramétrages de compilation en .doc avec Scrivener 3 étaient bons et remplissaient toutes les conditions d’exigence du catalogue. J’ai alors décidé de publier le module des tutoriels anglais, en permafree, en introduction à l’apprentissage du nouveau logiciel.
Là, au moment de remplir la fiche d’enregistrement du livre sur le site de Smashwords, j’ai vu que ma couverture, bâclée pour le PDF envoyé aux bêta-lecteurs, ne remplissaient pas les conditions demandées par Smashwords. Je l’ai copiée, mise sur clé USB, branchée au vieil iMac de 98, le premier iMac de l’histoire d’Apple, qui me sert toujours. J’ai ouvert Photoshop, la version antique aussi, 4 je crois, j’ai converti la taille (1400 px de large) et la définition de l’image (300 dpi). La couverture a été acceptée sans façon par Smashwords.
J’ai fait un mail à Adam, mon cher graphiste, pour lui dire que j’avais besoin de sa pâte ou de sa patte professionnelle pour harmoniser cette couverture avec les précédentes. Il était d’accord. Je passerais commande après une virée à vélo devenue vitale pour aller voir la mer et prendre l’air.
J’ai publié le module des Tutoriels anglais, sans problème avec les paramètres enregistrés dans mes Formats sur Scrivener 3, et j’avais fini à 11:29. Il était temps de partir. Je m’arrêterais à Kergroës pour prendre un sandwich et de quoi grignoter à Trenez. Il faisait beau, mais des nuages commençaient à obscurcir le ciel. Facebook m’avait avisée que la pluie arrivait et que je devais rester à l’abri !
Après avoir fait quelques achats au Proxi de Kergroës, que j’aime bien parce qu’il est à échelle humaine, j’ai tourné sur un chemin évitant la remontée après le tournant de la route de Trenez. Je restais sur le haut de la courbe de niveau, en trottinant parfois pour ne pas descendre de vélo, c’était praticable.
J’ai vu la mer. Toujours un choc dans le plexus solaire. Puis j’ai senti l’odeur particulière de la terre des champs alentours, du varech et des embruns. Arrivée au-dessus de « l’île des marches » comme l’appelait Samson dans son dessin au rotring et laque sur Canson, j’ai discuté avec une dame à cheveux gris qui remontaient la côte venant du parking de la plage, à pied, en tenant son vélo à la main. Elle n’habite Moëlan que depuis deux ans et découvre aussi la commune à vélo. Parfois elle attache son vélo à un poteau, comme j’allais le faire pour le mien, et continue à pied sur les sentiers côtiers. Je ne suis pas encore assez entraînée pour en faire autant. Elle a des jumelles et observe les Glenan, où elle est allée en avril dernier avec un naturaliste, une sortie pour l’observation du narcisse des Glenan, que je devrais faire moi aussi, pour revoir le site important d’un épisode de ma jeunesse, avec Simone Morand et ses enfants.
Nous nous reverrons peut-être au fil de nos virées à vélo. Elle habite près de Kergroës. J’étais heureuse de voir que je ne suis pas seule à faire ce genre de sortie en intimité secrète avec la nature à l’heure où les gens mangent chez eux. C’est stimulant.
Je voyais les nuages s’accumuler sur la mer, il était temps que je mange mon picnic. Je suis restée en haut, sans descendre sur la plage sud à l’abri du vent d’ouest, sur un banc dédié à la mémoire de Jennifer Lewis, 1941-2014. J’ai eu une pensée de paix pour elle. J’avais pris des photos d’en haut, la mer avait des nuances de bleu et de vert incroyables. Les vagues rugissaient. De mon banc, je voyais l’île du dessin de Samson et je rendais grâce à mon grand homme de me permettre de mieux voir le monde grâce à son œuvre. Des cormorans palabraient sur un rocher plein ouest où les vagues venaient se fracasser. Ils ne bougeaient pas, là où nous aurions été balayés comme fétus de paille dans le vent de fin de moisson.
J’ai mangé mon sandwich poulet-crudités, puis des abricots secs. Je retrouvais les habitudes que j’avais autrefois quand, à la même saison dans un chalet de montagne à Bogève en Haute-Savoie, pendant la saison des crêpes sur le bord des pistes, je partais faire des randonnées à ski de fond avec les chiens, Brasses le bouvier bernois et Reine, la grande pyrénéenne. Finalement, j’avais toujours fait du sport. C’est sans doute ce qui m’a sauvée.
Toute ma vie, sauf quand j’étais petite fille, où j’avais fini par être dispensée de gym, ce qui me rassurait bien, car j’étais terrifiée de toujours faire perdre mon équipe quand on faisait un relais. Maintenant, je pense que je pourrais en battre pas mal ; à l’époque c’était mon angoisse de faire perdre les autres. Une des raisons qui m’ont inscrite dans la solitude.
Entre le yoga depuis l’âge de 16 ou 17 ans à l’internat de Paris, suite à la lecture d’une fiche dans le Journal Elle, les séances quotidiennes de gymnastique dans une salle des Champs Elysées, quand je travaillais chez Balmain, Courrèges ou Féraud, les séances dominicales à la piscine de Pontoise, puis plus tard, du tir à l’arc et un peu de course à pied, quand le jogging n’existait pas encore et toujours, chaque été, les longues séances de nage dans la mer depuis que j’étais revenue au pays, je n’avais jamais cessé de m’exercer dès que ma santé me le permettait. Au moins, chaque matin, je faisais quelques asanas de yoga.
Certes, je n’avais jamais fait d’entrainement sportif. Mais j’avais gardé l’habitude de faire des efforts, ce qui m’a bien servi plus tard, quand j’ai décidé de restaurer et entretenir seule mon domaine, entreprenant mes Travaux d’Hercule. Le vélo, je l’avais pratiqué à Saint-Leu-la-forêt autrefois, comme moyen courant de déplacement, qui nous était coutumier et nous menait parfois en bande dans des virées post-baccalauréat jusqu’à l’église d’Auvers et son cimetière où reposaient Vincent et Théo van Gogh, un des premiers lieux de ma reconnaissance artistique, une de mes premières prises de conscience de mon besoin d’expression littéraire.
Mais le moment où j’ai décidé de reprendre un vrai entraînement physique a eu lieu il y a presque deux ans.
Je venais d’avoir 70 ans après une maladie pulmonaire assez grave dont j’étais sortie affaiblie, sans muscles, sans élan. Je me suis dit que je ne pouvais pas rester comme ça, sinon j’allais vieillir trop vite. Je voyais des gens décliner quand ils ne faisaient plus assez d’exercice., réduisant les efforts et les activités. Je ne suis pas bonne marcheuse. Je me fatigue trop vite. J’aime mieux courir ou pédaler et bien sûr nager. J’ai alors décidé de reprendre mon vélo que je prenais de temps en temps pour faire quelques courses au bourg voisin de 3 km et aller me baigner dans un port non loin à 3 km aussi. Je ne pensais pas pouvoir faire plus de 6 km par jour.
L’été de mes 70 ans, j’ai passé trois semaines à Plœmeur en Morbihan à garder le petit chat de mes enfants en vacances. J’avais emporté mon vélo pour reprendre un entraînement physique plus conséquent que ces allers-retours au bourg ou à la côte. J’ai découvert la commune à vélo. Du centre-ville où je séjournais, je rayonnais de tous les côtés. Mes buts étaient simples, j’avais envie d’aller me baigner, c’était l’été indien de septembre, et de découvrir des mégalithes. Munie des cartes de l’office du tourisme, et de l’application Cyclometer, pour avoir une idée des kilomètres parcourus, j’ai arpenté les chemins de traverse de Plœmeur, le plus souvent vers la mer. J’ai découvert que je pouvais faire bien plus que 6 km par jour, puisqu’il m’arrivait d’en faire trois fois plus et que j’étais en pleine forme ! J’écrivais le guide Scrivener plus simple pour iPad et iPhone avec une belle allégresse.
De retour chez moi, j’ai pensé qu’il serait intelligent de ma part d’explorer de la même façon ma propre commune à vélo. Comment n’y avais-je jamais pensé plus tôt ? Et j’ai commencé à me perdre dans les chemins creux. A Cyclometer, j’ai ajouté l’application Strava.
J’ai conquis une bonne santé que je n’avais jamais eue avant, qui enchante mon amie médecin, quand elle me voit arriver en tenue de cycliste à l’une des deux visites médicales annuelles auxquelles je me soumets depuis ma décision de rouler régulièrement à vélo. Je lui ai dit que je refusais d’avoir une vie médicalisée comme celle de trop de mes contemporains dépendants. Je ne suis plus en ALD, je respire bien. Certes, je reste asthmatique chronique. Je prends un traitement suffisant pour me permettre une vie normale. J’évite les réunions et les risques microbiens. Je ne saute plus au cou des gens comme une vieille médaille. Je vis mieux qu’en aucune autre période de ma vie.
Si Robert Marchand, le champion du monde cycliste qui vient d’arrêter sa carrière à 106 ans, avait commencé la sienne à 67 ans, à l’heure où ses « contemporains s’arrêtaient, commençaient à jouer aux cartes et à décliner », je pensais que la mienne, commencée à 70 ans, ne me mènerait sans doute pas aussi loin que la sienne, mais me permettrait des découvertes que jamais je n’aurais pu faire en restant assise dans une auto à voir le monde de loin en passant rapidement.
Je n’essaie pas de battre des records. J’essaie juste de dépasser mes limites. Un peu plus chaque jour. Chaque sortie est un émerveillement. Je roule dans la beauté du monde. Et j’écris, comme je l’avais promis à Vincent et Théo à Auvers… J’avais 14 ans. Je suis restée fidèle aux rêves et espoirs de ma jeunesse.
Quelques gouttes de pluie ont commencé à tomber comme je repartais. Un grain passait. J’ai pris des chemins sous le couvert des arbres pour rentrer. Quand j’ai roulé sur la route, j’ai apprécié la visière que mon réparateur de vélo avait ajusté sur le casque que je lui achetais en guide de cadeau de Noël : la pluie ne tombait pas sur les lunettes. Progrès subtil.
Les primevères fleurissent déjà sur les bords du chemin. Après un hiver de tempêtes, le printemps se prépare dans le secret de la terre.
Les performances de l’application Scrivener App sont bien plus importantes que celles des applications d’écriture que j’ai eu l’occasion de tester et d’utiliser pendant mes quatre ans de tablettes et smartphone Android. Aucune commune mesure.
Après la perte douloureuse de mon MacBook en 2011, je m’étais retrouvée sur tablette Android et j’avais testé tout ce qui était disponible sur Google Play en français comme en anglais. J’en avais conservées trois payantes, ce sont mes outils de travail et je trouve normal de rétribuer des développeurs au dur labeur. Il m’en fallait toujours plusieurs pour travailler à peu près correctement.
Si j’avais été abonnée à Word, enfin à Office 365, j’aurais bénéficié de l’application Word pour Android, mais je n’avais pas les moyens de payer des abonnements professionnels de 99 € chaque année.
Pour écrire mon journal de vie et mes cahiers de chantier, j’utilisais Write.
Write:Tablet Notepad pour Android
Quand j’écris, je n’ai pas envie d’être dérangée par des barres dans tous les sens avec des icônes innombrables, je veux ne voir que ma page et mon texte.
Write avait le mérite d’être simple, avec une interface sobre, permettant de se concentrer sur l’écriture, sans distraction. L’application était synchronisée avec Dropbox, tout s’enregistrait automatiquement. Mais j’ai quand même perdu du texte le jour où ma sixième tablette s’est arrêtée d’un coup et n’a jamais voulu repartir. La synchronisation n’avait pas eu le temps de se faire.
Pour corriger
Pour corriger les textes, j’en ai corrigé pas mal, mes anciens cahiers des années 60 et des romans de jeunes auteurs, j’utilisais deux applications réputées.
Après installation de Doc To Go Free, j’avais installé la version professionnelle
Docs To Go Premium Key
Aucune ne me suffisait à elle seule. J’avais toujours peur de perdre du texte. Il fallait attendre trop longtemps le chargement des textes, au point que je suis devenue un peu cardiaque (plus les messages d’alerte sur le mobile Android, je suis devenue presque parano, moi qui suis une émerveillée de la vie par nature !). Et jamais je n’aurais tenté de publier quoi que ce soit à partir des fichiers de la tablette, je n’arrivais déjà pas à publier d’articles sur mon blog !
Pour noter
Simplenote pour noter les idées premières
Simplenote est une application gratuite, qui fonctionne avec son propre système de nuage et permet une très bonne communication entre tous les systèmes, Mac, Pc, Android et iOS. Je la garde pour mes recettes de cuisine, entre autres.
L’ensemble des trois applications payantes avait dû me coûter entre 25 et 30 euros, bien plus que ce que coûte actuellement l’application Scrivener pour iOS, qui fait tout ça à elle seule et bien plus encore, ce sera l’objet de mes prochains articles sur ce blog.
En fait, ScrivenerApp fait le boulot des quatre applications dont j’avais besoin sur mes tablettes Android pour noter, écrire et corriger mes textes, lorsque je n’avais plus de MacBook ni d’outils Apple récents.
ScrivenerApp le fait mieux, tout en restant léger. Il est très facile de noter quelque chose dans une page de l’application sur l’iPhone, même sur un petit écran de 4” comme l’est celui de mon iPhone 5c un peu ancien.
J’ai aussi remarqué que je préférais relire une page pour en voir les erreurs et les corriger sur l’iPhone que sur l’iPad, sur le notebook PC ou même sur l’écran de l’iMac, où je ne vois plus les défauts tant l’écran est grand.
L’iPhone n’affiche qu’une page à la fois et on voit tout de suite ce qui ne va pas.
Capture d’écran d’une page d’iPhone5
Est-ce à dire que je corrigerais tout un livre sur l’iPhone ? Je n’en sais rien. Je vous tiendrai au courant des possibilités diverses ou des obstacles rencontrés.
Scrivener application sur AppStore
L’application Scrivener pour iOS est disponible sur l’AppStore au prix de 19,99 €, utilisable sur iPad et iPhone, synchronisable avec les versions de bureau pour Mac et PC.
Belles écritures !
Gaelle,
10 septembre 2016
Plœmeur
Glossaire
Pour différencier les deux versions de Scrivener, j’appelle Scrivener la version bureautique fixe et ScrivenerApp la version nomade pour iPhone et iPad.
Écrire au lit (le passage du papier au numérique) article actualisé le 3 janvier 2017
Un article de Chris Simon repassé sur Twitter me fait me poser des questions sur ma propre pratique de l’écriture dans le lit, comme elle l’explique en donnant des exemples d’écrivains célèbres, dont Colette et Proust, les inspirateurs de ma jeunesse asthmatique et diariste.
Aussi loin que je me rappelle, je me revois écrire mon Journal dans mon lit. Sans doute parce que j’étais très malade et que les crises d’asthme nocturnes m’obligeaient à rester au lit dans la journée. Je lisais donc aussi dans mon lit et prenais des notes dans mes cahiers.
À la lecture de l’article de Chris Simon et des commentaires écrits à sa suite, dont celui de Charlie Bregman, qui écrit sur tablette, sur son canapé ou dans son lit, je réalise que j’ai continué à écrire dans mes cahiers même après être passée sur ordinateur Macintosh en décembre 1993. À l’époque, les ordinateurs de bureau étaient conséquents, bien que mon LC III avec son unité centrale de type » boîte à pizza » eût été un des plus petits du marché et le moniteur relativement peu encombrant.
Avant le Mac, j’écrivais sur une petite machine à écrire électrique, Underwood, que j’avais depuis les années 80. Je tapais mes mémoires pour la fac de Vincennes depuis 1969 sur une machine à écrire portable et j’avais déjà commencé la saisie des premiers cahiers par ce biais dès les années 70.
Je n’avais jamais eu l’idée d’écrire mon journal quotidien sur ce support, utilisé pour rendre des devoirs ou des articles quand mon professeur de Droit en Libertés Publiques de la fac de Vincennes, Maître Serge Fuster, dit Casamayor, m’a fait entrer à la revue Esprit en novembre 70 pour mon premier article sur le Festival de Wight 70, Rien que pour ça.
Mon Journal a subi des périodes de grande vacuité. Quand j’ai fait le récolement en 2009, j’ai constaté que ces périodes correspondaient à celles où je vivais en couple, quand mon écriture était moins libre de ses gestes. Comme ma vie d’ailleurs !
À quel moment ai-je changé de support d’écriture du journal ?
Dès 1995, je me suis abonnée à Compuserve et j’ai commencé à échanger des mails avec quelques correspondants encore rares. Les recherches sur le grand réseau qui commençait à s’étendre sur la planète ont remplacé la compulsion d’ouvrages nombreux.
Très vite, j’ai pris l’habitude de mémoriser sur écran, en commençant à écrire des pages de sites Web. Je me suis formée en 1996 en faisant venir des États-Unis le logiciel Adobe PageMill 1.0, puis la version 2.0, avec le logiciel de gestion de sites entier Adobe SiteMill.
Je n’ai pas tenu mon Journal pendant cette période, sans doute parce que je faisais part de mes conceptions, de mes soutiens ou de mes chocs sur mes sites internet, d’abord sur le club-internet dès que cela a été possible en France, fin 96, puis sur Wanadoo et Neuf, enfin sur free.fr.
C’est donc beaucoup plus tard, sept ans, que j’ai eu besoin de reprendre un cahier pour écrire mes pensées, pour reprendre rendez-vous avec moi-même, pour faire le point sur ma vie, souvent chaotique.
Une date mémorable, le 11 juillet 2005, le matin du jour de la naissance de mon premier petit-fils, comme si j’avais pressenti un changement de vie personnelle, alors qu’il ne devait naître qu’à la mi-août.
Le Journal a été timide au début. Je ne savais plus écrire sur papier au stylo. Mais j’éprouvais le besoin de garder en mémoire les actions que j’exerçais sur mon domaine, dont le jardin devenait un parc au fil des travaux que j’y faisais, stimulée par des amis qui m’apportaient de nombreux plants, fleurs, arbustes, arbres.
J’avais lu dans une revue de Jardinage héritée de mon jeune frère paysagiste, mort en 97, qu’une jardinière anglaise avait écrit un livre, dont j’avais mémorisé le titre : We Made A Garden. Depuis, j’ai lu son livre sur mon Kindle, il s’agissait de Margerie Fish dans son domaine d’East Lambrook Manor dans le Somerset anglais à partir de 1938, qui a lancé la mode du jardinage particulier, du Do It Yourself, comme nous le pratiquons désormais. J’ai eu envie de suivre son exemple sans l’avoir encore lue, tenir un Journal de jardin me semblait une nécessité pratique. Une amie m’avait offert Une année à la campagne de Sue Hubbel, qui m’a aussi bien inspirée. Je nous trouvais bien ridicules, mes amies et moi, avec nos petits travaux de jardinage par rapport à elle qui bûcheronnait dans sa montagne américaine sauvage des Monts Ozacks dans le Missouri, près de ses abeilles, avec son gros camion et sa grosse tronçonneuse thermique pour abattre des arbres. Grâce à elle, j’ai osé ensuite me mettre à abattre moi-même les arbres de Kerantorec et à gérer mon bois de chauffe. Mais dans des proportions plus raisonnables pour mes forces, une tronçonneuse électrique et des scies japonaises.
J’avais lu Colette bien sûr, dans ma jeunesse, Flore et Pomone en particulier, ses fabuleuses descriptions de plantes et jardins avaient été une inspiration constante, restée enfouie et ne demandant qu’à se réveiller au contact de ma réalité environnementale. Et Proust m’accompagnait depuis les années 60, chaque printemps revenait le souvenir des haies d’aubépines de Combray, premier signe de renouveau sur la campagne.
Dehors, je laissais le jardin me guider, m’inspirer, m’initier aux mystères de la nature. Dans mon cahier, je voulais être pratique, ne pas faire de littérature, ne pas prendre la pose, ne pas me regarder écrire. Mais très vite la littérature a repris ses droits, car elle reste ma meilleure référence, ma source inépuisable de connaissances. En écrivant, presque chaque jour, le style revenait, s’affinait, se précisait.
J’ai donc écrit dans mes cahiers au fil des travaux. Puis la vie aussi a repris ses droits, avec ses exigences, ses découvertes, ses enthousiasmes, parfois ses énervements ou ses rancœurs, vite cicatrisées grâce à l’analyse, au recul et à la relativisation que permet le Journal quotidien.
J’écrivais toujours dans mon lit, comme je lisais toujours dans mon lit, l’endroit où je peux être le plus confortablement installée en grande paresseuse qui sait économiser ses forces, sans doute parce que des années durant le moindre geste pouvait être source de souffrance et d’angoisse.
Alors, quand donc ai-je commencé à écrire sur un ordinateur portable ?
Il ne me serait pas venu à l’idée de me mettre au bureau devant le gros moniteur de mon deuxième Mac, un PowerPC 860, pour confier mes écrits personnels à un fichier. Pourtant j’écrivais facilement des pages Internet et jamais, au grand jamais, je n’ai connu l’angoisse de la page blanche. Depuis 96, quand j’avais un sujet à traiter, je me mettais devant le Mac, j’ouvrais Adobe PageMill et les idées venaient toutes seules pour travailler un sujet ou défendre une cause, car nous vivions alors l’Internet démocratique et citoyen, avant que les Marchands du Temple ne s’en emparent à l’aube du nouveau millénaire, en l’an 2000, où j’ai vu changer l’esprit des débuts et s’afficher sur nos écrans des publicités grossières.
L’outil crée la fonction
Je crois que c’est le MacBook qui a suscité l’envie de tenir mon Journal sur informatique. En août 2008, trois ans après avoir repris le journal en cahiers papier, je suis passée à l’écriture numérique. Et le Journal a pris une autre dimension.
Sans doute parce que tout de suite, comme Charlie Bregman le dit, j’ai pu écrire sur mon canapé d’abord, puis dans mon lit, sur un support que j’ai construit aux bonnes dimensions. Maintenant je suis bien installée, comme Colette au Palais Royal, sur mon radeau, avec parfois la chatte à côté de moi.
La vieille chatte m’a quittée le 4 mars 2016. Son esprit veille encore sur les lieux.
J’ai abandonné les cahiers papier après avoir trouvé le bon logiciel pour écrire sans souci sur le MacBook : MiLife pour Mac (il n’est plus supporté hélas, par son créateur).
Et ce fut un vrai drame quand j’ai perdu le MacBook lors d’un naufrage à la tisane le jour funeste du 2 mars 1911, la veille de mon anniversaire, horrible cadeau. Un drame castrateur, dont je ne me suis remise qu’en 2015, quand j’ai pu le désoxyder avec un kilo de riz.
Quatre ans de traversée de désert sans publication
J’ai essayé pendant quatre ans de remplacer le cher MacBook par des tablettes. Il m’a fallu en écumer sept, sans jamais parvenir à travailler normalement. Heureusement, oui, je pouvais y écrire mon Journal, sur l’application Write pour Android, avec un clavier bluetooth pour être plus confortable. Mais jamais je n’ai pu aller au-delà de la simple prise de notes, jamais je n’ai réussi à bloguer à partir de la tablette en cours, malgré mes nombreux, très nombreux, trop nombreux essais de mise en forme et publication. Jamais je n’étais satisfaite comme je l’avais été avec le MacBook. Une perte de temps abominable.
Sept tablettes Android ont tenté en vain de remplacer le travail sur MacBook ou sur iPad en quatre ans.
J’ai toujours craint de perdre mes fichiers, malgré les sauvegardes, malgré tous les tuyaux que, vieille routarde du Web, je connais bien, parce que je suis toujours prête à tester de meilleures solutions, pour être plus efficace. J’ai même racheté en urgence une nouvelle tablette Cube parce que j’avais perdu un pan de journal quand la première s’était arrêtée comme ça, sans prévenir, au bout d’un an. La deuxième était moins performante malgré ses specs (spécificités) bien plus avancées. Les tablettes, c’est beau, ça a de la gueule même parfois, mais c’est juste un décor, il n’y a rien de fiable à l’intérieur et je suis navrée qu’Android devienne un standard, c’est de l’argent gaspillé en pure perte.
J’y ai quand même corrigé quelques centaines de pages, les miennes et celles d’un auteur ami. Mais j’en suis restée là, je n’ai rien mis en forme, rien publié, pendant quatre ans. J’avais eu des PC entre les mains, prêtés par des ami(e)s, qui tentaient de m’aider à remplacer mon MacBook. Mais là encore, ça n’a rien à voir. Aucune ergonomie. Des hiérarchies lourdes, fastidieuses, il faut cliquer trois ou quatre fois, là où un clic de Mac suffit. Et trois clics de plus pour chaque manipulation au bout d’une journée, ça fait beaucoup de clics surnuméraires, épuisants, pour les doigts, les mains, les bras, de vrais freins à l’expression de la pensée. Bref, c’était démotivant.
L’eMac 2004 a permis la saisie confortable des 15 000 pages des cahiers entre 1960 et 2008.
Pendant cette traversée du désert, j’ai continué la saisie des cahiers sur l’eMac 2004, très confortable pour une frappe informatique aux kilomètres, 15 000 pages quand même. Mais je n’ai jamais eu l’idée d’y tenir mon Journal. Trop de distance entre le texte et mon cerveau. Le clavier de bureau met de la distance. La position assise droite et rigide met de la distance.
Or l’écriture doit jaillir de l’inconscient, comme le dit Chris Simon, et la position allongée est la plus adaptée pour laisser l’inconscient se révéler, selon les indications de Freud pour la cure analytique. Tenir son journal procède d’ailleurs pour moi de la cure analytique au quotidien. Cette cure a le mérite d’être gratuite, efficace et de ne déranger personne autour de soi…
Écrire au lit avec Scrivener sur un MacBook
Aussi quand j’ai retrouvé l’usage miraculeux du MacBook, j’ai immédiatement repris la position de l’écriture inconsciente, assise dans mon lit, les jambes allongées, le cerveau connecté au clavier et à l’écran, au plus près du texte.
Maintenant j’écris mon journal avec Scrivener et je gère tous mes projets d’écriture avec Scrivener.
Tenue du Journal sur la version Scrivener de bureau pour Mac
Depuis que j’ai retrouvé le bonheur d’écrire dans mon lit sur un Macbook en prenant d’abord des notes sur un iPad 1, j’ai repris confiance pour la publication de certains écrits, une confiance que j’avais perdue avec les PCs et les tablettes. Quand je vois tout ce que j’ai écrit et publié en quelques mois depuis mars 2015, je me dis que rien ne vaut d’écrire dans son lit, mais sur un MacBook avec Scrivener et un iPad avec Simplenote et SimpleMind+. Car l’iPad a remplacé aussi la tablette Android, pour de grands avantages, plus de stabilité, jamais de plantage, une bonne ergonomie, un clavier fluide et rapide, des recherches sur le Web sans attente…
Écrire au lit est toujours une promesse de bonheur avec soi-même
Écrire dans mon lit implique maintenant d’écrire sur un Macbook et un iPad. C’est comme être connectée directement à mon cerveau, il n’y a aucune distance entre la pensée et sa saisie. Et au moins, je n’ai plus besoin de recopier ce qui était avant écrit sur papier.
Écrire au lit est comme une respiration bienfaisante. Ce n’est jamais une fatigue ni une corvée, c’est plutôt une relaxation qui me donne le sentiment d’exister. Je me dis que j’ai au moins fait ça dans ma journée, tracer quelques lignes noires sur une page blanche…
Écrire au lit est toujours une promesse de bonheur, un petit moment passé avec moi-même, loin de l’agitation du monde, au plus profond de l’essentiel, à la recherche de la quintessence du sens de la vie.
***
Ferai-je un article de cette longue réflexion matinale induite par la relecture de l’article de Chris Simon, l’Américaine parisienne qui a écrit Lacan ou la boite de mouchoirs ?
Je crois, puisque je passe de Scrivener à WordPress en deux ou trois clics.
Et voilà !
Belles écritures !
Gaelle
Kerantorec, 14 avril 2016
Post-Scriptum du 3 janvier 2017
Depuis cet article, j’ai eu le bonheur de pouvoir acquérir de vrais outils de travail d’écritures quotidiennes, l’iPad mini 4 et l’iPhone 5c. Je continue donc plus que jamais à écrire dans mon lit, surtout en hiver. Le résultat est d’une grande efficacité.
Gaelle Kermen est l’auteur de Scrivener plus simple, le guide francophone pour Mac, 2016.
Une valeur sûre : depuis sa sortie, le guide est en tête des meilleures ventes dans les catégories Logiciels, Bureautique et publication, Informatique et Internet, sur Amazon comme sur Apple. Il remplit donc sa mission d’aide à l’écriture et à la publication pour les auteurs et les éditeurs francophones.
Depuis mars 2011, je n’ai plus de MacBook, je n’interviens donc plus dans la blogosphère ni sur les réseaux sociaux. Je pensais survivre difficilement à une telle perte, car j’ai le cerveau à fleur de clavier.
J’ai survécu à ce drame.
Certes j’avais la lecture sur Kindle en compensation et j’ai dévoré 250 livres électroniques en 13 mois, mais le Kindle n’est pas une tablette permettant de taper du texte et bloguer tranquillement. C’est un outil de lecture qui nourrit mon cerveau avec allégresse, mais ne remplace pas un MacBook.
J’ai quand même fait beaucoup de choses, que je n’eusse sans doute pas pris le temps de faire aussi intensément si j’avais eu le MacBook : comme ranger ma chaumière de fond en comble, retrouver quelques trésors, réaménager mon bureau, construire quelques meubles, refaire ma chambre, un coin cuisine et la salle de bains. J’ai pris des notes dans mon cahier de chantier afin de les publier, un jour, quand je serai dans la période « cahier de chantier à publier ».
J’ai quand même à la maison un bel eMac vintage qui me permet de tenir mon journal, car sans cette respiration naturelle de l’écriture quotidienne, là vraiment je meurs…
autoportrait flou en soie féraud 70
J’ai donc continué à saisir mes cahiers de l’année 70 et en lisant la description d’une robe du soir en crêpe de Chine imprimé de Per Spook, que j’avais taillée dans une chute récupérée à la boutique Louis Féraud, où je travaillais pendant mes études à la fac de Vincennes, j’ai réalisé que j’avais conservé de nombreux modèles de l’époque des cahiers.
En effet, j’ai à peu près trente ans de mode et haute-couture dans mes garde-robes. J’ai tout photographié après avoir remis en état, par ravaudage les vêtements, par cirage et recollage les sacs, ceintures, souliers et accessoires. Les photos illustreront les articles de blog que je pense faire pour compléter les livrels déjà publiés et ceux qui sont en attente de publication ou de saisie.
J’ai aussi bien travaillé sur la correction des premiers cahiers saint-loupiens et parisiens. Sur mes cinquante ans d’écriture en cahiers, les années 60 sont disponibles en cinq ebooks, Au Loin un Phare, Le Vent d’Avezan, Le Soleil dans l’Oeil, Aquamarine 67, Les Maquisards du Bois de Vincennes, et une compilation du texte de tous les cahiers, sans commentaire, Journal 60(les liens donnés ici permettent d’acquérir tous les formats de liseuses à votre convenance).
Si je peux reprendre ce mois-ci la gestion de mes blogs, photos, vidéos, ou intervention sur Facebook, Twitter, c’est que je suis venue à Toulouse passer les fêtes avec mes filles, je squatte leurs MacBook et iMac. Chez moi en novembre, deux amis m’avaient prêté leur netbook ou PC portable, j’ai pu parer au plus pressé, mais leurs outils sont sans commune mesure avec les Macs. J’ai de meilleurs moyens d’expression dès que je remonte le disque dur de mon défunt MacBook sur un des Macs de mes filles, avec la simple suite iLife, iPhoto et iMovie, ou Bento pour les bases de données.
Je vais donc patienter pour pouvoir m’offrir un MacMini l’an prochain et l’iPad dans deux ans, c’est tout ce que mon très petit budget me permet de prévoir… tant que mes droits d’auteur sont confidentiels sur Amazon, Apple, Sony ou Smashwords, mais quand tout le monde sera équipé d’une liseuse ou d’une tablette, mes livrels trouveront leur public… ;-)
J’ai pu bloguer un peu récemment.
Deux articles sont sur mon blog de voyages hentadou :
J’ai évidemment encore beaucoup de choses à gérer, quelques photos à télécharger sur ma galerie Flick pro, des vidéos à monter sur iMovie et à mettre sur YouTube, mais que de bonheurs en perspective à partager avec vous qui me lisez.
Je vous souhaite un très beau solstice d’hiver 2011 et de belles fêtes de Noël chaleureuses, où que vous soyez dans le monde, avec mes meilleures vibrations.
Je vous souhaite de recevoir une liseuse pour Noël ;-)
Gaelle
livres lus sur le Kindle mi octobre 2011 en 13 mois
Grand ménage à Kerantorec. Je vide mes étagères, placards, armoires, je sors des vieilles revues, des disques, des pièces de costumes bretons et je les vends ce jeudi 14 juillet 2011 au Troc et Puces de Kergroes en Moelan-sur-Mer, route de Kerfany, de 9h à 18h.
GPS: 47.8135044, -3.6297042
Née en 1946 en Bretagne sud, France, Gaelle Kermen a reçu à Paris de 1964 à 1972 une formation en philosophie, sociologie et droit aux universités de la Sorbonne, Droit-Assas et Vincennes-Paris-8.
Portrait de Gaelle Kermen par Ana Le Doze-Samson, 2010
L’internet et Gaelle Kermen, une belle aventure humaine
Gaelle Kermen est une pionnière du Web depuis 1995 dès les débuts sur Compuserve, alors que rien n’existe encore en français, considérant qu’il faut s’impliquer en tant qu’auteur, pour que le Web ne reste pas anglophone.
Elle publie son roman de jeunesse Aquamarine 67 en février 1997 sur son premier site internet du Club-Internet, puis sur ceux de Wanadoo et Free (archives de 1997 à 2009.
Elle ouvre une des premières boutiques en ligne francophones (chronodynamie.com, service en gestion du temps) dès mars 1998 sur un serveur américain implanté en Europe, ce qui permet de lever l’interdiction française de cryptage des données, réservé encore aux militaires.
Le réseau de l’Internet a bien évolué depuis les débuts. Désormais Gaelle Kermen blogue sur WordPress, selon ses sujets de prédilection : chantiers maison et jardin, voyages, écriture.
Elle expérimente les réseaux sociaux comme une expérience sociologique et une discipline quotidienne d’écriture, dans les statuts Twitter de 140 signes et les profils Facebook en 420 signes.
Fidèle d’Apple™ depuis 1992, elle rêve d’avoir un iPad®, dont l’innovation lui parait une révolution aussi importante que lui apparaissait celle de l’Internet en 1995, alors que peu de gens y croyaient et se formaient à ce changement de comportements.
Pour l’instant elle a un Kindle®, qui lui permet de voyager avec tous les grands auteurs de l’humanité, elle retrouve ce que Barthes appelait Le Plaisir du Texte en lisant près d’un livre par jour et elle corrige ses livrels avec une précision inégalée jusque là.
Lorsque Amazon ouvre sa plate forme d’édition numérique aux auteurs et éditeurs non anglophones le 18 janvier 2010, elle publie immédiatement Aquamarine 67 sur ce support de diffusion dès le 20 janvier. Elle s’y sent un peu seule comme auteur francophone, étant entourée de gens éminents certes, mais tous morts, comme Verne, Hugo, Dumas, Racine, Corneille, Zola…
Aussi lorsque Steve Jobs présente l’iPad la semaine suivante, elle décide d’être présente sur ce support révolutionnaire dès les débuts. Grâce à l’éditeur numérique Mark Coker, créateur de Smashwords Inc, le pari est tenu (pour l’instant sur l’iBookstore US, UK, CA, DK mais non FR, IT, etc).
Les oeuvres sont publiées sans DRM (Digital Rights Management ou bloquage désagréable des fichiers numériques). La publication des oeuvres en numérique permet de les rendre accessibles de tous les pays du monde. Leur bas prix les met à la portée de tous. Enfin, Gaelle Kermen reste propriétaire de tous ses droits. Matriarche bretonne de 64 ans, elle apprécie de n’avoir de compte à rendre qu’à ses lectrices et lecteurs.
Relation directe de l’auteur au lecteur
L’auto-édition est une notion courante chez les anglo-saxons (Indie Authors) mais peu crédible en France, où on se laisse empeser par des structures que l’on croit immuables, alors qu’elles sont obsolètes. Gaelle Kermen fait le pari de l’indépendance des auteurs. Elle appelle les auteurs francophones à investir le réseau en sortant des chemins balisés pour de nouveaux paradigmes, de meilleurs droits et une meilleure relation avec le lectorat, but premier de l’écriture.
Gaelle Kermen écrit sur la vie, le rythme des saisons, la politique, l’histoire du monde, les technologies qui améliorent la vie des êtres vivants, la littérature, la musique, la peinture, le jardin, le travail du bois ou du chanvre, pour la construction d’un cadre de vie permettant l’épanouissement de chacun en harmonie avec le monde qui le porte.
Gaelle Kermen, 64 ans, vit en ermite sur un domaine en Bretagne qu’elle restaure et entretient volontairement seule. Elle y écrit ses cahiers (1960-2010) et reste connectée au monde par internet et les réseaux sociaux. Elle fait le choix de ne publier ses écrits qu’en mode numérique.
Villemagne, 31 aout 2010
Ce matin, j’ai précommandé le Kindle Wi-Fi, d’Amazon : de 139 dollars, la note arrive à 156 euros avec la livraison et les taxes de douane, ce qui augmente de 50 euros ce que j’avais prévu. Mais c’est un investissement professionnel. Il m’est nécessaire de lire mes textes en cours de correction sur un outil de lecture numérique. Quand je pense que lors de la publication d’Aquamarine 67 sur la plate-forme digitale d’Amazon le 10 janvier dernier, je n’étais même pas capable de lire mon texte directement car il n’existait pas encore d’application Kindle for Mac… j’avais dû attendre d’un lecteur le rapport sur la présentation de mon livre. Amazon a bien avancé depuis.
Toulouse 10 septembre 2010
Le Kindle d’Amazon va être livré la semaine prochaine, il est actuellement en préparation ! Formidable. J’ai vraiment hâte d’avoir cet objet en poche lorsque je fais des petits trajets ou des haltes, car je ne veux plus porter des choses lourdes mais j’ai encore besoin de lire.
Toulouse 14 septembre 2010
Mon Kindle d’Amazon a quitté le Kentucky hier dans l’après-midi et voyage en ce moment par UPS. Il est supposé arriver demain. Mais je serai à Villemagne et devrai attendre de revenir à Toulouse. Je ne pouvais pas savoir la date de livraison, lors de la précommande du 31 août il était question du 17 septembre. Impeccable. Voilà qui va donner un autre angle de vue à ma vie. Dans la cohérence de mes écrits.
Toulouse 16 septembre 2010
Chez Coralie, rue Arnaud Bernard, j’ai fait livrer le Kindle à son atelier où il y a toujours quelqu’un.
J’ai pris en main le Kindle, rien à voir avec un produit Mac et quand on est habitué à l’ergonomie si évidente des magnifiques produits Apple, on ne peut qu’être déçu. Mais le Kindle est à la portée de ma bourse actuelle, alors que l’iPad ne l’est pas encore. Mais il est sûr que j’aurai un iPad pour voyager, sans une seconde d’hésitation, et il me servira pour lire dans mon lit quand je serai à la maison.
En attendant, un bon point pour le Kindle, c’est bien pratique pour lire en mangeant, il n’y a pas besoin de tenir les pages… Je sais, ce n’est pas bien de lire en mangeant et jusqu’ici je ne le faisais jamais, appliquant la maxime de Montaigne : quand je mange, je mange, quand je lis, je lis. Je sens que là ça va être possible de lire en mangeant, à condition de ne pas avoir les doigts trop gras en cliquant sur la page pour en changer…
Comme je veux utiliser cet outil en voyageant léger, je rentre en avion par Ryanair avec un seul bagage cabine de moins de 10 kilos, je n’ai pas commandé l’adaptateur de recharge de la batterie. Le cable USB livré a permis une charge très rapide de la batterie.
Toulouse 17 septembre
Premières impressions : c’est un outil vraiment moche quand on est habitué à naviguer sur Mac depuis 18 ans. Il est peu ergonomique : on a envie de toucher l’écran mais rien ne se passe, donc il faut taper sur un clavier qui date d’avant la guerre de 14.
Puis on s’y fait.
Léger : 240 g.
Peu encombrant, la taille d’un livre de poche en plus fin.
Ca se connecte en Wi-Fi et hop j’ai téléchargé Aquamarine 67 à toute vitesse.
Hier au restaurant avec Mélanie on cherchait le sens d’un mot, j’avais le Kindle, on l’a trouvé tout de suite sur le dictionnaire anglais livré sur l’appareil.
Ce matin, je viens de m’offrir le luxe (gratuit) de télécharger tout Proust, tout Platon, tout Tolstoï et en bonus, Les Poésies du troubadour Peire Raimond de Toulouse que j’irai lire sur un banc de l’Hôtel d’Assezat, très bientôt… Oui, chacun son luxe !
Donc ce sera un bon outil que j’aurai toujours en poche dans mon manteau dès que je sortirai de chez moi…
Toulouse 18 septembre
J’ai trouvé une pochette Nike à Decathlon pour porter tous mes appareils numériques, GPS, appareil photo Canon, Kindle et j’ai été tout de suite plus à l’aise pour circuler. Chaque appareil a beau ne pas peser lourd, j’avais près de 800g dans mon manteau et je le trouvais lourd.
Toulouse 20 septembre
Déplacement à la campagne. Dans le métro, à l’aller comme au retour, j’ai lu dans le Kindle. En attendant une amie, j’ai lu aussi et je l’ai testé au grand soleil de septembre. Impeccable. Pas fatigant du tout. J’ai fini une nouvelle tirée des Soirées de Médan d’Emile Zola, en PDF, le soir j’ai commencé les Poésies du troubadour Peire Raimon de Toulouse, en occitan traduit et publié dans les années 1912-1920. Très beau texte.
Je sens que déjà j’aurai du mal à me passer de cet outil de lecture si pratique.
Villemagne 22 septembre 2010
Je peux désormais voyager léger et lire dans le train sans problème.
Je suis très excitée par cette nouvelle expérience.
Je me trouve dans la situation d’il y a deux ans quand je décidais de passer mes cahiers en écriture numérique exclusive sur le MacBook en abandonnant les cahiers papier, trop lourds, bien que très beaux, lisses et odorants, pour ne plus taper que sur le clavier du MacBook pour collecter mes notes et idées.
Maintenant tous mes livres seront lus sur le support électronique du Kindle Amazon. Je viens de finir un de mes derniers livres papiers trouvés chez Ana : de Ken Follet, Les Piliers de la Terre, j’y ai pris beaucoup de plaisir par la joie de me retrouver dans l’Angleterre de l’époque de la guerre de succession entre Etienne de Blois et l’impératrice Mathilde, les deux étant les ancêtres d’Edwina de C., ainsi que leur successeur Henry II, époux d’Aliénor d’Aquitaine.
J’y vois le même symbole de changement de civilisation. A cette époque les livres ne se présentaient pas du tout comme nous les connaissons et le savoir était réservé aux clercs. L’imprimerie a démocratisé la circulation des idées comme le support de lecture numérique peut bouleverser la donne aujourd’hui.
Villemagne 24 septembre
Il y a déjà le bonheur de lire tout simplement avec aisance, facilité, concentration. Comme je ne le ressentais plus depuis un certain temps.
L’an dernier au retour du voyage en Hollande, j’avais eu besoin de vivre dans « la haute note jaune » décrite par Vincent van Gogh. J’avais ressorti ma collection des livres de Proust qui me suivent depuis mes 18 ans. J’avais tout relu, dans l’ordre chronologique d’écriture, pas celle de l’édition, celle de l’expression de l’auteur. De Jean Santeuil en passant par les Plaisirs et les Jours et Contre Sainte Beuve avant d’aborder la troisième lecture de La Recherche du Temps Perdu. J’avais enfin à me mettre sous la dent, ou plutôt sous les yeux, un matériau à la hauteur de mes attentes d’une vibration tonale puissante et conséquente. Impossible de lire ce que je trouvais à ma portée, arrivant de la bibliothèque ou prêté par des amis, dans les récentes parutions à part quelques ouvrages anglo-saxons que je lisais dans le texte original mais dont les traductions me retombaient des mains.
C’est ainsi d’ailleurs que je suis tombée sur le Journal 1988 de Renaud Camus qui a aussi comblé mon attente d’un texte digne de ce nom. Après Proust, c’est tout ce que je pouvais lire, les autres exemplaires de publications récentes n’ayant laissé aucune trace dans ma mémoire et coûtant beaucoup trop cher pour leur contenu.
J’éprouve la même intensité de vie, de découverte, d’espérance, que lors de ma période d’exigence de changement de vie de l’été 2009, quand j’ai décidé de reprendre la saisie des cahiers pour les publier, lorsque j’en ai fait la priorité absolue de la fin de ma vie, suivant les injonctions reçues de Vincent et Théo van Gogh sur la tombe d’Auvers pour la valorisation de l’oeuvre de Samson et mes devoirs de collectionneuse et celles reçues de Marcel Proust dans la salle du Musée d’Orsay pour la publication de mon oeuvre personnelle, gardée au secret depuis cinquante ans.
J’éprouve la même intensité de lecture avec le Kindle tel que je l’ai ménagé selon le terme de Montaigne qui me plait mieux que la traduction littérale de management employé en général pour faire style comme dirait Ana.
Je l’ai depuis une semaine et déjà j’y ai ai lu plusieurs ouvrages que je n’eusse pas lus si je m’étais contentée de lire ce que je trouvais en papier. Certes j’ai fini avec bonheur Les Piliers de la Terre de Ken Follet trouvé chez Ana en rangeant ses documents en vue du déménagement de la semaine prochaine. Ce sera sans doute un de mes derniers livres en papier. Je sais déjà que je n’en achèterai plus, comme je ne conçois plus un seul instant d’acheter le moindre CD de musique alors que je peux tout télécharger directement sur mon MacBook et sur mon Kindle. Je n’ai jamais acheté de CD-Rom ni de DVD car j’étais déjà sur internet lorsque ces outils sont sortis et ces déluges de papier et plastique manufacturés d’une forme destinée à imiter les livres m’ont toujours parus factices et trop peu rapides eu égard à la rapidité de réaction de l’internet tel que je le pratiquais déjà. De plus ils étaient beaucoup trop chers pour mon budget alors que je pouvais trouver des logiciels en ligne bien plus abordables, la plupart du temps sur des sites américains.
Qu’ai-je mis sur mon Kindle ?
J’y ai téléchargé tout de suite des auteurs à la hauteur de celle de mon cher ami Marcel Proust. Des auteurs qui, comme lui, ont balisé mon chemin d’apprentissage du monde et de réflexion personnelle, comme Tolstoi et Shakespeare, que l’on retrouve dans mes carnets dès le début, Tolstoi dont j’ai lu Guerre et Paix l’été de mes 15 ans et Shakespeare que j’ai eu le privilège de voir monté par Peter Brook au Théatre des Nations dès mes 16 ans et joué par la Royal Shakespeare Company et dont je garde au coeur des références inégalables.
J’ai téléchargé sur mon Kindle environ 120 ouvrages du domaine public en plus de mon édition numérique d’Aquamarine 67 d’Amazon de janvier 2010. Et mon ego est satisfait de voir mon livrel entre ceux de Emmanuel Kant et de Ruddhyar Kipling quand j’opère un tri par auteur et entre Anna Karenine de Tolstoi et As You Like It de Shakespeare.
J’y ai aussi téléchargé en le convertissant dans Calibre mon premier volume des cahiers 01 Le Vent d’Alezan et je suis heureuse de le trouver en tête juste au-dessus de A La Recherche du Temps Perdu… On a les satisfactions qu’on peut. Moi cela me met en joie et me tonifie l’esprit pour continuer le travail de corrections en cours.
En une semaine, j’ai donc fini les 1000 pages papier du livre de Ken Follet, qui me passionnait puisqu’il décrit le monde des ancêtres d’Edwina et Audrey, vu du point de vue d’un moine et de maçons ou tailleurs de pierre bâtisseurs de cathédrale. Mais j’ai lu aussi plusieurs ouvrages numériques. Chaque fois que je dois attendre quelque part, je le sors de mon sac, acquis pour lui, la mise en oeuvre est simple, je le garde en veille, il affiche alors un portrait en gris d’écrivains et se réveille d’une simple poussée pour afficher la dernière page de lecture en cours. Impossible donc de perdre sa page et l’avancée de la lecture me laisse voir ce qui reste encore à lire, en pourcentage et en pointillés.
J’ai lu la lettre de bienvenue de Jeff Bezos dont la teneur me plait beaucoup, j’en ai gardé la fin en citation pour l’utiliser dans un article. Car on peut copier des citations et écrire des commentaires qui restent conservés sur mon compte Amazon mais que je peux récupérer aussi quand je connecte le Kindle au MacBook.
J’ai lu d’abord en anglais le mode d’emploi puis en français.
J’ai beaucoup butiné dans les ouvrages téléchargés pour en reflairer la teneur et j’ai commencé la vérification de mon texte Le Vent d’Avezan en vue de le corriger sur l’original, ce qui était le but premier de mon acquisition de cet outil : voir comment mon lectorat pouvait lire mes textes destinés à la publication numérique.
Mais j’ai aussi fini quelques titres.
J’ai donc lu Les soirées de Médan de Zola et ses amis, Maupassant, Huismans, Céart, Hennique et Alexis. J’ignorais tout de ce livre, j’ai découvert le monde de la guerre de 70, à l’époque de la naissance de Proust. Je me sens plus riche depuis. J’ai lu àmon petit-fils Noé en anglais la nouvelle de Michelle de Villiers, éditée sur Smashwords, sur les trois animaux qui ont voyagé dans la première Montgolfière et atterri dans le parc du château de Versailles à la cour du roi Louis XVI, à l’époque où l’ancêtre d’Edwina était encore Comte d’Artois.
J’ai lu intégralement hier soir le troisième volume du Guerrier de Lumière de Paulo Coelho, je ne suis pas fan de ce genre de lectures pourtant populaires, car j’ai toujours l’impression qu’on enfonce des portes ouvertes, mais j’apprécie l’attitude de l’auteur qui met ses textes en libre disposition sur internet. Et Guerrier de Lumière m’évoque un certain tableau d’Yves Samson, Guerrier sur le Chemin.
J’ai lu aussi Adolphe de Benjamin Constant, classique restée dans les oubliettes des bibliothèques qu’il m’est arrivé de fréquenter, chez mes parents, chez moi ou ailleurs. Voici une lacune de comblée.
J’ai commencé la lecture des Poésies du Troubadour Peir Raimon de Toulouse, d’une grande beauté. Où aurais-je trouvé ce texte du 13e siècle traduit et publié en 1912 et 1920 ?
J’ai commencé celle de La Reine Margot d’Alexandre Dumas père que je n’avais jamais lu et qui prend pour moi un relief particulier puisque je connais maintenant l’histoire des ancêtres d’Edwina. Henri IV est un de mes préférés et mes ancêtres protestants ont sans doute été concernés par la Nuit de la Saint-Bartélémy.
Une semaine après ma prise en main du Kindle, reçu en quarante huit heures des Etats-Unis, après quinze jours de précommande, je peux affirmer que jamais plus je ne pourrais vivre sans cet outil de lecture qui apporte à mon cerveau exigeant de la matière noble.
Ce soir, je suis prête à reprendre ma lecture sur le Kindle, je veux finir Adolphe de Benjamin Constant que je ne me rappelle pas avoir jamais lu de ma vie. Je crois que je vais dévorer comme lorsque j’étais petite fille, aujourd’hui j’ai lu sur le divan, puis dans le train, puis dans le métro. J’ai eu un joli sourire de la jeune femme en face de moi quand elle m’a vu remettre simplement le Kindle dans la poche de mon manteau à la descente de la station Saint-Cyprien-République.
Toulouse 26 septembre 2010
J’étais trop contente, trop fière de télécharger des dizaines de livres du domaine public, les derniers étant les textes de John Ruskin sur ses voyages en Italie, dont Venice’s Stones ou Mornings in Florence.
Et puis, soudain, le Kindle n’a plus été connecté. Or ce n’est pas parce que j’ai téléchargé une centaine de livres que ce dernier est rempli puisqu’il doit permettre plus de 3000 livres.
J’ai voulu regarder ma liste de livres, dans Home, en cliquant d’abord sur un PDF que j’avais déjà lu et là j’ai eu un message disant que la fonction de lecture des PDF n’était pas encore implémentée alors que jusqu’ici j’ai pu lire plusieurs livres sous ce format.
J’ai essayé de revenir à d’autres livres, j’ai eu un écran blanc avec en haut le Dictionnaire Oxford. J’ai voulu ouvrir d’autre livres déjà lus ou que je venais de télécharger, toujours un écran vide avec en haut dans la barre le premier titre de la bibliothèque : Adolphe de Benjamin Constant.
J’ai essayé de revenir au Menu à Settings pour redémarer comme cela m’était conseillé sur le premier écran, mais je n’ai pas trouvé cette fonction Restart. J’ai changé de page et j’ai cliqué sur La fonction Réseaux sociaux Manage et là ça a gelé. J’ai éteint manuellement et redémarré le Kindle mais il est revenu à un écran vide avec le titre Settings sans mouvement.
J’ai éteint et rallumé et depuis je n’ai qu’un écran blanc comme lorsque le Kindle est éteint.
J’ai connecté le Kindle au MacBook, sans que le Kindle monte sur le bureau et qu’aucun écran ne s’affiche comme cela se faisait habituellement quand il charge sa batterie.
La batterie était à moins de sa moitié.
J’avais téléchargé plus de 200 livres.
J’avais aussi quelques fichiers de musique MP3.
Je viens d’envoyer mon rapport à Amazon sur le Kindle Support.
Toulouse 24 septembre suite tout remarche !
J’ai rechargé la batterie. J’ai plusieurs fois activé le bouton en bas et finalement tout s’est remis en place. C’est donc une question de batterie, qui semble tenir moins longtemps que ce qui est prévu car sur la semaine j’ai passé deux jours à Villemagne sans Wi-Fi.
Donc je suis heureuse d’avoir transmis cette expérience délicate pour rassurer les personnes qui auraient le même problème.
Tout est bien qui finit bien ! Je peux continuer ma route avec le Kindle dans ma poche…
On the road again…
27 septembre
La réponse d’Amazon ne s’est pas fait attendre : la mise à jour du système est recommandée pour éviter les problèmes que j’ai rencontrés hier matin.
Néanmoins, il me semble que la batterie ne tient pas aussi longtemps que ce qui en est dit sur les modes d’emploi. Je ne me connecte donc en Wi-Fi que lorsque je veux télécharger de nouveaux livrels. Et Amazon me propose d’autres titres du Domaine Public proches des auteurs que j’ai déjà téléchargés, retrouvant le bonheur de lire ou relire mais en anglais cette fois des livres qui ont enchantés mon enfance de 8 à 12 ans comme Fenimore Cooper, Jack London ou Mark Twain et tous mes classiques francophones. L’horizon est infini.
Dans le bandeau de mon blog gaellekermen.net, j’ai écrit : eWriter une autre conception de l’écriture .
Une autre ecriture #1
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit, dès huit ans, dix ans, quatorze ans. J’ai gardé mes cahiers et carnets à partir de 14 ans, l’année 1960, à mon arrivée de Bretagne à Paris. J’ai toujours su qu’un jour je les publierai.
J’avais l’impression que je n’avais pas ma place dans le monde de l’édition parisienne, cotoyée un temps quand j’ai été chroniqueur littéraire à France-Culture en 1970. J’avais arpenté alors les grandes maisons qu’étaient (sont encore pour combien de temps ?) Gallimard, Grasset, Le Seuil, Robert Laffont, il y en avait une cinquième recommandée par mon directeur d’émission au Panorama Culturel de la France, je l’ai oubliée.
Je n’ai pas fait long feu dans ces milieux, ni de l’Edition ni de la Culture. J’étais trop extraterrestre pour des gens qui campaient sur leurs acquis et s’accrochaient à leur privilèges, appliquant le système de la « reproduction » des « héritiers » formulé par Bourdieu et Passeron, ce dernier ayant été mon directeur de maîtrise de socio à la Fac de Vincennes-Paris VIII en 1972.
Plus tard, l’été 1995, quand nous avons ressorti de la cave mes archives, »sous l’oeil du soleil, à la face du monde », comme disent les Druides, j’ai retrouvé le manuscrit d’aquamarine 67, écrit ces années-là. Mais que je n’avais pas jugé bon de montrer alors à Michel Polac dont je partageais quelques nuits. Il était pourtant critique littéraire et animait l’émission Post-Scriptum.
En 1995, j’ai tenté d’envoyer à quelques éditeurs des extraits papier du macuscrit, des extraits seulement parce que je n’avais pas les moyens d’imprimer un manuscrit complet, avec une disquette comprenant la version Word, dont je savais que c’était le format exigé par les éditeurs. J’avais ajouté un format eBook sur HyperCard, car je croyais déjà au livre numérique.
Les réponses reçues étaient atterrantes de banalité, genre « n’entre pas dans nos collections » etc. Je n’ai pas insisté. Je ne pouvais pas payer plus de frais postaux que je ne l’avais fait. Mes ressources étaient consacrées à nourrir mes enfants, que j’étais seule à élever, et à conserver un toit, toujours menaçé de saisie. J’avais dû supprimer tout ce qui n’était pas indispensable à notre survie, dont le téléphone et la voiture.
Par contre, j’avais un ordinateur Mac, un LCIII, acheté avec une rentrée d’argent imprévue, la liquidation par la Société Rannou de Quimper d’actions achetées par mon grand-père dans les années 20, revenant à ses petits-enfants.
Internet commençait à arriver en France, par Compuserve. J’ai fait remettre le téléphone pour aller sur internet. J’ai su tout de suite que j’y serais plus à l’aise que dans un monde où je me sentais toujours en décalage, parlant des années à l’avance de choses que les gens autour de moi ne pouvaient même pas imaginer.
Mon amie Martine Moore, peintre à Arles, qui a inspiré le personnage d’Hélène dans Aquamarine 67, m’a dit alors que déjà, au Pot de Fer, je leur parlais d’une base de données qui serait mondiale, où on irait chercher les informations dont on avait besoin.
Le moment arrivait enfin. Je participerais à cette nouvelle aventure de découverte d’une terrae incognitae.
Sur ce nouveau support, j’ai écrit des centaines et des centaines de pages.
Et je n’ai plus jamais éprouvé le besoin d’être éditée sur papier.
Pourquoi ?
Parce que j’avais des lecteurs, enthousiastes dès que j’ai publié aquamarine 67 sur mon premier site, intéressés par ce que j’exprimais dans mes nombreuses pages. Des lecteurs qui savaient bien me le dire, ce qui me soutenait bien lors des quelques découragements qui parfois m’ont saisie devant les difficultés matérielles ou morales.
Alors qu’est-ce qui fait l’écrivain ?
Le support en papier ?
Son contenu ?
Le fond ou la forme ?
C’est le lecteur.
Pas l’éditeur.
La seule chose qui compte, après qu’on ait écrit, c’est d’être lu.
A défaut d’être éditée, j’ai toujours été lue. Sur internet.
A l’occasion des Trente ans de l’Auberge de Montfa fêtés aujourd’hui, 1er mai 2010, je publie mes notes bibliographiques, écrites lors de la lecture des deux tomes de TROUS DE MEMOIRE de Benoist Rey, qui refait là-bas sa fameuse recette de « Tête de Veau sauce Benoist« .
Ma base de données bibliographiques Bento (FileMaker) a les champs suivants :
Date de création TITRE Auteur Editeur Lieu d’édition Pages Type de livre Appréciation Prix Origine ISBN Mots-clés Taille Année d’édition Langue
10 déc. 2009 LES TROUS DE MEMOIRE tome 1 Benoist Rey les éditions libertaires 17 St-Georges d’Oloron 160 autobio 12€ bibli Montfa Jean-Yves 2-91-4980-24-8 guerre d’Algérie, Egorgeurs, livre, 14 x 21 cm 2006 française
Premier tome des trous de mémoire, son enfance et sa jeunesse à Paris, sa guerre d’Algérie, ses engagements, ses amitiés, ses rencontres.
J’ai eu l’occasion de croiser deux de ses amis : le dessinateur-auteur-acteur Roland Topor lors d’un vernissage en 66 ou 67, boulevard Saint-Germain à Paris (c’est peut-être dans aquamarine ou dans mes cahiers ?) et l’éditeur-écrivain Jacques Vallet, que j’ai vu récemment à Kerandrege, village voisin du mien, et à qui j’ai permis de retrouver ses articles inédits des années 70-80 écrits sur Atapi en code ascii, en leur mettant simplement l’extension .TXT.
Le monde est petit. Mais ces gens sont des grands. Un jour, ils feront partie des classiques, comme l’ont été les écrivains de la Beat Génération, la génération avant eux, aux Etats-Unis, étudiés désormais dans les Collèges et les Universités. Respect.
Le style de Benoist est rapide, morcelé, comme l’a été sa vie. Pas de temps en digression, il va à l’essentiel. Son témoignage sur la guerre d’Algérie sera sûrement un classique. A lire.
Jacques Vallet va m’apporter les articles de Benoist Rey publiés dans sa revue Le Fou parle.
Ces deux livres sont précieux, ils sont dédicacés de la main de Benoist Rey. C’est Jean-Yves Baduel qui me les a confiés, ils les a trouvés dans la bibliothèque de l’auberge, immense. Il tenait à ce que je les lise au cours de mon séjour à Villemagne en décembre 09, car il était impressionné que j’aie pu lui fournir autant d’informations sur « son » auberge après qu’il m’eût téléphoné pour me demander comment il pourrait en retrouver l’histoire. Je pensais à une histoire ancienne, en fait l’histoire avait trente ans. A suivre…
10 déc. 2009 LES TROUS DE MEMOIRE tome 2 Benoist Rey les éditions libertaires 17 St-Georges d’Oloron 160 autobio 12€ bibli Montfa Jean-Yves 978-2-914980-50-0 guerre d’Algérie, Egorgeurs, livre, 14 x 21 cm 2006 française
Ce second livre est non moins précieux puisqu’il est dédicacé à Pierrot, celui qui a repris l’auberge en l’an 2000, jusqu’à la céder à Jean-Yves, dit Le Chat, cet automne 2009. Ce tome est entièrement consacré à l’histoire de l’auberge de Montfa en Ariège que Benoist Rey a créée et fait tourner du 1 mai 1979 à l’an 2000.
Moi je vais déjà retenir une table pour la Tête de Veau sauce Benoist que Benois Rey viendra lui-même faire ce jour-là à l’auberge. C’est dans le contrat de gérance. Beau programme. Et le 1 mai 2010 fêtera les trente ans de l’auberge.
C’est l’Ariège vers Daumazan, moins montagneuse que la nôtre, celle du Bosc au-dessus de Foix où j’ai eu mes deux filles aînées avec Jean-Claude Portet. Nous sommes arrivés dans la région à un ou deux ans de décalage.
Ce n’est pas tout à fait ainsi que nous avons vécu l’Ariège, même si beaucoup de gens des communautés avoisinantes passaient aussi chez nous. Et les travaux d’Hercule incessants entrepris par Benoist sont à l’opposé de mon défi de tout reconstruire seule, en ermite, mon domaine breton.
Le résultat doit être très différent, puisqu’il y a une piscine, un centre culturel etc. Jamais à court de projets, d’idées, de coups de gueule, de libertés, le Benoist !
J’aime beaucoup « La supplique aux cochons » qu’il a élevés et sacrifiés pendant son séjour à Montfa. Tout est pantagruélique chez Benoist et j’aime ça, cette force de vie qui passe par l’art du bien manger et bien boire des grands vins. J’aime beaucoup ce qu’il a écrit dans le train Toulouse-Paris pour sa maman qui allait mourir. Jacques Vallet avait publié ce billet dans le Fou parle.
L’autre jour Jean-Yves, en me remettant le livre, me disait, après avoir parlé de Jacques Vallet et moi avec Benoist Rey au téléphone :
—Tu vas sûrement retrouver des gens que tu as connus.
Lecture faite, non : Benoist est né en 1938 comme mon frère aîné Youennick, qui a fait la guerre d’Algérie (et en a aussi été transformé à vie). Nous ne sommes pas de la même génération. Je suis née en 46, après la guerre. La seule personne du livre que j’ai connue est Dominique Maurin en 71, quand je faisais des reportages pour France-Culture, lorsqu’il jouait avec Annie Duperey au Théâtre de le Ville à Paris La guerre de Troie n’aura pas lieu de Giraudoux. Dominique est à Montfa au moment du suicide de son frère Patrick Dewaëre et c’est Benoist qui le lui annonce.
Tout ceci me donne encore plus envie et courage de saisir mes cahiers car j’y retrouverai toutes les notes de mes rencontres parisiennes.
Et bien sûr j’attends avec impatience le mois de mai pour rencontrer en vrai un personnage aussi charismatique que Benoist Rey.
L’auberge est reprise par Jean-Yves Baduel, dit Le Chat, qui est un cuisinier, un chef, d’une grande culture générale. En admirant et respectant l’esprit fondateur, il donnera à l’auberge sa propre dimension personnelle, non moins charismatique.
Post Scriptum : je n’ai pas pu descendre en Ariège pour cette date et ne suis donc pas des leurs en ce jour mythique mais je le suis par la pensée et le cœur. Et par ce modeste « post » ou @rticle.
Un deuil rétroactif
Patrice Cournot a traversé ma jeune vie en 1965, alors que je passais des vacances dans le Gers, à Saint-Clar. Son influence sur ma conception du monde et l’évolution de mon style d’écriture a été essentielle. Il est le héros de mon livrel Le Vent d’Avezan #02 1965-66 et reste une référence dans les cahiers suivants de 1966 à 1969 : Soleil dans l’Oeil et Maquisards du Bois de Vincennes. Cet hommage a été écrit sur le vif quand j’ai appris sa mort.
Chateau d'Avezan soleil levant le 24 juin 2010
Kerantorec, 28 avril 2010
Depuis hier soir, je suis bouleversée d’avoir appris, trois ans plus tard, la mort d’un amour platonique de jeunesse :
Patrice Cournot (juin 1942- avril 2007), avocat à Paris, écrivain : Le Jour de Gloire, Gallimard, NRF, 1963, Le Bonheur des autres, La Table Ronde, 1972, Le retour des indiens peaux-rouge, Edite, 2000. Recherche sur Amazon.com.
Patrice avait consacré trente ans de sa vie à la restauration du château d’Avezan, dans le Gers, voisin de celui de l’écrivain diariste Renaud Camus, à Plieux.
Je me proposais de revoir Avezan, que j’ai connu en ruines, lors de mon prochain Voyage dans le Sud.
Certaines personnes marquent des tournants décisifs. Patrice avait influencé mon écriture, comme l’avait fait son oncle Michel Cournot (1er mai 1922- 8 février 2007), critique de cinéma et de théâtre, au Nouvels Obs et au Monde.
La suite de la saisie de mes Cahiers saint-loupiens sera d’autant plus prégnante. Je m’étais arrêtée là, juste avant la rencontre à Saint-Clar l’été 65… Comme si j’avais peur de me replonger dans cette malheureuse histoire entre trois personnes.
Le retour à Avezan, fin juin 2010, sera particulièrement émouvant.
Ici le lien d’une video, que je ne peux pas encore regarder, je sens que je vais me mettre à pleurer.
Video de Louis Lacroix, Québec, Canada (1990)
Post Scriptum du 29 avril 2010
J’ai fini par regarder la video, vers minuit, avant de m’endormir. Je n’ai pas pleuré, même en reconnaissant Patrice, d’abord dans le car des jeunes québécois venant restaurer le château, puis lors de l’ouverture du XXe chantier d’Avezan, l’été 90, ni lorsqu’il parle après une fête et fait référence aux voisins.
J’ai même été heureuse de le revoir aussi semblable à celui que j’avais connu en septembre 1965.
Etonnant. La même tête, la même silhouette, la même voix.
La voix métallique comme une lame.
Il fait d’ailleurs référence à une lame dans ses paroles sur le château.
J’ai aussi reconnu le château, la grande salle où nous faisions des fêtes entre jeunes en vacances au village de Saint-Clar et aux alentours.
Et la région, les toits, les champs, l’horizon, de la belle Lomagne.
Alors je suis rassurée. Un tel homme ne peut pas tout à fait mourir. Il reste en chacun de nous qui l’avons rencontré. Il reste un peu de lui dans cette video touchante. Il reste dans mes Cahiers saint-loupiens, que je pourrais presque appeler les Carnets Cournot, tant il y est présent. Il reste dans ses écrits. Et dans le château. En paix.
Le retour à Avezan a été particulièrement émouvant fin juin 2010
Jean-François Cournot, photographe, amateur d’art contemporain, fils de Michel Cournot, et sa femme Nicole Cournot d’Esparbès, m’ont reçue avec ma fille en leur Maison d’Hôtes La Garlande, sur la place de la Halle. Jean-François m’a parlé et parlé de Patrice. Il a fait ressurgir le passé, celui que j’avais enfoui dans mes cahiers, mais que je n’osais pas vraiment regarder en face, tant la lettre de Patrice était restée brûlante en moi. C’est seulement au retour de Saint-Clar que j’ai pu affronter mes souvenirs de Patrice, tels que je les avais notés au fil des détresses, pour les mettre en forme, les publier en hommage à l’homme exceptionnel qu’il était et qui m’a marquée à vif.
Mathieu-David Cournot, chef opérateur de cinéma, fils de Patrice Cournot, m’a autorisée à visiter le Château d’Avezan au solstice d’été 2010. Je l’en remercie.
Le retour à Avezan en 2010 a été si fort que pendant trois mois je n’ai rien pu écrire, ni publier de photos, mise à part celle de l’arrivée au château au soleil levant du 24 juin 2010.
Pour l’instant, j’ai du mal simplement à relire la lettre que m’avait écrite Patrice. Alors, j’attendrai un peu. Peut-être écrirai-je vraiment Celui qui Passe ? Je sais que tout n’a pas encore été dit.
J’ai été méprisée par Patrice. Je n’ai pas eu le beau rôle dans cet ouvrage. Pourtant, 45 ans plus tard, je ressens son mépris comme un honneur qu’il me faisait.
Qu’aurions-nous pu bâtir ensemble, nous qui avons consacré chacun de notre côté, trente ans de nos vies à restaurer, lui le château d’Avezan, de l’apanage d’Aliénor d’Aquitaine, moi la chaumière de mes ancêtres, cultivateurs bretons ?
Mon ebook Le Vent d’Avezan #02 1965-66 est sur mon histoire platonique avec Patrice Cournot. Il lui est dédié ainsi qu’à son oncle Michel Cournot.
Patrice Cournot (juin 1942- avril 2007), avocat à Paris, écrivain : Le Jour de Gloire, Gallimard, NRF, 1963, Le Bonheur des autres, La Table Ronde, 1972, Le retour des indiens peaux-rouge, Edite, 2000. Recherche sur Amazon.com.